Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

177 ! »

SEG1 ENOT CLAUDE ; — SEGUIN (JÉROMEj

1780

que reste-t-il à faire à l’absolution ? » Elle n’est plus « qu’un acte judiciaire, par lequel le prêtre déclare, non simplement, mais avec autorité de la part de Jésus-Christ, que les péchés sont remis ». I'. 129-130. La première affirmation exige plus que ue demande le concile de Trente ; la seconde, bien que corrigée un peu plus loin : i Encore que dans l’acte de la contrition, les péchés soient remis, c’est toujours par rapport à l’absolution », p. 131, est excessive elle aussi. Or, Richelieu, dans son Catéchisme avait enseigné la suffisance de l’attrition excitée par la seule crainte des peines, et la manière dont le 1'. Seguenot avait parlé de la contrition l’avait blesse personnellement. D’aucuns disent aussi qu’il voulait écarter le confesseur du roi, le F. Caussin, qui profitait de la même doctrine pour donner des scrupules à Louis XIII et faire remplacer le trop puissant ministre. Voir Batterel, Mém. domestiques, t. ii, p. 183.

Par 55 voix contre 38 « la Faculté de Paris déclare le 1 er juin les propositions téméraires et erronées, « commencement de servitude… sous les ordres du cardinal », dit Batterel, p. 182. Richelieu presse le F. de Condren d’exclure l’auteur de la congrégation : « Si le F. Seguenot est coupable, faites lui son procès », répond celui-ci, ibid., p. 49. Four ne pas faire passer l’opinion d’un particulier pour la doctrine de tout le corps, la maison de Paris fait le 3 juin une déclaration à laquelle adhère le F. de Condren, alors à Orléans près de Monsieur, frère du roi, 16 juin ; le 18 juillet le F. Seguenot rétracte ses notes dans une lettre fort humble au P. Joseph.

Pourquoi alors Richelieu s’obstine-t-il dans son injuste sévérité? « Il paraît trop évident, dit H. Breinond, que des raisons d’un autre ordre ont exaspéré la fureur doctrinale du cardinal. De celles qu’on apporte, une seule me paraît sérieuse, à savoir que, par de la Seguenot, Richelieu a voulu frapper SaintCyran. Le procès des mystiques, p. 220. Depuis longtemps, il voulait en finir avec cet inquiétant personnage contre lequel il n’avait encore que des présomptions insuffisantes pour sévir. Il manda donc, pour se plaindre du livre et de son auteur, le P. de Condren qui lui fit « accroire que cet ouvrage devait bien plutôt être attribué à M. de Saint-Cyran qu’au P. Seguenot qui n’avait fait que lui prêter son nom ». Batterel, ibid., p. 175. Sans doute, il est possible de reconnaître dans les Remarques les idées chères à Saint-Cyran que Seguenot a pu rencontrer à PortRoyal sans le fréquenter spécialement ; il n’est pas possible d’admettre qu’il aurait jamais consenti à lui servir de prête-nom. L'échappatoire en tout cas ne réussit point, car le Père partagea le sort du trop célèbre abbé enfermé à Vincennes.

11. Bremond, après Moréri dans son Dictionnaire, pense assez justement « que les intérêts de l’attrition n'étaient qu’un prétexte et que Seguenot lui-même, auteur responsable du livre ou prèle -nom. n'était qu’un comparse i. Ibid., p. 221. Ce serait un incident de ce qu’il appelle le procès « les mystiques, que Richelieu conduisit avec vigueur, poussé en cela par le P. Joseph. Celui-ci se montra souvent préoccupé de la ((infusion possible entre la vraie et la fausse piété et la dénonçait aux filles du Calvaire. « Tous deux, dit Fagniez, se (lattèrent d’avoir étouffé au berceau l’illuminisme et le Jansénisme. Le /'. Joseph et Richelieu, t. i, Paris, 1894, 2 vol. in-8°, p. 59. Dès lt>27, l'Éminence urise avait mené rondement l’affaire des illuminés de Chartres et de Picardie ; en 1632, il fait mettre à la Bastille deux capucins « très sages en apparence el leur Imprimeur ; en 1634, il

fait enlever de Montdidier et conduire à Paris, malgré l'évoque d’Amiens, toutes les religieuses hospitalières qui ne paraissent pas avoir été bien coupables. Batterel

a sans doute raison de dire que c’est le P. Joseph « qui avait le plus mis le feu sous le ventre du cardinal ». Op. cit., p. 179. Le P. Bourgoing, qui était son parent et qui avait travaillé à changer l’ordre de Bastille, ne put rien obtenir. En 10-10 ou 1641, Jean-Pierre Camus fut menacé de la prison pour avoir écrit La défense du pur amour et Caritée. Voir Bremond, Procès des mystiques, p. 218 sq. En 1638, il n’y a pas encore de jansénistes : Arnauld et Saint-Cyran a appartiennent encore tous les deux au front théocentriste, où ils donnent la main, d’un côté au salésien Camus, de l’autre au bérullicn Seguenot ; et c’est contre ce front unique, le front, pour ainsi parler, du <> premier commandement », qu’est dirigée l’offensive de Sirmond et de Richelieu ». Ibid., p. 274. Peut-être qu’un peu moins de violence n’aurait pas autant favorisé

I éclosion du jansénisme après la délivrance et la mort de Saint-Cyran.

Après la sortie de prison.

i II rentra, dit

Richard Simon, dans la congrégation sans aucune flétrissure. » Op. cit., p. 330. Il devient successivement supérieur à La Rochelle, Clermont, Rouen, Tours, où il contribue comme confesseur à la conversion de l’abbé de Rancé, à Troyes ensuite ; est nommé enfin assistant a l’assemblée de 1661. Accusé faussement de jansénisme auprès du nonce, il est relégué par ordre de la cour à Boulogne, juillet 1662, avec les PP. du Juannet et Du Breuil. Une requête au roi du P. Senault l’en fait revenir en 1663 ; il est de nouveau nommé assistant en 1666, supérieur de la maison de Paris en 1667, préside en 1672 l’assemblée où est élu supérieur général le P. Abel de Sainte-Marthe et meurt très saintement le Il mai 1676 à l'âge de 80 ans.

II laissait en manuscrit une traduction latine du livre Des grandeurs de Jésus du P. de Bérulle qui n’a jamais été publiée.

Batterel, Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, t. II, Paris, 1903, in-S° ; Le P. Charles de Condren, p. 49, Le P. Claude Seguenot, p. 158 sq. ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux, t. iii, p. 325, 331, 425 ; t. vii, p. 113 ; t. viii, p. 272 ; t. x, p. 321 ; t. xi, p. 219-223, 225, 220, 2 : î2, 27 1 ; Fagniez, Le P. Joseph et Richelieu, Paris, 1894, t. ii, p. 1-59 ; Ingold, Supplément à l’essai de bibliographie oratorlenne ; Sainte-Beuve, Port-Royal, 2° éd., t. i, p. 336, 490 ; Richard Simon, llibliothéque critique, Amsterdam, t. ii, 1708, c. xxi, p. 324, acte de condamnation par les principaux de la COIlgrégal ion des Remarques sur le livre De la virginité ; c. xxii, p. 328 sq., Réflexions sur l’acte précédent et soi le livre/)? / « virginité.

A. Molien.

    1. SEGUIN Jérôme##


SEGUIN Jérôme, jésuite français (xvir* s.). — Né à Paris en 1607, frère du premier médecin de la reine, il entra dans la Compagnie en 1627 ; il professa la philosophie pendant six ans, la théologie dogmatique et morale pendant neuf ans. Il mourut à Paris en 1655.

La part qu’il prî t à la controverse sur la Fréquente communion lui valut une certaine notoriété. Après les élans oratoires du F. Nouét, après les réfutations et les attaques des PP. Lombard et Fclau, Seguin publia, anonyme, un Sommaire de la théologie d' Arnauld, 1613. En un style de bataille ( « ouvrage qui ne respire que le sang i, dit llermant, Mémoires, t. I, p. 280 ; « paroles de sang », écri' Arnauld dans son Apologie de SaintCyran, Œuvres, t. xxix, p. 186), il essayait de découvrir la conformité de la doctrine d’Arnauld avec celle de Saint-Cyran, établie d’après V Information de 1638. Il publiait pour la première fois les trente célèbres Maximes tirées de l’Information, dont l’authenticité a été si fort discutée. (Arnauld consacrera deux des quatre parties de)' Apologie de Saint-Cyran à une Réponse à l’extrait d’une Information prétendue, s’attaChanl à en prouver la fausseté ou tout au moins la déformai ion, et a la réfuter de point en point. Œuvres, t. xxix, p. 173-311 !.)