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    1. SCRUPULE##


SCRUPULE. REM ÈDES

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Parmi les causes morales « lu scrupule on peut encore citer la crainte excessive de la justice divine : Dieu nVsl plus considéré comme un père miséricordieux mais comme un juge sévère, etc.

Les causes intrinsèques, physiques et morales, sont parfois renforcées, par d’autres d’ordre extrinsèque, comme la fréquentation de scrupuleux, la lecture d’ouvrages de théologie ou d’ascétique écrits par des auteurs sévères ou les avis de confesseurs trop rigides, incompétents ou imprudents. Remarquons-le, ces dernières causes ne sont pas à négliger, car. en de multiples circonstances, elles sont à l’origine du trouble dont soutirent les âmes, t’u scrupuleux constitutionnel ou occasionnel doit tenir grand compte des causes qui sont généralement au point de dépari de sa maladie morale, sinon il risque de voir empirer son état et de subir de graves dommages.

III. Li : s EFFETS NÉFASTES DU SCRUPULE. — Les

dommages sont de deux sortes : ils sont temporels ou moraux.

1° Dommages temporels. Par l’influence néfaste qu’ils exercent sur le système nerveux et tout l’organisme, les scrupules fatiguent le corps, diminuent ses forces de résistance et nuisent parfois gravement à l'état de santé. La débilité nerveuse occasionnée est parfois si grande, que le sujet, tout en demeurant maître de lui-même, souffre d’une inconstance physique telle, qu’il sullit d’un simple accident pour amener non seulement la neurasthénie, mais des états morbides comme l’hystérie et l'épilepsie. En certains cas. plus rares il est vrai, si le scrupule porte sur tout ce qui relève de la conscience, la raison peut s’hébéter au point que le malade tombe en démence. Si l’objet des scrupules est moins universel et plus déterminé, les crises de monomanie ne sont pas inouïes.

Dommages moraux et spirituels.

Les forces spirituelles elles-mêmes sont aussi fréquemment ébranlées.

Le sujet, tourmenté par ses troubles et ses angoisses, se lasse souvent de poursuivre ses efforts dans la vertu. Se figurant qu’il est dans l'état de péché grave et donc ennemi du Seigneur, il risque de perdre tout espoir en celui qu’il en vient à considérer comme un juge trop sévère. Absorbé qu’il est par ses difficultés intérieures et sans cesse tracassé par elles, la prière lui devient de plus en plus difficile : dans la crainte où il est de s’unir mentalement à celui qui n’est plus entrevu comme le Père miséricordieux, l’oraison lui devient un véritable fardeau ; il en est de même de la réception des sacrements de pénitence et d’eucharistie.

Par ailleurs les scrupuleux qui n’obéissent pas à leur directeur, ou qui n’en ont point, exagèrent leur faiblesse, diminuent leur confiance à l'égard de Dieu et perdent ainsi peu à peu courage ; ils deviennent incapables de travailler utilement pour autrui et de remplir consciencieusement leurs devoirs d'état. Abandonnés à eux-mêmes, ils passent facilement d’un extrême à l’autre ; aujourd’hui ils s’infligent les plus cruelles, les plus austères mortifications et le lendemain ils se laisseront aller à toutes leurs tentations et à leurs passions les plus dépravées. La conséquence est inéluctable, la notion du bien s’obnubile et la vie chrétienne devient impossible. De tels dommages peuvent cependant être évités, car heureusement le scrupule n’est pas sans remède.

l. Remèdes m scrupule. De nombreuses

règles de conduite sont proposées par les moralistes

pour venir a bout du scrupule et parer aux dommages

spirituels et temporels qu’il risque d’entraîner. t" Les règles générales. i. l.u prière. Comme

dans tous les domaines de la vie moral !, la prière est

indisp nsable pour vaincre les troubles intérieurs. L'âme doit se tourner avec ferveur vers Dieu et lui di mander les lumières nécessaires pour voir ce qui est

à faire et être à même de rectifier les écarts de jugement que l’angoisse provoque trop facilement. Nécessaire dans toute difficulté sérieuse, la prière l’est à plus forte raison dans le scrupule, qui est une épreuve redoutable pour le salut.

2. L’obéissance nu confesseur. - Après l’oraison, le remède par excellence contre le scrupule est l’obéissance entière à un confesseur prudent et éclairé. Saint Alphonse l’affirme, Praxis conf., n. 95 : Doctores plures assignant régalas pro scrupulosis ; sed certum est, quod pro his, post orationem, remedium minimum ad eos curandos est obedientia erga suum directorem. C’est pratiquement l’unique moyen pour triompher du mal. car le scrupuleux, étant donné son état constitutionnel ou passager, est incapable de se conduire lui-même Une fois qu’il aura choisi son confesseur ou son directeur de conscience, il ne doit plus s’adresser à un autre, car ce serait se causer un préjudice. Au cas où, par nécessité, au cours d’un déplacement d’affaires ou de vacances par exemple, il serait amené à se confesser à un prêtre inconnu, ce ne doit être que pour obtenir l’absolution des fautes commises ; quant à la direction de conscience, il doit demeurer fidèle aux indications du conseiller spirituel habituel.

Attitude du confesseur. — Le prêtre doit recevoir avec grande bienveillance le pénitent scrupuleux qui se présente à lui, écouter le récit de tous ses doutes et l’autoriser à faire une accusation générale, à condition qu’elle n’ait pas été faite peu de temps auparavant à un autre. Pour se concilier la confiance du malade et se faciliter sa tâche ultérieure d’amendement, il serait bon qu’il l’aidât à faire l’examen de conscience et l’aveu des péchés.

A moins de raison majeure, le confesseur ne permettra plus ensuite que l’accusation générale soit renouvelée, malgré les désirs qui lui seraient exprimés. S’il l’autorisait, ce ne serait que pour un péché grave, que. sous la foi du serment, le scrupuleux déclarerait ne pas avoir avoué précédemment. Si le serment est refusé, la confession doit l'être aussi et catég uiquement. Quisemper anxius est de prieteritis confessionibus, quia formidat defecisse in integritate vel in dolore, si ipse generalem confessionem jam alias expleverit, aut per aliquod notabile tempus confessiones suas diligenter peregerit… ne amplius cogitet de culpis prieteritis, nec de eis verbum jaciat in confessione, nisi jurarc possil certo percuta illa mortalia perpétrasse, et insuper numquam de illis confessum esse. Immo… potest quis taliter scrupulis angi, quod, licet ei videatur certo aliqua non dixisse, adhuc ad ea confttenda non teneatur. s. Alphonse. Theol. moral., t. I, c. xvi ; Praxis conf., n. 97.

Le cardinal Gousset est cependant d’un avis différent : « Nous pensons, écrit-il, que, pour ne pas les briser ou les jeter dans le désespoir, on doit compatir à leur infirmité et leur accorder quelque chose en cédant à leurs scrupules pour un certain temps ; c’est imiter le médecin, qui, sur les instances de son malade, lui laisse prendre un remède inutile et peut-être même plus OU moins nuisible, lorsqu’il craint avec fondement que le refus de ce remède ne lui occasionne une crise mortelle. » Théologie morale, t. ii, n. 600. Malgré la condition formelle exigée par cet auteur, il semble que cette règle doive être appliquée avec grande réserve et uniquement dans les cas très exceptionnels.

Au cours de la confession, le piètre, tout en conservant une altitude île paternelle bienveillance, doit trancher les difficultés qui lui sont soumises avec autorité, sans hésiter et sans se justifier. S’il juge

opportun de le faire, ce doit être brièvement. Pc confesseur veillera aussi à ce que son pénitent ne s’at larde pas trop à son examen de conscience, n’accuse, en vertu

du privilège dont il sera parlé ultérieurement, que les

péchés, qui, de toute évidence, paraissent graves, el