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SCOLASTIQUE — SCORTIA (JEAN-BAPTISTE

1728

nouvelle donnée à l’enseignement de la scolastiqùe thomiste. Pie X renouvela les recommandations de son

prédécesseur et marqua sa volonté dans le canon 1366, l 2, du Code publié par son successeur Benoît XV. Enfin Pie XI, à l’occasion du sixième centenaire de la canonisation de saint Thomas, formula les menus directives, en laissant entendre cependant que, dans tes questions controversées, chacun demeurait libre de suivre l’opinion qui lui paraissait plus vraisemblable. Les recommandations pontificales ont porté leurs fruits, non seulement en favorisant le renouveau thomiste, mais en stimulant les autres écoles, telles que les écoles franciscaines. Cf. Er. Ehrle, Grundsâtzliches

ur Charakteristik der neueren imd neuesten Scholastik,

Fribourg-en-B., 1918.

2. Les résultats.

a) En Italie. — Les instituts pontificaux donnèrent, comme il convenait, les premiers l’exemple. Au Collège romain, il y eut tout d’abord une période d’hésitation avec les éclectiques suaréziens : L’rraburu, Pranzelin, Sehrader, Tongiorgi, Palmieri. Un thomisme plus franc, mais encore teinté de suarézianisme, se fit jour avec Schiflini, Mazzclla, De Augustin is. Enfin ce fut le règne du thomisme (aussi pur qu’on peut le trouver en dehors de la question de la Hràce efficace et des décrets prédéterminants) avec Renier, De Maria, De Mandate, Pignatoro, Billot et Mattiussi. A Rome pareillement enseignèrent le thomisme, à la Propagande, Satolli, Lorenzclli, Lépicier ; à la Minerve (devenue depuis l’Angelicum), Lepidi et Ruonpensiere et plus récemment Schultes et GarrigouLagrange. Les bénédictins ont leur université à Saint-Anselme. La Summa theologica de L. Janssens y donna la note d’un thomisme sûr, quoique teinté parfois d’interprétations personnelles d’ailleurs toujours intéressantes. Enfin les frères mineurs ont su allier à l'étude de saint Thomas celle de Scot dans leur université de Sauf Antonio. A Naples, le P. Piccirelli a publié sa philosophie et sa théologie d’après saint Thomas vu à travers Suarez. A Plaisance, le Divus Thomas, à Milan, la Scuola catholica et la Riuista di plnso/ia neo-scolastica du P. Gemelli s’efforcent de vul-Miïscr les doctrines scolasliques.

b) En Belgique. L’institut philosophique de Louvain, fondé par le cardinal Mercier a donné une vigoureuse impulsion à la néoscolastique. L’université de Louvain demeure à la tête d’un grand mouvement. Trop de noms seraient ici à citer ; qu’il suffise de rappeler S. Deploige, M. De Wulf, I-'orgct, Laminne, De San, Van der Aa, Lahousse, St. de Backcr, de Caste lein, De Munnyck, Van (1er Mcersch, etc.

c) En France. Le mouvement néoscolastique s’est affirmé dans nos différentes facultés canoniques et dans nos séminaires avec une force irrésistible. On nous dispensera de donner des noms ; beaucoup de ceux-ci ont figuré ou figurent encore dans les listes de nos collaborateurs. Mais ce qui est la marque caractéristique du mouvement en France ?" c’est l’heureuse alliance que la plupart des ailleurs ont su réaliser entre la scolastiqùe et les études positives et critiques. On ne trouvera peut-être en aucun autre pays cet équilibre si désirable. Aussi le mouvement néoscolastique ne s’est-il pus confiné en France dans l’enseignement

e ::I : siastiquc il a puulri nus univcrsihs offi u Iles

et les publications scientifiques sur le Moyen Ane (Etudes médiévales ou encore Bibliothèque thomiste) vont rejoindre sur ce point les précieuses thèses publiées par l’université de Louvain.

Des publications de langue française, en Europe, il faut rapprocher celles d’outre mer ; l’université Laval de Québec leur apportant l’appui ut de ses efforts coura

gCUJf en faveur des doctrines thumisles.

d) Dans les pays de langue allemande. Les manuels de Chr. et Tilmann Pescb sont trop connus pour qu’il

soit utile d’insister. Nous ne ferons que signaler, parmi les philosophes, Frick, Eiaan, Boedder, Cathrein, Lehmen, C.-M. Schneider, Matthias Scheid, L. Schutz, Otto Willmann, Reinstadler, etc., et parmi les théologiens, Jungmann, Hernnann, Gutberlet, Commer. Peltzer, Dummerniuth, Lercher, Diekamp et Grabmann.

e) En Hollande. — L’ne impulsion vigoureuse a été donnée à l'étude de la scolastiqùe dans les séminaires par Van Noort, Beyscns, de Groot.

f) En Espagne enfin, les jésuites Cuevas et Mendive ont allié saint Thomas et Suarez. Plus strictement thomistes sont Orti y Lara et Antonion Demandez y Fajarnès en philosophie. Parmi les théologiens, il faut citer, chez les dominicains, N. del Prado, professeur à Fribourg (Suisse), dont la vigoureuse logique a su, malgré certaines rudesses, rallier bien des suffrages et, chez les jésuites, les PP. Muncunill et Beraza.

G. Fritz et A. Michel,

    1. SCOLASTIQUE DE CHATILLON##


SCOLASTIQUE DE CHATILLON, frère mineur capucin français (xvii c s.). — Né à Chfltillon-cnBresse, de parents protestants, il fut élevé dans la religion calviniste. Converti au catholicisme, il entra chez les capucins de la province de Lyon et se distingua par son grand zèle à propager la foi catholique et à attaquer la religion calviniste. Alors qu’il habitait le couvent de Saint-Léonard, dans le Nivernais, il eut, assisté du gardien de ce couvent, le P. Emmanuel de La Richardière, en 1629, une dispute publique avec un ministre protestant du nom de Monsenglard. Le rapport de ce débat, qui roulait surtout sur le purgatoire, fut publié sous le titre : Discours véritable de ce qui s’est passé en la conférence tenue à Chalement (je n’ai pas pu identifier ce nom) entre le r. p. Scolastiqùe de Chastillon en Jiresse… et le sieur Monsenglard, ministre de l'église prétendue réformée du dit lieu, Ne vers, 1630, in-8°. lxxii-193 p., dans lequel il étale une grande érudition et une connaissance approfondie de la sainte Écriture, des Pères et des langues grecque et latine.

L. Wadding, Scriptores O. M., 3' éd., Home, 1906, p. 209 ; Bernard de Bologne, Iiibliotlteca scriptorum (>. M. cap., Venise, 1 7 17, il 227 ; Marcellin de Civezza, Storia imivcrsalc délie missioni frcuicescane, t. vii, l rc partie, Appendice blbllof/raftea, Pralo, 1883, p. Ht.

A. Teetabrt.

    1. SCORTIA Jean-Baptiste##


SCORTIA Jean-Baptiste, jésuite génois (XVIe xvii c s.). — Né en 1553, entré au noviciat en 1572, il enseigna la philosophie et la théologie morale et mou rut à Gènes, en 1627. Il publia De sacrosancto miss ; / sacrificio, Lyon, 1616, ln-4° ; In selectas summorum pontifleum constitutiones epitome ac Iheoremata, Lyon. 1625, in-4°. Cet epitomé donne des extraits des constitutions des papes concernant le droit canonique.

Le premier de ces ouvrages mérite plus qu’une simple mention. Scortia y présente en quatre livres un traité complet de la messe : théologie, droit canonique et morale, liturgie, polémique, spiritualité, histoire. Le premier livre comprend l'ét ude proprement t béologique, le second traite des personnes (qui offre ? à qui ofîre-t-on ? pour qui ?) et clés lieux, les troisième et quatrième donnent une explication détaillée de toutes les céré munies de la messe.

Sans négliger ni l'Écriture, ni la Tradition, ni les grands théologiens antérieurs, Scortia connaît, utilise, classe tous ses contemporains cpii ont. à un titre quelconque, parlé de la messe et qui ont effectivement laissé un nom : Sa, Salmeron, Fr. Ribera, IL Henriquez, Maldonat, Tolct, Canisius, Banez, les Vasquez, Va lentia, Azor, Gutierrez, Molina, Louis Du Pont. Fr. Arias, Th. Sanchez, Mirauda, Suarez. Crelzer, Lessius, Richeome, Bellarmin, etc. Autant d'écrivains, autant de théories ; Scortia les confronte, les juge ; ses préférences vonl très nettement à saint Thomas et A saint