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SCOLASTIQUE AUX TEMPS MODERNES

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Les deux premières se rattachent à saint Thomas. I D’après le 1'. Guillermin, (). 1'., La grâce suffisante, dans la Revue thomiste, le thomisme première manière ou thomisme commun est celui que Banc/, a exposé et qu’ont enseigné ou enseignent encore la plupart des dominicains : Revue thomiste, 1902, p. 37$1-$204. Un thomisme seconde manière (ibid., 1902, p. 645-675 ; 1903, p. 20-31), qu’on pourrait appeler congruisme augustinien, se différencie du premier principalement par l’idée qu’il se fait de la grâce suffisante, véritable prémotion physique, à laquelle il ne manque rien de ce qui est requis, du côté de Dieu, pour que la faculté soit principe actif intégral de l’acte salutaire. I'. Guillermin, op. cit., 1902, p. 655. Les partisans de ce congruisme interne, cités par Guillermin, sont Gonzalez de Alhelda († 1622), Gonzalez de Léon († 1038), J. Nico- ' laï(† 1073), A. Massoulié († 1700). Enfin il faut faire une place à part à une troisième école augustinienne, l’augustinianisme, voir ici t. i, col. 2 185-2 192, dont les principaux représentants furent le cardinal Xoris († 1701) et Laurent Berti († 1700).

3. Les franciscains.

L'école franciscaine reste partagée entre le scotisme et le bonaventurisme. Le xv siècle ne nous livre presque aucun nom qui soit passé à la postérité ; en voir la nomenclature t. vi, col. 833. Au xvr 3 siècle, parmi les scotistes émerge à Padoue le célèbre Trombclta († 1518) ; on peut également citer Fr. Lychct († 1520) et O' Fihely († 1513). Sixte-Quint fut le plus zélé propagateur de l'étude de saint Bonaventure, il fonda à Home, dans le couvent des Douze -Apôtres, un collège séraphique (1587). Voir ici, t. vi, col. 890. On peut citer le théologien Pierre Trigoso de Calatayud, capucin († 1593).

Au xvii c siècle, les théologiens appartenant à l’ordre des mineurs sont en nombre considérable, t. vi, col. 840-810. On peut encore citer aujourd’hui, comme ayant survécu à l’oubli, Jean Bosco († 1084), observant ; Mastrio († 1073), Laurent Brancati de Lauria († 1093), conventuels.

Au XVIIIe siècle, la théologie scolastique est moins en honneur : on doit citer cependant Jérôme de Montefortino († 1738), réformé, François Ilenno (date de mort inconnue), Thomas de Charmes († 1705) et surtout l’observant Claude Frassen (+ 1711) dont le Scotus academicus est, aujourd’hui encore, consulté utilement, ces deux derniers capucins. La caractéristique générale de la scolastique franciscaine au xviie siècle a été bien exprimée, t. vi, col. 840, par le P. Edouard d’Alençon : o L’enseignement de la théologie est encore basé sur les livres des Sentences, mais au cours des années, on voit apparaître des cours complets ou des abrégés de philosophie et de théologie, dont les auteurs se montrent moins attachés à suivre un maître unique ; les tentatives de conciliation entre les divers systèmes deiennent aussi plus fréquentes. D’OÙ cela vient-il ' ! Probablement de la variété des ouvrages qu’il était plus facile de se procurer depuis que l’imprimerie en avait multiplie les exemplaires ; peut être aussi faut-il y Voir une influence des auteurs de la Compagnie de Jésus. Ses membres n'étaient lies à aucune école ; tout en suivant de préférence saint Thomas, ils étaient moins exclusifs que beaucoup de thomistes. Les observants cependant demeurent Âdèles au Docteur subtil, comme ils s’y étaient Obligés par d’anciennes ordonnances de chapitres, plusieurs fois renom elées au cours du siècle : il en est de même chez les coin eut uels, même les ré ! 4cnts et ('lèves du collège de Saint Bon aventure sont en partie scotistes ; quelques uns toutefois ne négligent

pas le Docteur séruphique, ipii trouve ses meilleurs disciples chez les capucins ; mais parmi ceux ci on ne tarde pas a vouloir concilier les écoles.

I. Les jésuites. ni Considérations générales. On

a signalé ici, I. VIII, col. 1043, les trois phases par les

quelles la scolastique moderne, chez les jésuites comme chez les autres écoles, a passé depuis le concile de Trente. Jusqu’en 1660, un mouvement ascensionnel ; de 1000 à 1760, une période de stagnation, enfin à la lin du XVIIIe siècle et jusqu'à environ 1830, une période de profonde décadence. La lutte contre le protestantisme devait orienter les jésuites vers la théologie positive, sans aucun détriment d’ailleurs pour la théologie spéculative ou scolastique où ils devaient, d’après les recom mandations de saint Ignace lui-même, suivre saint Thomas. Voir col. 1012-1015, 1020 sq. L’obligation de suivre saint Thomas n'était pas énoncée d’une façon tellement stricte qu’elle ne laissât aux auteurs une certaine latitude. Pour assurer l’unité doctrinale, le P. Aquaviva lit préparer, entre 1582 et 1598, le Ratio studiorum qui précise les directives de saint Ignace. Voir col. 1018. A l'époque d’Aquaviva, trois tendances se faisaient jour dans la Compagnie, par rapport à l’autorité de saint Thomas. Pour établir l’uniformité rigoureuse, certains proposaient l’acceptation pure et simple de la doctrine de saint Thomas a l’exception d’un ou deux points (par ex. l’immaculéeconception) ; d’autres, à l’opposé, concluaient à l’explication du texte de la Somme, avec la faculté de rejeter ses assertions « toutes les fois qu’ils verraient à rencontre une raison solide ou des auteurs respectables > : d’autres enfin prenaient une attitude moyenne : pour eux, saint Thomas est le Maître en théologie, mais il n’en est pas moins vrai qu’on rencontre chez lui des assertions qui ne sont pas communément admises par les autres et qui ne conviennent pas à notre époque ; il ne serait donc pas à propos d’obliger les nôtres à les soutenir toutes ». Col. 1020-1021. Dans le Ratio studiorum, l’attitude moyenne triomphe, « mais avec des réserves tendant à prévenir l’abus possible d’une certaine latitude qu’on croyait devoir laisser aux maîtres ». Col. 1025. D’où, la position assez nouvelle prise par les théologiens jésuites dans la question alors si controversée de la grâce, lui cette matière, la philosophie avait son mot à dire et l’enseignement philosophique proposé par les jésuites pour mieux expliquer les problèmes de la grâce s’accorde sur les trois points suivants ; a rejet de la prédétermination physique ad unum, attribution à Dieu d’une connaissance des actes libres futuribles indépendante des décrets absolus ; réalisation de cette science dite moyenne pour expliquer comment la grâce donnée par Dieu peut avoir une connexion objective infaillible avec la position de l’acte libre prédéfini, formellement et virtuellement. > Col. 1027. Mais la grâce n’est qu’une des questions abordées par la théologie et éclairée par la philosophie. Cette dernière doit aider la pénétration de tous les dogmes, l’ne certaine latitude était laissée aux jésuites à l'égard de la philosophie thomiste, tout au moins relativement aux points mis alors en doute par d’autres auteurs ou ne convenant pas aux temps modernes. De là une conception assez éclectique de la philosophie scolastique, laquelle a fini par prévaloir dans la Coin pagnie et a trouvé sa plus parfaite expression dans la Métaphysique de Suarcz.

b) Quelques auteurs et principalement François Sua rez. François Tolet († 1590) est « considéré à bon droit comme le père de la théologie scolastique dans la Compagnie de.lesiis ; il lut pour elle ce que furent, pour leur ordre respectif, Alexandre de Halès ou Albert le Grand ». Col. 1044. La méthode de Tolcl unit à la rigueur scolastique l'élément positif fourni par les Pères. Pierre de Fonseca († 1599) est le véritable père de la science moyenne connue surtout par Molina († 1600). Sur Molina, le molinisme et les théologiens jésuites qui s’en sont faits les défenseurs, voir t. x, col. 2090, 2'><ii sq.

Mais le véritable rénovateur de la scolastique dans la