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SCOLASTIQUE BYZANTINE


Pierre d’Ailly et Jean Gerson axaient eux-mêmes été profondément pénétrés d’occamisme.

Au xve siècle, plus que jamais, la (acuité des arts à Paris est pénétrée d’occamisme. Louis XI, en 1474, avait promulgué contre lui un décret de proscription. bientôt retiré (I 181 l. A la fin du siècle-, le uoininalismc s'étend encore, même en Espagne où, a Salamanque, on explique Occam à côté de Scot et de saint Thomas. A cette épocpie. le plus célèbre représentant de l’occamisme est Gabriel Miel († 1 195) qui dans son Coltectiirium. lait un exposé modéré et méthodique du nominalisme, tout en évitant les erreurs des autres partisans du système. Cf. ici t. il. eol. 817. Au début du XVIe siècle, le maître le plus en vue est Jean Major iï 1540), dont Rabelais fail lereprésentant de la scolastique qu’il ridiculise.

3. En marge d’Occam et du nominalisme : permanence des mitres formes de scolastique. Dès le début du xiv siècle, les chapitres généraux des dominicains adoptent la doctrine de saint Thomas comme la doctrine officielle de l’ordre. Mais, à côté de maîtres fidèles au thomisme tels Thomas de Jorz, Henri de Nédellec, Durandel et surtout Pierre de La Pallud († 1342) — d’autres dominicains sont plus ou moins infidèles au Docteur angélique : tels, Durand de SaintPourçain († 133 1 >. Armand de Beauvoir (t vers 13 10), Robert Holcot <t 1319). Au xv 8 siècle, l’ordre dominicain ne manifeste qu’une activité doctrinale réduite : « L'école thomiste et l’ordre 1 des prêcheurs, écrit icimême P. Mandonnel, ne purent se soustraire aux conditions générales du milieu historique qu’ils traversaient. Ils subirent un fléchissement dans la quantité et la qualité des productions Idéologiques. Cependant l’ordre possède encore au xv siècle une vitalité doctrinale notable. C’est à ce moment que les prêcheurs produisent des hommes comme Jean Capréolus, saint Antonin de Florence et Jean de Torquemada dont les œuvres sont des plus remarquables. Frères prêcheurs, t. vi, col. 905.

La tendance augustinienne est représentée par les disciples de Gilles de Rome († 1316), Auguste Trionfo († 1328) dans ses commentaires inédits sur la Métaphysique d’Aristote et sur les Sentences, Thomas de Strasbourg ci 1357), et plus tard, Favaroni († 1445), Gilles de Viterbe († 1532) et Seripando († 1563). Voir son article.

Les franciscains restent en grand nombre fidèles à Scot, en accentuant même les distinctions d’entités, de formalités : on doit citer François de Mevroiine s cj- 1325), Jean de Bassolis († 1347), Pierre d’AquUa, dit Scotellus (| 1348) et. défendant la doctrine de Scot contre les négat ions d’e (ccam, YValter Burleigh (t après 1342) et Gauthier deCation civers 1343). Voir ici Frères mineurs, t. vi, col. 830-832.

Les bonaventuristes ont aussi leurs représentants : Alexandre d’Alexandrie ( f 131 I) et surtout Jean d’I-'.rl’urt (t vers 1350).

Enfin, il COm lent de citer, contre les excès du muni nalisme dans un sens platonicien, la réaction du cardinal Nicolas de ('.usa († 1 164). Voir ici t. xi. col. 607.

II. SCOLASTIQUE ORIENTALE. - lis indications

sommaires apportées plus haut. col. 1703 sq., a propos de l’influence de l’aristotélisme arabe et juif sur la sco (astique latine, nous dispensent de revenir ici sur cette double activité. On se contentera de relever brièvement l’existence et la portée d’une SCOlastique dans la théologie b znntinc et dans les théologies nestoricnnc

et monophysite orientales, du vue au xv siècles. l" Scolastique byzantine. Justinien avait banni

d’Athènes la philosophie (529) ; l’invasion des Arabes

l’avait refoulée d’Alexandrie (640). Elle se réfugia a Byzance on les derniers tenants du néo platonisme,

ThémiStiUS et PrOClUS, axaient encore des points d’al tache et elle s’y maintint pendant tout le Moyen Age.

1. Caractères généraux. - La scolastique byzantine essaie de pénétrer rationnellement les vérités révélées, transmises par l’autorité des conciles et des Pères. Notons que les Pères connus ne sont cpie les postnicéens : les anténicéens sont tombés dans l’oubli et les tenants de l'école d’Antioche ont été éliminés après la controverse des Trois-Chapitres.

La caractéristique générale de cette scolastique est un conservatisme rigide, qui se contente de transmettre en l’exposant la doctrine reçue et cpii ne soulève que très peu de problèmes nouveaux. Elle est proprement theologise ancilla : éclectique, elle est principalement constituée par un mélange de néoplatonisme et d’aristotélisme. L’antagonisme entre platonisants et aristotélisants est constatable dans toute l'époque byzantine, de Jean Italos jusqu'à la lutte entre Pléthon et Georges de Trébizonde. Sur cette lutte, voir ici Scholarios, col. 1°> 15, Sur l’aristotélisme à Byzance, voir K. Krumbacher, Gesch. der byzant. Lileratur, 2° éd., p. 430 sq. Les polémiques avec l’islam ne fin ouvriront pas de nouveaux aspects comme ce fut le cas pour la scolastique latine. La christianisai ion des nations slaves ne lui donnera pas une nouvelle vie. comme ce fut en Occident le cas lors di l’entrée des Germains dans l'Église.

2. Auteurs. Au ixe siècle. Michel Psellos l’Ancien et Photius sont les figures les plus marquantes. Au xi c siècle, .Michel Psellos le Jeune (f après 1096), dans ses écrits à l’empereur Michel VII Doukas. traite des notions philosophiques applicables aux dogmes trinitaire et christologique. L’originalité de Psellos consiste « dans la comparaison entre les doctrines révélées et les doctrines des philosophes de l’antiquité et dans la tentative d'éclairer les dogmes chrétiens par la raison philosophique. Si. dans le domaine littéraire, Psellos tait figure d’un humaniste de la Renaissance, sur le terrain de la théologie, il rappelle nos scolastiques du Moyen Age. Comme eux, il applique la philosophie à la théologie et lait de celle-là la servante de celle-ci ». Art. Psellos, t. xiii, col. 1154-1155. M. Jugic a indiqué, dans l’article précité, que la méthode scolastique de Psellos. si irréprochable qu’elle dût paraître aux yeux du croyant éclairé, n’en inspirait pas menus de la défiance dans les milieux ecclésiastiques et monastiques. A adapter ainsi la philosophie antique au dogme chrétien, il pouvait y avoir un danger réel. Psellos était à peine mort cpie son successeur comme recteur de l’académie des lettres. Jean Italos. était condamné. Sur Italos, voir Anne Comnène, Alexiade, t. V, c. vin ; t. X, c. i. Il était commentateur d’Aristotc, et c’est sans doute sa dialectique aristotélicienne qui a porté ombrage à l’orthodoxie byzantine. On pourrait, par rapport à la théologie orientale, le comparer à Gilbert de La Porrée par rapport à la théologie latine. Une série de conciles, sous Alexis Comnène (1081-1118), étouffèrent presque au berceau la scolastique byzantine naissante.

Toutefois, au début du xii° siècle, Luthyinius Ziga bène. dont on Ignore presque tout, écrivait à la demande d’Alexis Comnène sa ] 1 y.v’jn’KioL Soy^ocTixrj.dont les 21 premiers titres ne sont qu’une longue série de texles patristiques sur la Trinité, le Créateur, le Verbe incarné ou contre les juifs et les anciens hérétiques, a l’exception toutefois du titre xiii sur la procession du Saint-Esprit contre les latins. Mais les litres xxmxxvii sont consacrés à la réfutation des hérésies contemporaines, notamment les messaliens et les

bogomiles ; les mahométans sont réiulés au titre xxviii et dernier. C’est principalement dans cette seconde pallie cpie se rencontrent quelques exposés SCOlastiqueS au service d’une théologie d’ailleurs peu profonde. Nicolas de Méthoue I ' vers I l(i.'>) fut l’un des