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ROUSSEAU (JhAN-.FACQUES)


de la raison » ibid., p. 139 ; et s’il ajoute : « il me faut des raisons pour soumettre ma raison », tout l’examen qui suit des motifs de croire invoqués par le christianisme tend à prouver qu’il n’y a pis de raisons valables pour soumettre la raison. Cf. ibid., p. 151 sq., le dialogue entre l’Inspiré et le Raisonneur. Nul, parmi les philosophes, n’a fait une critique plus rationaliste, peut-on dire, de la révélation, donc du christianisme. Voltaire, qui s’y connaît, ne s’y est pas trompé. Voir Notes inédites de Voltaire sur la Profession de foi du vicaire savoyard, publiées par B. Bouvier, dans Annales J.-J. Rousseau, 1905, p. 272-284. L’une dit : « Tout ce discours se trouve mot à mot dans le Poème de la religion naturelle et l'épître à Uranie. » Ci. aussi la brochure de Voltaire, Sentiments des citoyens et cidessus, col. 124 sq.

Si Rousseau fait l'éloge de l'Évangile c’est pour des raisons du cœur : « La majesté de l'Écriture m'étonne, la sainteté de l'Évangile parle à mon cœur », Profession de foi, p. 79. Mais cela ne saurait contrebalancer ceci où parle la raison : « L'Évangile est plein de choses incroyables, qui répugnent à la raison et qu’il est impossible à tout homme sensé de concevoir ni d’admettre. » Ibid., p. 183. Et au-dessus de l'Évangile ne met-i ! pas le livre de la Nature ? S’il fait de JésusChrist un Dieu, il entend bien parler d’un homme divin dans le sens où Renan emploiera ce mot : « N’attribuer à Jésus la divinité que par communication, écrira-t-il, c’est le déclarer purement boni a », cité par M. Masson, ibid., p. 182, n. 1. Il est trop individualiste aussi pour accepter une religion imposée du dehors ou prouvée du dehors. C’est « p ir une expérience immédiate que Dieu peut selon lui se manifester à l’homme ». J. Maritain, Zoc. c/7., p. 217. Voir col. 121 sq. Enfin, que l’on prenne tous les dogmes spécifiquement chrétiens, ou bien il les condamne en bloc, sous le nom de révélation, ou bien il soutient les thèses opposées, ou bien, pour employer encore une expression de J. Maritain, il les naturalise. Ibid., p. 211. Il est donc impossible de voir véritablement en Rousseau un chrétien et de trouver en sa doctrine « un ferment évangélique ». Id., ibid., p. 212. « Le rousseauisme, conclut cet auteur, est une radicale corruption du sentiment chrétien, et il n’est rien de plus absurde que de vouloir ensemble concilier une forme vivante et sa corruption. » Ibid., p. 211-212. Et H. Hoffding écrit, Rousseau et la religion, p. 283 : « Il voit dans les idées de la religion naturelle l’expression adéquate et seule valable du divin. » Si Rousseau se dit chrétien, c’est « selon la doctrine de l'Évangile ». Lettre à Beaumoni, toc. cit., p. 772, c’est-à-dire, comme il l’explique luimême, ibid., en ramenant l'Évangile aux dogmes du théisme et à la morale éternelle, autrement dit, a la religion naturelle. Voir col. 126. Enfin, que l’on se souvienne de sa critique du catholicisme, col. 126, et de sa protestation auprès de M. de Beaumont : « Heureux d'être né dans la religion la plus raisonnable et la plus sainte que soit sur la terre, je reste invinciblement attaché au culte de mes pères. » Lettre…, p. 772, et l’on comprendra que, parmi les religions qui se disent chrétiennes, le catholicisme n’eut pas ses préférences. Cf. A. Feugère, Rousseau et son temps (IX). Le sentiment religieux citez Rousseau, dans Revue des cours et conférences, 15 janvier 1936, p. 278-288.

Telle quelle, la religion de Rousseau, entre le philosophisme du xviii c siècle et les religions catholique ou protestante, « ce spiritualisme ému et religieux, ce demi-christianisme sera celui de Bernardin de SaintPierre ; il sera bien souvent avec des nuances celui de Chateaubriand ; celui de Lamartine, dont le Jocelyn devra beaucoup au vicaire savoyard ; il sera souvent. celui de George Sand, même de Michelct jeune et de

Victor 1 lugo ». Il sera aussi « jusque dans la première moit ié du second Empire », la religion d( s bourgeois et même des paysans français. Lemaître, loc. cit.. p. 284.

Il n’y a pas une bibliographie complète de Rousseau comme il y en a une pour Pascal ou pour Voltaire. On trouve cependant une bibliographie plus ou moins complète dans Mohr, Aperçu bibliographique sur le centenaire de J.-J. Rousseau, Baie, 1878 ; L. Asse, J.-J. Rousseau. Bibliographie critique, Paris, s. d., in-8° ; H. Beaudoin, La vie et les œuvres de J.-J. Rousseau, Paris, 1891, 2 vol. in-8°, t. ii, Bibliographie île Rousseau et des ouvrages relatifs à Rousseau ; Th. Dufour, Reclierclies bibliographiques sur les œuvres imprimées de Rousseau, Paris, 1925, 2 vol. in-8° ; G. Lanson, Manuel bibliographique de la littérature française mu Irrite, Paris, 1914, ln-8°, p. 778-806 ; A. Schinz, Le mouvement rousseauiste du dentier quart de siècle. Essai île bibliographie critique, s. 1., 1922, in-8° ; Bibliographie critique de Rousseau dans les cinq dernières années, 1926 ; P. Trahard, op. cit., p. 278-309. Les Annales de la société J.-J. Rousseau, dont un volume paraît chaque année depuis 1905, donnent dans chaque volume une bibliographie.

I. Principales éditions des œuvres de Rousseau. — 1° Œuvres complètes, publiées pur Ou Peyrou, Genève, 17821790, 17 vol. in- 1° ; (E’tvres complètes de J.-J. Rousseau, mises dans un ordre nouveau avec des notes historiques et des éclaircissements, par V.-D. Musset-Pathay, Genève, 1830, 41 vol. in-16. — 2° Éditions citées : Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, Paris, Punie, 1835-1836, 4 gr. in-8°, sau[ la Profession de foi du vicaire savoyard, éd. crit. de P. -M. Masson, Fribourg-Paris, 191 1, in-8°, et le Contrat social, éd. Beaulavon, Paris, 1903, in-12. Pour la Correspondance, éd. Dufour, voir plus haut, col. 10.

II. Sources.

1° Les confessions, 12 livres que Rousseau écrit de 1705 à 1770 et qui concernent sa vie jusqu’en octobre 1706 ; et écrits complémentaires : Dialogues ou Rousseau juge de Jean-Jacques et les Rêveries d’un promeneur solitaire, son dernier ouvrage, interrompu par la mort. Toutes œuvres qu’il ne faut pas consulter sans contrôle. — 2° Sa correspondance. Voir Correspondance générale qui commence en 1728 pour se terminer en 1778 ; en particulier les quatre Lettres à M. de Malesherbes, dont il a été parlé col. 114. Sur les rapports de Rousseau avec Malesherbes, cf. P. -P. Plan, J.-J. Rousseau et Malesherbes, Paris, 1912, in-8° ; Sur les Confessions, C. Rstienne, Essai sur les confessions de J.-J. Rousseau, Paris, 1856, in-12.

III. Études.

Outre les ouvrages cités de Masson, Beaudoin, Trahard, Schiuz, Hoffding, Seillière, Ritter, Fusil, Proal, voir Bernardin de Saint-Pierre, La vie et les ouvrages de J.-J. Rousseau, Paris, 1907, in-12 (édit. Souriau) ; .Mme de Charrlère, Éloge de J.-J. Rousseau, Paris, 1790, in-8' ; Musset-Palliay, Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, Paris, 1821, 2 vol. in-8° ; S.-X. de Girardin, Lettre à Musset-Pathay, auteur de l’ouvrage intitulé : La vie…, Paiis, 1824, in-8° ; G. -H. Morin, Essai sur la vie et le caractère de J.-J. Rousseau, Paris, 1851, in-8° ; L. Guion, J.-J. Rousseau et le XVIIIe siècle, Strasbourg, 1860, in-8° ; L. Moreau, J.-J. Rousseau et le siècle philosophe, Paris, 1870, in-, S" ; J, Morley, Life of Rousseau, Londres, 1873, 2 vol. in-8° ; F. Brockerhoff, J.-J. Rousseau. Sein Leben und seine Werke, Leipzig, 1874, 3 vol. in-8° ; Saint-Marc Girardin, J.-J. Rousseau, sa vie et ses ouvrages, Paris, 1875, 2 vol. in-12 ; J. Gaborel, .J.-J. Rousseau et ses œuvres, biographie et fragments, Genève, 1878, in-8° ; Chuquet, J.-J. Rousseau, Paris, 1901, in-12 ; J.-F. Nourrisson, J.-J. Rousseau et le rousseauisme, Paris, 1003, in-8° ; G. de Rey nold, .L-.I. Rousseau et ses contradicteurs, i’ribourg, 1904, in-S" ;.1. Benruhi, .L-.I. Rousseau’s elhisches Idéal, Langensalza, 100.">, in-8° ; L. lirédif, Du caractère intellectuel et moral de J.-J. Rousseau, Paris, 1906, in-16 ; F. Macdonald, J.-J. Rousseau, a new siudy in criticism, Londres, 1906, 2 vol. in-8° ; trad. franc, par (i. Roth, Paris, 1909 ; Dr (). Ilensel, Rousseau, Leipzig, 1907, iu-16 ; DucrOS, J.-J.

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