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SCHISME BYZANTIN. A UTOC Kl* II A LIES NOUVELLES


vertu du principe autocéphalistc. Jusqu’ici les négociations avec le patriarcal œcuménique n’ont pas abouti. Des troubles et des désordres ont éclaté parmi la population en 1935 et 1936. Le jour n’est pas loin où l’indépendance religieuse du Dodécanèse sera un fait accompli et où l’orthodoxie comptera une autocépbalie de plus.

3. L’archevêché grec d’Amérique dont le titulaire réside à New-York et régit depuis 1931, avccPaide d’un auxiliaire, les 200 000 Grecs des deux Amériques. De 1922 à 1931, cet archevêché a été organisé en véritable autonomie ecclésiastique sous la haute juridiction du patriarcat, comprenant l’archevêque et trois suffragants. En 1931, on a supprimé cette organisation à cause des dissensions intestines perpétuelles qui sévissent parmi ces Grecs émigrés. Mais la suppression, loin d’amener la concorde, a occasionné de nouvelles scissions. On n’est pas près d’en voir la fin. Il arrivera sans doute dans un avenir prochain qu’une autocéphalie grecque d’Amérique se constituera et grossira le nombre des autocéphalies racistes ou phijlétiques existant déjà dans le Nouveau Monde.

4. Le Mont-Athos et ses vingt monastères ayant sous leur dépendance douze skiles ou couvents secondaires, 204 kellia ou cellules et 456 ermitages ou kalybes. La population monastique, qui en 1913 atteignait 6 345 moines, est en continuelle décroissance. En 1928, on comptait encore 4 858 moines. Le monastère russe de Saint-Pantéleimon, qui avec les skites russes arrivait à un effectif de 2 300 moines et plus, est actuellement presque dépeuplé. C’est par une entorse au principe de Pautocéphalisme national que le Mont-Athos, qui se trouve actuellement en territoire hellénique, reste encore sous la juridiction du patriarcat œcuménique. Cette anomalie cessera sans doute un jour, comme a cessé en 1928 celle qui laissait à ce même patriarcat les métropoles de la Grèce nouvelle sises dans les territoires conquis depuis 1913.

Après la guerre gréco-turque de 1922 et le retour des Turcs à Constantinople, le patriarcat œcuménique a perdu les privilèges civils que lui avaient conférés les anciens sultans. Au statut organique compliqué qui l’a régi de 1860 à 1922 et qui a été décrit à l’article Constantinople, t. iii, col. 1467-1482, a succédé une constitution très simple. Un synode permanent de douze métropolites présidé par le patriarche en est l’élément essentiel. Le patriarche est élu par les dix-huit métropolites du patriarcat sans participation des laïcs. Il reste à créer un organisme mixte pour l’administration des biens ecclésiastiques. Pour le moment il n’existe que des commissions ecclésiastiques ou laïques. L’hostilité du gouvernement turc entrave l’élaboration d’un statut définitif.

Complétons la liste des patriarches de Constantinople donnée à l’article Constantinopli :, liste qui s’arrêtait à Joachim III, mort le 26 novembre 1912. Depuis cette date, il n’y a pas eu moins de sept patriarches, à savoir :

Germain V (10 février 1913-24 octobre 1918).

Mélélios IV Métaxakis (8 décembre 1921-20 septembre 1923).

Grégoire VII (6 décembre 1923-17 novembre 1924).

Constantin VI (17 décembre 192 1-30 janvier 1925).

Basile III (13 juillet 1925-28 septembre 1929).

Photius II (7 octobre 1929-29 décembre 1935).

Benjamin I" (18 janvier 1936).

12° Archevêché du Sinaï. — La minuscule autonomie du Sinaï est gouvernée par un archevêque, qui reçoit l’ordination du patriarche de Jérusalem, Cet archevêque est en même temps l’higoumène du couvent de Sainte-Catherine, qui compte une quarantaine de moines. Les autres fidèles, bédouins plus ou moins nomades et pêcheurs établis le long des côtes de la

presqu’île sinaïtique, ne dépassent guère la soixantaine. Autrefois, deux petits évêchés, celui de Pharan et celui de Baïthou, étaient unis ou couvent, d’où le titre à’archevêque du Sinai-Pharan-Raïthou que prend l’archevêque-higoumène. Celui-ci est élu par la synaxe ou chapitre du couvent, composé des membres les plus importants de la communauté, et ne peut rien faire sans son consentement. L’autonomie de l’archevêché du Sinaï a été reconnue par l’Église de Constantinople en 1575 et de nouveau en 1782. Le monastère de Sainte-Catherine possède une dépendance ou mélochion au Caire, qui est sous la juridiction du patriarche d’Alexandrie d’après un modus Vivendi établi par l’accord du 5 novembre 1932.

13°-20° Autocéphalies et autonomies nouvelles (ù partir de l’Jl’J). — Conformément au principe de Pautocéphalisme national, les bouleversements territoriaux introduits dans la carte de l’Europe à la suite de la guerre de 1914-1918 ont eu pour effet de faire disparaître plusieurs anciennes Églises autocéphales et de créer de nouvelles Églises indépendantes. Avant de passer à l’énumération de celles-ci, notons que les canonistes gréco-russes distinguent deux groupes d’Églises : les Églises autocéphales proprement dites et les Églises simplement autonomes. Les premières sont celles qui sont absolument indépendantes de la juridiction de toute autre Église-sœur et ne reconnaissent comme autorité ecclésiastique au-dessus d’elle que le concile œcuménique, si jamais il se réunissait. Les j autonomies, au contraire, ne jouissent que d’une indépendance relative et restent encore sous la haute juridiction et surveillance de PÉglise-mère dont elles se sont détachées, cette Église-mère étant la plupart du temps l’Église de Constantinople et quelquefois l’Église russe. Les droits de PÉglise-mère sur l’autonomie de sa fille sont généralement les suivants : 1. ordonner le premier pasteur de PÉglise-fille ; 2. lui fournir le saintchrême ; 3. intervenir par l’envoi d’un exarque dans les affaires d’importance majeure ; 4. recevoir les appels ; 5. exiger la proclamation du chef de PÉglise-mère dans les offices liturgiques. Parmi les douze Églises déjà énumérées, il faut classer au nombre des autonomies l’Église de Crète et l’archevêché du Sinaï.

Depuis 1919 on a vu apparaître quatre autocéphalies nouvelles et quatre autonomies. Les quatre autocéphalies sont : le patriarcat de Géorgie, l’Église de Pologne, l’Église d’Albanie, l’Église de Lithuanie. Les quatre autonomies sont : l’Église de Finlande, l’Église d’Esthonie, l’Église de Tchécoslovaquie et l’Église de Lettonie.

a) L’Église de Géorgie, dont on a raconté les origines et l’histoire à l’article GÉOKGIE, t. vi, col. 1239-1289, avait été incorporée à l’Église russe en 18Il sous le titre d’exarchat de Géorgie. Dès 1918, les Géorgiens proclamèrent leur indépendance civile et religieuse et remplacèrent l’exarque russe par un catholicos ou patriarche géorgien. Celui-ci réside à Tifiis et gouverne son Eglise avec un synode composé des quatre évêques de Koutaïs, Batoum, Gori et Soukhoum-Kalé. Le nombre des fidèles doit voisiner trois millions. Mais que se passe-t-il dans ce pays, depuis qu’il est tombé sous la domination des Soviets ? Nous l’ignorons.

h) L’Église orthodoxe de Pologne a été reconnue comme autocéphale, sur sa demande, par le patriarche de Constantinople, le Il novembre 1924, malgré Us protestations du patriarche Tikhon et dis autres Busses. Elle est gouvernée par un synode présidé par le métropolite de Varsovie, de Volhynie et de toute la Pologne et composé des évêques des quatre diocèses établis. On peut estimer à 3 500 000 environ le nombre des fidèles. Noir l’article Pologne, t.xii, col. 22642269.

c) L’Église d’Albanie, indépendante de fait depuis