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SCHISME BYZANTIN. EXTENSION


du synode de Laodicée… ! De nos jours encore, on n’est pas complètement guéri de ce mal dans les Églises autocéphales de rite byzantin.

III. Le développement du schisme de la fin du xi f SIÈCLE au xv ». Les essais d’union. — I. EXTEN-SION DO SCHISME. — Considérés dans la trame générale de l’histoire, 1rs événements qui se déroulèrent à Constantinople en juin-juillet 1054, entre les légats romains et Michel Cérulaire, font figure d’un simple incident. C’est bien sous cet angle que les ont envisagés les contemporains, aussi bien du côté byzantin que du côté latin. Cf. article Michel Cérulaire, t. x, col. 1701-1702. Ils ne modifièrent en rien le statu quo des relations entre les Églises.

Les patriarcats orientaux.

 A Constantinople et

à Antioche, on n’inscrivait plus depuis longtemps le nom du pape sur les diptyques. On persévéra dans cette attitude. Rien ne permet d’affirmer qu’il y ait eu, à ce moment et jusqu'à la fin du xie siècle, quelque chose qui ressemblât à une proclamation officielle du schisme vis-à-vis de l'Église romaine malgré les affirmations contraires de certains auteurs postérieurs, comme Georges le Métochite, Michel Blastarès et Georges Phrantzès. Cf. V. Laurent, Notes critiques sur le schisme de Michel Cérulaire, dans les Échos d’Orient, t. xxxi, 1932, p. 101. Ce qui est sûr, c’est que, sans faire d’autre éclat que la publication de son Édit synodal, Michel Cérulaire s’employa, par sa correspondance avec les patriarches orientaux, à détacher ces derniers de la communion romaine. C’est ce qui ressort de sa seconde lettre à Pierre d’Antioche, écrite après les événements de juillet 1054.

Quel fut le résultat de cette propagande ? Elle dut être efficace auprès de Pierre d’Antioche ; car cet unioniste de cœur était, au fond, un timide. Il se défendit énergiquement, dans sa réponse, d’avoir pris l’initiative d’inscrire le nom du pape dans les diptyques de son Église. Comment aurait-il pu en agir ainsi, avant que l'Église de Constantinople n’eût elle-même fait ce geste, lui un nourrisson de cette Église, lui le défenseur zélé de ses privilèges ? Epist. ad Michælem, 3, P. G., t. cxx, col. 796. Il y a donc tout à parier que, malgré le geste du début de son pontificat, malgré cette lettre irénique envoyée alors au pape, il évita de faire le pas décisif et n’inscrivit pas sur ses diptyques le nom du successeur de Léon IX, parce que Cérulaire lui-même s’y refusa. Cela est d’autant plus vraisemblable que, la réponse de Léon IX à sa lettre enthronistique lui étant parvenue sur ces entrefaites, il ne put la déchiffrer et l’envoya à Cérulaire lui-même pour en avoir une traduction grecque. Epist. ad Michælem, 21, ibid., col. 813 C. La lettre romaine insistait sur la primauté romaine et mettait Pierre en garde contre « toute racine d’amertume et de dissension » qui pourrait bien pousser dans les parages orientaux. Comme elle l’exhortait aussi à défendre les droits du siège d’Antioche contre les entreprises de tiers arrogants, cf. P. L., t. cxliii, col. 709-773, on peut conjecturer ce qn’en fit Cérulaire. Pierre dut donc continuer, comme par le passé, à régler sa conduite sur celle de la Grande Église, dont il se proclamait le nourrisson.

Quant aux patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem, il est douteux que l’intervention de Cérulaire ait eu sur eux l’effet souhaité, l’eut être, cependant,

ces prélats suspendirent-ils momentanément l’envoi de leurs Ici 1res iréniques au pape et l’inscription de son nom dans les diptyques. Nous ignorons d’ailleurs si, antérieurement à 105 I. ils étaient habituellement fidèles à remplir ces obligations protocolaires. L'éloignemenl des lieux, le manque de courriers, le danger de se compromettre auprès des souverains infidèles

devaient sans doute bien souvent empêcher les

communications avec l’Occident. Pierre d’Antioche, qui cependant était sujet du basileus nous apprend lui-même qu’il profitait du passage de pèlerins ou de marchands pour expédier ses lettres en Italie. Le patriarche de Jérusalem avait plus d’occasions que ses collègues d’Alexandrie et d’Antioche de recourir à des intermédiaires de ce genre. Encore devait-il agir avec prudence. Ce qui est sûr, c’est qu’au début de la première croisade les patriarches d’Antioche et de Jérusalem entrèrent en communion avec les prélats latins qui faisaient partie de l’expédition. Siméon, patriarche de Jérusalem, rédigeait, à la fin de 1097, un appel aux chrétiens d’Occident de concert avec le légat du Saint-Siège Adhémar, évêque du Puy, pour leur demander du secours contre les infidèles. Cf. Hagenmeyer, Die Kreuzzugbriefe (1088-1100), Inspruck, 1901. Epist., vi, p. 111. Un peu plus tard, le 15 janvier 1098, une nouvelle lettre à l’adresse de l'Église d’Occident débutait ainsi : « Le patriarche de Jérusalem, les évêques tant grecs que latins et toute la milice du Seigneur, à l'Église d’Occident. » Ibid., Epist., ix, ]). 146. A Antioche, qui avait repassé sous le joug musulman en 1085, le patriarche melkite Jean V fut pendant deux ans, de 1098 à 1100, le pasteur des Grecs et des Latins habitant la cité reconquise. Les deux clergés fraternisèrent malgré la différence du pain fermenté et du pain azyme. Sans l’intransigeance des chefs normands, qui voulurent latiniser de force le patriarcat, l’entente fraternelle aurait sans doute persévéré. En 1100, Jean V quitta Antioche pour Constantinople et se livra bientôt à des attaques polémiques contre les Latins, comme en témoigne son opuscule sur les azymes, publié par le P. Leib dans les Orientalia christiana, t. ii, p. 24 1-263. Dès 1105, on lui donna un successeur, Jean VI, qui ne vit jamais son siège. Cf. V. Grumel, Les patriarches grecs d’Antioche du nom de Jean, dans les Échos d’Orient, t. xxxii, 1933, p. 286-298.

2° L'Église russe. — Du côté de l'Église russe, nous ne découvrons aucune trace d’antilatinis.me avant le métropolite Jean II (1077-1089), un Grec envoyé de Constantinople, qui avait lu les lettres de Michel Cérulaire à Pierre d’Antioche et les autres opuscules polémiques écrits aux alentours de 1051. On a voulu attribuer au métropolite Georges (1035-1077?) un opuscule intitulé : Dispute avec un Latin, où l’on trouve énumérés la plupart des griefs contre les Latins qui se lisent dans le Traité contre les Francs. Voir art. Russie, col. 218. Les critiques russes les plus récents sont unanimes à voir dans cette compilation une œuvre de beaucoup postérieure au xie siècle. Nous ne parlons pas d’un prétendu traité contre les azymes de Léon (ou Léonce), premier métropolite de Kiev (ou de Prestava ) sur la fin du xe siècle. Ibid., col. 217. Il est établi que le métropolite et son opuscule sont des inventions des chroniqueurs p >stérieurs. Il n’y a pas eu de question des aLym s avant Michel Cérulaire.

Comme nous l’avons dit plus haut, col. 1345, ce n’est vraisemblablement qu’après la mort du grand kniaz Jaroslav (1054) que la métropole de Kiev fut officiellement incorporée au patriarcat œcuménique en des circonstances encore inconnues. La guerre civile qui éclata entre les fils de Jaroslav, après 1058, dut sans doute tourner vers Byzance Svjatoslav, l’adversaire de l’héritier légitime, qui était Izjaslav. Le fait que celui-ci demanda la protection du roi de Pologne, puis celle de l’empereur d’Allemagne, enfin celle du pape, pul suggérer à Svjatoslav et aussi à son frère Vsévolod, qui en 1016 avait épousé une fille de Constantin Monomaque et qui fil cause commune avec lui, l’idée de s’appuyer sur la cour byzantine. L’appel d' Izjaslav au pape Grégoire VII, à qui il avait fait hommage de s ; i principauté de Kiev, ne resta pas