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    1. SCHISME BYZ##


SCHISME BYZ. PHOTIUS

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los, dans Échos d’Orient, t. xxix, 1930, p. 257-264. Mais nous n’arrivons pas non plus à découvrir dans le texte signalé la preuve que l’on y cherche. Tout au contraire nous y verrions bien plutôt une preuve de l’authenticité de la vie et de la viie session.

Ainsi les actes grecs, tels que Rader les a donnés, nous paraissent bien authentiques. Mais une autre question se pose : Jean VIII les a-t-il connus dans une version exacte et complète ? Nous ne le pensons pas. Gomme ou l’a dit à l’art. Jean VIII, t. viii, col. 607, à l’art. Photius, col. 1554, il nous reste, tant dans Yves de Chartres que dans la collection canonique du cardinal Deusdedit, des fragments d’une vieille traduction latine du concile photien. Or, la comparaison de ces fragments avec le texte grec montre : 1. qu’il s’agit bien d’une traduction des actes grecs (en ce qui concerne les lettres de Jean VIII, il s’agit bien d’une traduction des lettres authentiques et non, comme il a été hypothétiquement avancé à l’article Jean VIII, col. 607, d’une seconde rédaction latine de ces lettres exécutée au dernier moment par la Curie) ; 2. que, tout en reproduisant le texte grec pour l’essentiel, la traduction omet les épithètes, les expressions, les passages par trop choquants pour des oreilles romaines. Ceci est très visible dans la traduction de la lettre de Jean VIII aux empereurs, lue à la iie session, comme il résulte de la comparaison suivante :

Suscipite virum sine ali-Recipite eura sine excusa qua excusatione. Nemo prae-tione. Nullus excuset se pro

texat eas quæ contra ipsum synodis contra eura peractis.

factæ sunt injustas synodos. Nullus sanctorum præde NJemo, ut plerisque videtur cessorum meorum Nicolai et

iraperitisac rudibus, decesso-Adriani sententias contra

rum nostrorum, Nicolai in-eum causetur de ipso enim

quam et Hadriani, décréta subreptum est illis [i. e. sen culpet ; neque enim ab ipsis tentiis]. Yves de Chartres,

suscepta sunt quoecumque dans Mansi, Concil., t. xvii,

adversus sanctissimum Pho-col. 527-530. tium agitata Traduction latine des Actes dans Hardouin, Concil., t. vi, col. 238 A.

Au lieu d’une abrogation pure et simple des « injustes synodes ».. dont Nicolas I er ni Adrien n’ont reçu les décrets, il s’agit chez Yves d’une dérogation aux sentences portées par ceux-ci contre Photius.

De même les extraits des actes fournis par Deusdedit sont conformes pour le fond avec le texte grec ; mais ça et là diverses particularités indiquent une traduction libre et même une rédaction indépendante. Ainsi à la IIe session, on trouve une précision historique d’un grand poid :  ; pour notre hypothèse. Alors que les actes grecs font dire à Photius : Exacto in patriarchali sede tanto jam tempore, neque pallium ordinationis misimus…, le recueil de Deusdedit porte : Nos tertium jam annum in sacerdotali ihrono habentes (ce qui est tout à fait exact) neque pallium misimus, etc.

Les choses se passent comme si, aussitôt après le synode photien et avant le départ des légats, on avait rédigé, à Constantinople, un résumé latin des actes à l’intention de la Curie. On y a mis tout l’essentiel de ce qui avait été fait, dit, lii, en omettant ce qui aurait pu sembler désagréable au pape et à son entourage. C’est par ce moyen que Jean VIII aura d’abord connu le synode. À moins que l’on ne préfère une autre hypothèse, selon laquelle les légats auraient apporté à Rome un résumé des actes grecs, qui aurait été traduit à la Cur.e même, le texte complet avec toute la mise en scène organisée pour glorifier Photius étant resté inconnu des Romains.

Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le pape n’a pas donné d’approbation positive et sans restriction à tout ce qui s’est dit et fait au concile de 879-880. La lettre de Jean VIII à Photius

montre bien que-ce pape s’est aperçu qu’au concile toutes ses volontés n’avaient pas été exécutées et que plusieurs de ses dispositions avaient été altérées. Voir surtout Hardouin, t. vi, col. 87 D. Sans vouloir pousser trop loin ses investigations, il approuve ce qui s’est fait « miséricordieusement » en vue de rétablir Photius sur le siège patriarcal, mais il déclare de nulle valeur « ce que ses légats auraient pu accomplir de contraire à ses prescriptions ». Ibid., col. 87-88 ; comparer la lettre aux basileis, col. 88-89. Somme toute, Jean VIII n’a donc approuvé qu’une seule chose : le rétablissement de Photius sur le siège patriarcal. Voir Photius, t.xii, col. 1592.

2. Les suites de l’affaire photienne.

Les travaux ci-dessus énumérés ont rendu infiniment probable la solution suivant laquelle la communion n’aurait plus été rompue entre Rome et Constantinople, au moins jusqu’au temps du pape Formose (891-896). Ni sous le pape Marin, ni sous Etienne V, en dépit de froissements assez vifs, il n’y eut rupture officielle. À la fin de 880, Photius disparaît, et sa déposition facilite les rapports entre les deux sièges. Le patriarche Etienne, frère du basileus Léon VI, est reconnu par Rome, encore qu’il ait reçu le diaconat des mains de Photius et qu’il soit regardé comme « photien » par le parti des ignaciens, c’est-à-dire des intransigeants. Ceux-ci, de plus en plus ancrés dans leur schisme, essaient vainement d’obtenir pour leur attitude l’approbation de Rome. Cet état dure au moins jusqu’au pontificat de Formose. Sous ce dernier, s’il faut en croire le P. Grumel, contredit d’ailleurs par F. Dvornik, il y aurait eu une nouvelle rupture entre Rome et l'Église officielle, qualifiée par ses adversaires de photienne. Pour donner aux ignaciens un semblant de satisfaction et les amener à l’union, Formose aurait exigé des clercs ordonnés par Photius lors de son premier patriarcat un acte de repentance. Cette mesure aurait amené une nouvelle séparation entre Rome et l'Église officielle de Constantinople, sans rallier d’ailleurs les ignaciens.

Admise cette hypothèse, admise aussi la survivance de Photius (déposé) jusque vers 897-898, admise enfin la composition par lui de la Mystagogie du Saint-Esprit sous le pontificat de Formose, on comprendrait mieux le ton acerbe de cet écrit à l’endroit des Occidentaux. La raison en serait que Formose aurait pris quelque mesure ayant blessé la susceptibilité de l’expalriarche. C'était peut-être pour une raison analogue qu’une dizaine d’années plus tôt, à l'époque du pape Marin, Photius avait rouvert l’attaque contre les Occidentaux au sujet du Filioque dans la lettre à l’archevêque d’Aquilée.

lui tout état de cause, qu’il y ait eu ou non schisme entre Rome et Constantinople sous Formose, il est certain que par les soins de la Curie romaine l’union se rétablit d’une part à Constantinople entre l'Église officielle (photienne) et les ignaciens (au moins les plus modérés), d’autre paît, si tant est que cela fût nécessaire, entre l'Église romaine et celle de Constantinople. Seule la question de date est assez difficile à fixer, et il y a débat entre les érudits qui se sont occ ipés de la question. Voir A. Vogt, Note sur la chronologie des patriarches, dans Échos d’Orient, t. xxxii, 1933, p. 275278 ; H. Grégoire, Études sur le ixe siècle, dans Byzantion, t. viii, 1933, p. 540-550 ; F. Dvornik, ouvrage et article cités, col. 1339 ; V. Grumel, art. cit. et Chronologie des événements du règne de Léon VI, dans Échos d’Orient, t. xxxv, 1936, p. 6-8, 13-17 ; cf. Regestes du patriarcat, fasc. 2, n. 590, p. 132. A. Vogt et V. Grumel, se fondant sur le Klvtorologion de Philothée (inséré dans le De cœremoniis, P. G., t. cxii, col. 1353-1356), placent l’union sous Jean IX (avril 898-mai 900) et le patriarche Antoine Cauléas (qu’ils font siéger d’août 893 à février 901), et plus précisément au milieu de 899,