Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/650

Cette page n’a pas encore été corrigée

1285

SCHILDERE (LOUIS DE)

SCHISME

L286

Au sujet des ouvrages du P. de Schildereil faut, pour être complet, ajouter qu’il a laissé un certain nombre d’ouvrages inédits, dont Sommervogcl nous donne les titres : De charitate proximi, de jure et justifia, De sacramentis in génère et in specie.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 782785 ; Hurler, Nomenclator, 3e éd., t. vi, col. 291 ; Bibliogr. nationale (Acadérnie royale de Belgique), t. v, 1870, col. 719, De Schildere Lotis (lïnile Varenbergh) ; Dôllinger-Reusch, (ieschichle (1er Moralstreitinkeiten…, 1880, t. i, p. 51 et t. ii, p. 74, 80, 85.

R. Brouillard.

    1. SCHILDIZ (Hermann de)##


SCHILDIZ (Hermann de), t 1357, défenseur de la cause pontificale sous Jean XXII. — Originaire de Schildesche ou Schildiz en Westphalie, il entra dans l’ordre des augustins et vint achever ses études à Paris vers 1320. Il y professa le cours de Bible en 1326-1327, puis la théologie, enseignement coupé de quelques séjours au couvent d’Herford. En 1337, il devint provincial pour la Saxe et la Thuringe, puis vicaire général et pénitencier de l'évêque Otton de Wurzbourg. Il mourut dans l’exercice de ces fonctions, le 8 juillet 1357.

Hermann est l’auteur de plusieurs ouvrages de droit canonique et de théologie pastorale, notamment d’un Spéculum sacerdolum, souvent imprimé, et d’un Introductorium juris, qui lui assure une place importante dans l’histoire du droit. Il avait aussi commenté Aristote et le premier livre des Sentences. Parmi ses œuvres théologiques, les plus saillantes sont un De conceptione Maria* et un traité de circonstance, Contra flagellatores. Mais il prit surtout une part considérable au conflit politico-religieux qui de son temps mettait aux prises le Saint-Siège et l’empereur Louis de Bavière.

Vers 1327-1328, il avait composé et dédié au pape Jean XXII un petit traité contre les erreurs de Marsile de Padoue, aujourd’hui perdu. Il y ajouta plus tard, vers 1330-1331, un traité en deux livres. Contra hæreticos negantes immunitatem et jurisdictionem sanctee Ecclesiæ, dédié également à Jean XXII, auquel il joignit le précédent comme troisième partie. Les deux premières seules se sont conservées ; mais elles suffisent pour mériter à leur auteur d'être inscrit en bon rang parmi les fondateurs de l’ecclésiologie.

Car, bien qu’il soit inspiré par les événements de l'époque, l’ouvrage se développe en un véritable traité, De Ecclesia. À la base, Hermann pose le double dogme de l’unité de l'Église, qui fait d’elle le principe de toute juridiction, et de son infaillibilité, i, 1-5. Ces principes généraux sont ensuite longuement appliqués a l'Église romaine, dont il établit la primauté et la souveraine autorité doctrinale, la pleine juridiction spirituelle et temporelle qui lui vaut d'être la source et la règle de tout pouvoir ici-bas. i, G-14. Non seulement les pouvoirs ecclésiastiques, mais encore temporalia omnium principum ctiam laycorum de jure dépendent ab Ecclesia. i, 14, édition Scholz, p. 130-139. En conséquence, la donation de Constantin et celles des autres princes ne peuvent être qu’une reconnaissance des droits antérieurs de l'Église, i, 15-16. D’où résulte pour tous un grave devoir d’obéissance, que l'Église peut, au besoin, requérir par l’intermédiaire du bras séculier, i, 17-20.

Les pouvoirs et privilèges de l'Église romaine s’incarnent évidemment, d’une manière éminente, dans le pape son chef. Hermann consacre toute sa deuxième partie à en faire l’analyse et la preuve. Pour lui, le pape est solus immediatus vicarius Christi, les autres prélats tenant leur juridiction spirituelle medianteauctorilate Romani Pontificis. ii, 1-3. Il est le juge de tous et n’est jugé par personne, 4-6 ; il reçoit le Saint-Esprit comme Pierre et possède la suprême autorité dans l’ordre de la doctrine, 7-9, non moins que de la juridiction pénitenlielle, 10-11. De lui dérive tout pouvoir

juste, même au temporel, 12 ; aussi toutes ses lois, à la différence des lois civiles, sont-elles obligatoires sub necessitate salutis, 13-15.

En ce qui concerne la position de l'Église par rapport à l'État, Hermann est donc un nouveau témoin du pouvoir direct ; mais l’intérêt spécial de son œuvre vient de ce que cette doctrine est incorporée chez lui. comme chez Jacques de Viterbe, voir t. viii, col. 307, dans une systématisation complète du pouvoir pontifical. Sur ses contemporains, voir déjà Lamuert Guerric, Opicino de Canistris, Pérouse ( André de). et, plus bas, Spiritalis, Toti.

Em. Seckel, Beitrai/e zur Geschichte beider Redite im Mittelalter, t. r, Tubingue, 181)8, p. 129-221 et 503-507, où sont îéuais les derniers renseignements sur la biographie et la bibliographie de l’auteur. Le traité Contra hereticos est analysé dans H. Scholz, Unbekannle Kirclienpolitische Streitschriften ans der Zeit Ludwigs des Bayern, t. i, Rome, 1911, p. 50-60 ; publié par le même auteur, avec beaucoup de coupures, au t. n du même ouvrage, Rome, 1914, p. 130l.">3, d’après un ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, lut. 4-J3L', fol. 132-17."..

J. Rivière.

SCH ISIVl E. — Le schisme est une séparation voulue de l’unité ou de la communion ecclésiastique ; c’est aussi l'état de séparation ou le groupement chrétien constitué en un tel état : le schisme grec. Le schismatique est celui qui fait schisme, qu’il soit le fauteur ou le responsable du schisme, ou qu’il y adhère seulement par conviction ou simplement de fait. Il n’y a pas de mot spécial, comme hérésiarque vis-à-vis d’hérésie, pour désigner le fauteur de schisme : les mots schismatarcha employé par saint Bernard, Epist., cxxvi, P. L., t. clxxxii, col. 273, et schismatiarcha employé par les Gesta Innocenta III, P. L., t. ccxiv, col. clxxix, sont exceptionnels et n’ont pas de correspondant français. — I. Le mot. Son emploi scripturaire. IL La notion de schisme. Aperçu historique (col. 1288).

III. La notion de schisme, partie spéculative (col. 1299).

IV. Le schisme comme délit (col. 1311).

I. Le mot. Emploi scripturaire. — Le mot est passé du grec, par l’emploi qu’en a fait le Nouveau Testament (pas d’emploi dans les LXX, qui ne connaissent que es/j.G{U)), dans le latin ecclésiastique, puis dans les langues modernes ; il n’est pas du vocabulaire latin classique. Malgré différentes équivalences qu’on trouve chez les écrivains latins du ine et du ive siècle, telles que scissura, discidium, divortium, discretio, discordia, dissensio, separatio, preecisio, c’est la simple transcription du mot grec qui a prévalu dans le latin ecclésiastique, où elle a pris, comme elle le fera ensuite dans les langues modernes, un sens particulier, relatif à l’unité de l'Église chrétienne : cf. IL Pétré, Hærcsis, schisma et leurs synonymes latins, dans Revue des éludes latines, 1937, p. 316-325.

Hyto-ji.* (de ayjXjsiv, fendre), signifie au sens propre fente ou déchirure : ainsi Aristote parle-t-il du pied fendu du chameau, Hist. anim., II, i, 26, et le Pasteur d’Hermas de pierres fendues, Sim., IX, viii, 4. Le mot est employé au sens propre de déchirure dans l'Évangile, Matth., ix, 16 ; Marc, ii, 21 ; cf. Luc, v, 36. Au sens figuré, er/îrjua signifie dissentiment, divergence d’opinion : rare, semble-t-il, en ce sens, dans le grec classique (cf. cependant Xénophon, èayioQqG-xv, Conv., iv, 59, pour désigner une divergence d’avis amicale), il est employé dans l'évangile de saint Jean pour désigner la division des opinions au sujet du Christ chez les juifs, leur désaccord né d’une discussion à son sujet, vii, 43 ; ix, 16 ; x, 19. Mais c’est de l’emploi du mot par saint Paul que dérive très certainement son usage ecclésiastique. Il apparaît trois fois dans la I re aux Corinthiens, où il se réfère aux troubles survenus dans l'Église de Corinthe : « Moi, je vous mande, frères, par le nom de Notre-Seigneur Jésus-