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SCHIFFINI (SANTO) SCHILDERE (LOUIS DE’y


losophicæ ad mentem Aquinatis in compendium redactse, t. i : Logica et Metaphysica ; t. n : Ethica sive moralis.

Théologie.

Sous le titre général de Aduersaria

Iheologica, Schifflni publia d’abord pour l’usage scolaire et sous une forme succincte les traités De vera religione, De verbo Dei scripto et tradito, De gratin, De virtuiibus infusis. Il avait l’intention de reprendre ces mêmes traités sous une forme plus développée et définitive, ('/est ainsi qu’il publia Tractatus de gratia, Fribourg, 1901 ; Tractatus de virtutibus, Fribourg, 1904. Parallèlement à ses l’rincipia philosophica il désirait réunir sous le titre de Principia théologien k’s traités De vera religione et De regulis ftdei. Les controverses très vives au sujet de l’inspiration et de l’inerrance de l'Écriture le décidèrent à publier d’abord séparément Divinitas Scripturarum adversus hodiernas novitates asserta et vindicata, Turin, 190ô. La mort l’empêcha de faire imprimer les autres parties des Principia. L’ouvrage, dont le manuscrit était presque achevé, fut édité après la mort de l’auteur sous le titre : De vera religione sen de Christi Ecclesia ejusque munere doctrinali, Sienne, 1908. Bien que l’auteur n’ait pas pu y mettre la dernière main, l’ouvrage reste précieux surtout par la solidité de l’argumentation et la réfutation de l'évolutionnisme dogmatique.

I.etlrrc délia provincia Torinese ilrlla Compagnia <li Gesii, 1907, p. 201 sq. ; Hurter, Nomenclator, 3 « éd., t. v, col. L910.

A. Taverna.

    1. SCHILDERE or SCILDERE (Louis de)##


SCHILDERE or SCILDERE (Louis de), jésuite flamand, né à Bruges le 5 octobre 1600. Il entra dans la Compagnie le 30 septembre 1024. Après avoir professé les humanités et la philosophie, il enseigna la théologie à Louvain, au collège de la Compagnie. Ce dernier enseignement eut grand succès et dura vingt-deux ans. Le P. de Schildere était du reste non inoins remarquable par ses vertus que par sa doctrine (Hurter). Il mourut à Bruges le 17 juin 1607.

Au nombre de ses ouvrages, il faut d’abord met lie toute une série de thèses publiées et soutenues sous sa présidence par ses élèves. Sommervogd cite 23 de ces opuscules, datés de 1042 à 1053. Le plus considérable est une Synopsis iheologica de sacrameniis Ecclesise, Louvain, 1048, in-fol., où les thèses sont présentées sous une forme étendue et raisonnée ; elles furent exposées et défendues par Humbcrt de Precipiano, qui devint évoque de Bruges, puis archevêque de Malines.

Le 1'. de Schildere fil en outre paraître sons son nom un ouvrage sur la formation de la conscience : De principiis conscicnliir formandæ tractatus sex, tum in jure naliinc ac divino, tum in humano, canonico ac civili fundati, Anvers, 1664, in-8°, 77(5 p. Deux passages de cet ouvrage méritent d'être relevés pour l’histoire de la théologie morale. Le premier concerne le probabilisme. Thyrsc Gonzalez, dans le Fundamentum theol. moralis, Rome, 1694, citeà deux reprises (Introït., n. 16 et Dissert.. I, $ ">, n. 20), le 1'. de Schildere comme ayant professé dans le De principiis conscientise for manda, une doctrine conforme à la sienne. En preuve, il apporte, avec un texte peu significatif de la Préface, la définition donnée tract. ii, cap. ii, n. 12, de la probabilité : Esseassensum cum formidine innixum ralioni bus gn » bus, exquibus vir consideratus, post argumenta contraria consideratætsoluta, in negoliis magni momenli concludere solet… ; d’où il suit : 71, 111/ quando pro utraque parle rationes occurrunt neque rationes unius partis longe superant alias, opinio formata non est probabilis. Gonzalez conclui a la nécessité, pour aller contre la loi, d’une vraisemblance sensiblement pins grande, ci il ajoute : lunir scnlrntitim Pains Scildere, sallem qua tenus spécial <lr/inilioncm sententur probabilis, Com muniter secuti sunt Prof essores Societatis I ovanienses et Anloerpienses in thesibus impressis. La conclusion de Gonzalez ne manquait pas de logique. Sans doute son.

l’influence de l’université lovanienne, où l’on réagissait contre le laxisme, le P. de Schildere tendait à s'éloigner du probabilisme ; notons cependant que, dans son ouvrage, il ne l’attaque pas ouvertement. Aussi, dans les discussions qui suivirent sur ce sujet, n’a-t-il été guère Invoqué, ni cité. Les seules mentions que nous ayons rencontrées de son nom avec allusion au texte apporté par Gonzalez sont celles faites à trois reprises dans le mémoire écrit en faveur de la publication du livre de ce dernier, et publié par Dollingcr-Reusch, Gcschichle (1er Moralslreitigkeilen…, t. ii, p. 74-80, 85 ; ils l’attribuent au secrétaire de la Compagnie, le 1'. /Egidius Lstrix. Dans les travaux de ces dernières années sur le probabilisme, il n’est pas davantage, à notre connaissance, question du P. de Schildere.

Le second texte intéressant de cet auteur se rapporte au baptême des enfants dans le sein de la mère. Dans le De principiis conscientise formandse, tract. VI, cap. 11, il soutenait la validité probable du baptême intra-utérin, si du moins l’eau baptismale atteignait l’enfant ou même les enveloppes entourant ce dernier, la licéité de cette pratique en cas d’urgence et sa facilité pour l’accoucheuse ou le chirugien grâce surtout à un instrument médical. Cette question, on le sait, allait être vivement discutée au xviiie siècle, jusqu'à ce qu’elle fût tranchée en un sens favorable au P. de Schildere par Benoît XIV, De synodo, t. VII, c. v, n. 3 sq., et saint Alphonse, Theol. mor., t. VI, n. 107. Mais si, bien avant cette discussion, le professeur de Louvain se prononçait aussi nettement, jusqu'à quel point Sommervogel est-il fondé à dire : « peut-être, est-il le premier à avoir soutenu la légitimité de cette pratique ? » Lu faveur de cette appréciation, on pourrait citer un de ceux qui allaient défendre avec le plus d'àprelé l’opinion contraire, le P. J. H. Serry, O. P. I)ans ses Præledwncs Iheologiæ, t. iv, præl. xix, Venise, 17 12, p. 200, cet auteur donne en effet précisément Schildere et Gobât comme les premiers modernes à admettre la licéité du baptême intra-utérin, contre saint Augustin, saint Thomas, le décret de Gratien et le Rituel (cf. Experientiæ iheolog. de Gobât, tract. II, sect. ii, 1659). Mais, en réalité, la documentation de Serry est, sur ce point, bien restreinte. Ni Schildere, ni Gobât ne se donnaient comme apportant une doctrine nouvelle ; ils prétendaient bien au contraire s’appuyer sur toute une série d’auteurs, qui, avant eux, avaient professé qu’on peut renaître à la vie de la grâce avant d'être né d’une naissance naturelle et normale, ainsi Gabriel, Victoria, V al entia, Tanner, Lcssius, Tolet, etc. Ce qu’il y avait de vraiment nouveau chez le P. de Schildere— et ce en quoi il précède Gobât lui-même, qui l’utilise, c’est, dans le n. 9 du chapitre indiqué plus haut, l’affirmation donnée, d’après des témoignages de pi al iciens, que ce baptême était possible et qu’il était aisé-, même avant tout début d’accouchement. Le professeur de Louvain avait eu le mérite de s’informer auprès de ceux qui étaient compétents. Au milieu du XVIIIe siècle, en défendant les mêmes vues contre Serry, un auteur de médecine pastorale qui eut alors une grande influence en ces matières, F.-E. Cangiamila (cf. Sacra embrgologia, Borne, 1754, 1. 1 1 1, c. viii). reconnaîtra la bonne information de Schildere et de Gobât et fera triompher leur opinion. Sur un point de détail, Schildere ni' peut cependant être suivi aujourd’hui : comme Benoit XIV du reste, il admettait que le baptême sur l’extérieur des membranes enveloppant le Fœtus axait une grande probabilité de validité ; actuellement le développement embryonnaire mieux connu tend plutôt à diminuer, sinon à faire évanouir cette probabilité, Mais pour le reste, ses vues et même ses

recommandations pratiques m-trouvent en cette matière d’accord avec les enseignements des moralistes modernes.