Lettres d’un docteur allemand de. l’université catholique de Strasbourg à un gentilhomme protestant, sur les six obstacles au salut, qui se rencontrent dans la religion luthérienne. Ces lettres, au nombre de six, parurent d’abord séparément, puis réunies en volume à Strasbourg en 1720. Elles ont été souvent rééditées, soit seules, soit avee la série suivante. I.e nom de l’auteur ne Qgure pas en tête du volume, mais il se trouve dans l’approbation du provincial et à la fin de la dernière lettre. Les lettres développent les six raisons pour lesquelles « en restant dans le luthéranisme, il n’y a pas de salut à espérer » : le luthérien est séparé de la véritable Église ; il n’a qu’une foi humaine et chancelante, fondée sur de pures opinions ou sur des interprétalions incertaines et arbitraires de l'Écriture ; il est en révolte contre l’autorité ecclésiastique établie par Dieu ; il est privé de l’absolution sacramentelle, moyen nécessaire pour la rémission des péchés ; il ne reçoit pas le corps et le sang du Christ ; il adhère à des doctrines hérétiques. Ces lettres, dont on trouvera une analyse détaillée dans les Mémoires de. Trévoux, juin 1728, p. 1089-1122, provoquèrent plusieurs réponses protestantes, cf. Sommervogel. — Lettres d’un théologien de. l’université catholique de Strasbourg à un des principaux magistrats de la même ville faisant profession île. suivre, la Confession d’Augsbourg, sur les six principaux obstacles à la conversion des protestants, Strasbourg, 1732, nombreuses rééditions. Cette série comprend également six lettres ; le nom de l’auteur est indiqué de la même façon que dans la série précédente. Elles exposent les sujets suivants : le sacrifice de la messe, la présence permanente du Christ dans l’eucharistie, la communion sous une seule espèce, l’invocation des saints, le purgatoire, la justification. Voir Mémoires de Trévoux, février 1733, p. 193-222 et mars 1733, p. 475-495. Les deux séries ont été souvent éditées ensemble. Une édition en 3 volumes parue à Rouen en 1769 contient une treizième lettre, sur la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Elle n’est pas de Scheffmacher, mais de l'éditeur, Terrisse, doyen de Sorbonne et du chapitre de Rouen (cf. Sommervogel, t. vit, col. 730) ; elle a cependant été éditée séparément, sous le nom du jésuite alsacien, à Grenoble, en 1821. Une édition des douze lettres en quatre volumes parut à Lyon, en 1739, par les soins du chanoine A. -B. Caillau ; l'éditeur ajouta aux lettres de Scheffmacher quelques autres traités et dissertations et s’efforça « d’alléger un peu la pesanteur du style ». Elle sont reproduites dans la collection de Migne, La perpétuité de la foi de V Église catholique sur l’eucharistie, t. iv, col. 915-1348. Une traduction allemande parut àRothenburgen 1752. — Defjense de l’invocation des saints, contre un écrit anom/me daté de Schafhouse, se disant imprimé à Fiéile, par l’autheur des douze Lettres…, Strasbourg, 1733. Cet opuscule a été reproduit à la suite des Lettres dans l'édition de Caillau et dans la publication de Migne.
Sommervogel, Bibl. de ta Comp. de Jésus, t. vil, col. 727733 ; E. Rivière, Corrections et additions à In Bibl. île la Comp. ilr Jésus, col. 7 !)1 et 1217 ; Hurler, Xomencttitor, .' ! » éd., t. iv, col. 1045-1047 ; I.. Koch, Jesuiten-Lexlkon, col. 1601.
J.-P. Grausem.
- SCHELL Hermann##
SCHELL Hermann, professeur de théologie à
Wurtzbourg (1850-1901 ;). - Hermann Schell naquit a
Fribourg-en-Brisgau le 28 février 1850. Entré au
grand séminaire de cette ville en 1868, il s’y distingua
par son goût [mur les recherches spéculatives et avant
son ordination sacerdotale il se rendit à Wurl Lbourg
dans le but d’y étudier la philosophie sous la direction
de Franz Brentano. l’eu de temps après son ordination
sacerdotale, il publia en 1873 sa thèse de doctorat en
philosophie sur L’unité de la vie de l'âme selon Arislole
(Die Einheit des Seelenlebens nach Aristoteles), Schell
y prend la défense du Stag’rite contre E. Zeller, qui
lui avait reproché de ne pas avoir su établir l’unité de
l’Ame et aussi contre E. de Hartmann qui, dans sa
Philosophie de l’inconscient, n’avait vu dans la vie
consciente de l'âme qu’un phénomène issu de l’activité
de l’inconscient. Tout en défendant Aristote contre
ses détracteurs modernes, Schell marquait suffisamment que la métaphysique dynamique de Platon lui
semblait mieux convenir à la défense des conceptions
chrétiennes de Dieu et de l’esprit contre le scepticisme
moderne que celle, à son avis trop statique, du vieux
maître du Lycée. Cette préférence de Schell pour Platon dans la présentation de saint Augustin a caractérisé toute son activité théologique. En 1883, il présenta à la faculté de théologie de Tubingue comme
thèse pour le doctorat en théologie une volumineuse
étude sur L’activité de Dieu un et Irine (Das Wirken des
Dreieinigen Gottes). Cette thèse qui est f mdie sur une
étude approfondie de la patristique tant grecque que
latine, tend à démontrer que dans la Trinité se manifeste la plénitude de la vie et de la perfection divine,
ainsi cpie la possession de la sagesse et de l’amour et
que le dogme trinitaire unissant la simplicité de l'être à
la plénitude de l’action, permet de donner une explication de l’essence et de l’existence divine ainsi que de
la création. Voir art. Schell, dans Lexicon fur Theol.
und Kirchc, t. ix, col. 232 sq. Avant de paraître en
librairie en 1885, cette thèse avait valu à son auteur
la chaire d’apologétique de la faculté de théologie de
Wurtzbourg, dans laquelle il remplaça Hettinger. Dans
sa Théologie dogmatique, qu’il publia en trois volumes,
de 1889 à 1893, Schell a repris et amplifié les idées
maîtresses de sa thèse. Dieu y est défini actus purus ad
extra et ad intra, ratio et causa sui et mundi, nécessaire
en soi et libre quant à la création, unité absolue et trinité relative. La révélation y est présentée comme une
libre manifestation de la vie divine, laquelle est seule
capable de donner à l’homme la plénitude de sagesse
et de force qui lui est accessible. En eschatologie,
Schell semble minimiser le dogme de l'éternité des
peines de l’enfer, sans doute parce que, pour lui, le
péché mortel n’est constitué que par une révolte
directe et ouverte contre Dieu (Sûnde mit der erhobenen Hand). Cf. art. Schell, dans Lexicon fur Theol. und
Kirche, t. ix, col. 232 ; Kiefl, Hermann Schell, Mayence,
1907, p. 33 sq.
Sous le titre. Dieu et l’Esprit ( Golt und Geist), Schell fit paraître, en 1895 et 1890, les deux premiers volumes d’une apologétique de grande envergure. Son but était de prouver l’existence d’un Dieu personnel par la stricte et conséquente application du principe de causalité qu’il faisait pénétrer jusque dans l’essence divine. L’année 1896-1897 vit Schell à l’apogée de sa renommée. Comme recteur de l’Université, il présida à l’inauguration du nouveau palais universitaire et prononça deux discours qui eurent un grand retentissement. L’un avait comme sujet L' Université et la théologie ; l’autre était consacré au problème de l’esprit considéré particulièrement dans ses rapports avec la notion du Dieu un et trinc. Dans deux brochures parues l’année suivante, il réclamait une plus grande liberté d’allure dans la vie de l'Église, une plus large activité pour les laïques et il combattait la mécanisation de la vie ecclésiastique. Voir Le catholicisme comme principe du progrès (Dit h’iilholirismus als Prinzip des Forlschriltes) ; Les temps nouveaux et la foi ancienne (Die neue Zeil und lier allr Claube). Ces deux brochures furent mises à l’Index le 15 décembre 1895 ; de même la Dogmatique, ainsi que les deux volumes d’apologétique, intitulés Dieu et Esprit. I.es raisons de cette prohibition furent communiquées à Schell le 12 mai 1899 et le 10 Janvier 1900. Il lui était reproché d’avoir considéré Dieu comme causa sui ; d’avoir exagéré la puissance du