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SCHATZGEYER (GASPAR)


rium elucidativum observantise regularis fr. minorum (sans lieu ni date, mais vers 1415). Il y soutient que ni le pape ni un concile œcuménique ne peut dispenser un frère mineur de l’obéissance due, de par la règle, au ministre et que par conséquent la provisio du concile de Constance, d’après laquelle les observants devaient obéir à leur vicaire général et à leurs vicaires provinciaux était pleine de périls, puisque ces supérieurs ne sont pas de véritables ministres. Ensuite, il accuse les observants d’enlever leurs couvents aux conventuels, même par l’intervention du pouvoir civil. Enfin le concile devait faire l’union, mais seulement sous les ministres, parce que le contraire serait contre la règle.

Ce Defensorium de Boniface de Céva tomba entre les mains de Gaspar Schatzgeyer à Pontoise, où il s'était arrêté lors de son retour du concile de Rouen (1516). Comme le libelle de Boniface était livré au public, Gaspar Schatzgeyer crut de son devoir d’intervenir dans le débat : il composa son Apologia status fratrum ord. minorum de observantia nuncupalorum adversus P. Bonifacium, provinciee Francise minislrum (s. 1. n. d., mais à Bâle, en 1516). Faisant remarquer la stérilité de luttes qui duraient depuis un siècle, ii réfut lit point par point les accusations de Boniface de Céva contre l’Observance. Pour la matière traitée dans cette Apologia, nous renvoyons à C. Schmitz, O. F. M., Der Anteil der sùddeutschen Observantenvikarie an der Durchjiïhrunc) der Rejorm, dans Franzisk. Studien, t. ii, 1915, p. 367-368 ; t. m. 1916, p. 360-363. L’avenir donna raison à Gaspar Schatzgeyer et les idées développées dans son Apologia constituèrent le fondement de l’union entre toutes les branches réformées de l’ordre franciscain, opérée au capilulum generalissimum, célébré à Rome à la Pentecôte de 1517, auquel le P. Gaspar assista en sa qualité de vicaire provincial de la Haute-Allemagne. Dans ce chapitre fut accomplie la séparation définitive des observants et des conventuels, qui auraient désormais des supérieurs généraux et provinciaux distincts, avec cette différence toutefois que, dans la suite, ce furent les observants, auxquels devaient adhérer toutes les autres réformes, qui eurent un ministre général et des ministres provinciaux, tandis que les conventuels n’avaient qu’un maître général. Léon X déposa le général Bernardin Prati, élu par les conventuels en 1513, en lui ordonnant de remettre le sceau de l’ordre à son successeur, l’observant Christophe Numaï de Frioul ; les conventuels élurent comme maître général Antoine-Marcel de Cherso. Voir H. Holzapfel, Handbuch der Gescliichle des Franziskanerordens, Fribourgen-Br., 1909, p. 147-157 ; Fr. de Sessevalle, Histoire générale de l’ordre de Saint-François, I re part., Le Moyen Age, t. i, Paris, 1935, p. 231-242.

Gaspar Schatzgeyer retourna dans sa province, investi par le chapitre généralissime de 1517 de la dignité de ministre provincial ; mais, cette même année, le P.Jean Macheysen fut élu à cette dignité parle chapitre de Munich et G. Schatzgeyer devint custode de Bavière et gardien de Nuremberg. Élu définiteur au chapitre provincial d’Oppenheim, en 1519, il fut désigné de nouveau, en 1520, au chapitre d’Amberg, pour régir la province pendant trois ans. Il assista en 1521 au chapitre général de Carpi et, en 1522, il fut confirmé dans sa charge de provincial. Au chapitre de Landshut, en 1523, le P. Henri Castner fut désigné comme le successeur de Gaspar Schatzgeyer dans le gouvernement de la province de la Haute-Allemagne, tandis que ce dernier redevenait custode de Bavière et gardien de Munich, où il paraît s'être de nouveau illustré par de nombreuses prédications. Voir N. Glassberger, op. cit., Appendix i, p. 561 et 562. Au chapitre général de Rurgos, en 1523, il fut nommé inquisiteur pour les

pays allemands et régions limitrophes. Il mourut à Munich le 18 septembre 1527.

Malgré son aversion innée pour toute polémique, Gaspar Schatzgeyer se décida à intervenir dans les controverses ou dans les luttes doctrinales entre les protestants et les catholiques. Comme provincial il était tenu de sortir de la réserve gardée jusque-là vis-à-vis de la Réforme. Il s’y sentait d’autant plus obligé qu’au chapitre général de Carpi, en 1521, auquel il assista, on avait ordonné à tous les membres de l’ordre, surtout aux provinciaux, d’engager la lutte contre l’hérésie luthérienne par la parole et par la plume. Ainsi il se vit obligé de sévir contre Eberlin de Gùnzburg, prédicateur du couvent d’Ulm, et de lui défendre de parler en public, pour l’empêcher de répandre les théories de la Réforme, auxquelles il avait adhéré. Il se vit aussi contraint de traiter la question du protestantisme au chapitre provincial de Leonberg, en 1522, à l’occasion de l’accusation portée contre son ami et compagnon, Conrad Pelikan, gardien de Bâle. Voir P. Minges, op. cit., p. 75-76 ; M. Demuth, O. F. M., Johannes Winzler, ein Franziskaner aus der Rejormationszeit, dans Franzisk. Studien. t. iv, 1917, p. 261262.

Se sentant lié en conscience par le décret du chapitre général de Carpi, en 1521, Gaspar Schatzgeyer se lança pendant son second provincialat (1520-15 3), dans la lutte contre la Réforme. C’est grâce à lui que le gouvernement bavarois prit la défense de l'Église catholique et empêcha par tous les moyens la diffusion du protestantisme dans ses États. Voir P. Minges, op. cit., p. 72-73 ; D. Stocker !, O. F. M., Die bayerische Franziskanerprovinz. Ein Gang durch die Jahrhunderte, dans Franzisk. Studien, t.xii, 1925, p. 2 ; Die deutschen Franziskaner auf sùddeutschen l’iupersitâten, ibid., t. xiii, 1926, p. 312-313.

Mais, d s la première période de ses prédications, à Munich (1496-1508), il avait eu à cœur d’expliquer au peuple le véritable sens des Livres saints, principalement de ceux de l’Ancien Testament. Ainsi il commenta dans ses sermons les deux premiers livres des Rois, les livres de Ruth, des Juges, de la Genèse, de Judith. Un second recueil de sermons date de son séjour au couvent d’Ingolstadt (1508-1514). Il y expose la doctrine catholique sur la création de l’homme, le péché de nos premiers parents et la rédemption par le Christ (sermons de Pavent de 1511), ainsi que sur les dix commandements de Dieu et le combat spirituel contre les vices, surtout contre les sept péchés capitaux (carêmes de 15Il et 1512). Dans un troisième recueil de prédications, faites lors de son dernier séjour à Munich (1524-1527), il traite à peu près les mêmes sujets que ceux de la série précédente : la création, la chute et la rédemption, en y ajoutant toutefois quelques sermons sur la justification et la foi, et avec cette différence qu’il y donne, une part plus large à la polémique avec les protestants, et pour cause 1 Ces prédications, qui en général ne constituent que des esquisses des sujets traités, sont conservées dans les mss lat. 61 et 62, 7803 et 9056 de la bibliothèque d'État à Munich. Voir FI. Landmann, ait. cité.

Gaspar Schatzgeyer mena surtout la lutte contre la Réforme par ses écrits, dans lesquels d’ailleurs il combattit la nouvelle doctrine moins par la polémique que par l’explication de la saine doctrine. Un de ses principaux ouvrages contre le protestantisme est sans conteste Scrulinium divinse Scripturse pro concilialione dissidentium dogmatum, composé en 1522, et édité à Bâle, 1522, in-4°. 108 p. ; Cologne, 1522, in-4°, 96 p. ; Augsbourg, 1522, in-4°, 108 p. ; Tubingue, 1527, in-8°, 172 p. ; dans Opéra omnia, édités par Jean Bachmann, Ingolstadt, 1542, fol. 1-49. Cet ouvrage a été récemment réédité par U. Schmidt, O. F. M., dans