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SCAPULAIRE — SCARAMELLI (J.-B.


fidèles peuvent admettre la pieuse croyance du secours accordé, après leur mort, aux religieux et aux confrères do l’Association de Notre-Dame du Mont-Carmel. Il est permis, en effet, de croire que la très sainte Vierge aidera les âmes des religieux et des confrères morts en état de grâce, pourvu qu’ils aient porté pendant leur vie le seapulaire, gardé la chasteté de leur état et récité le petit office de la Vierge, ou s’ils ne savent pas lire, pourvu qu’ils aient observé les jeûnes de l'Église et se soient abstenus de manger de la viande le mercredi et le samedi, à moins que la fôte de Noël ne tombe un de ces jours. Les prières continuelles de Marie, ses pieux sulïrages, ses mérites et sa spéciale protection leur sont assurés après leur mort, surtout le samedi, qui est le jour consacré par l'Église à la très sainte Vierge. » (Sommaire de 1908.)

Avec cette explication du privilège — explication où il n’est pas dit un mot de l’apparition de Notre-Dame, ni d’une bulle de Jean XXII, ni des indulgences concédées dans cette bulle — ce décret ne soulève aucune difficulté : aussi Benoît XIV veut-il que les fidèles s’en tiennent à ce décret. Même abstraction faite de ladite bulle et de toute tradition relative à une apparition ou à une promesse de Notre-Dame, l’interprétation du privilège donnée par le décret ne peut être contestée.

Une bibliographie suffisante est fournie par BeringerSteinen, Les indulgences, t. i, Paris, 1925, p. 485-523 ; p. 187-191. Voir pour la doctrine : J.-B. Terrien, La Mère de Dieu et la Mère des hommes, t. IV, p. 300-309 ; 329-335. On pourra aussi consulter Théophile Raynaud, Scapulare marianum, dans la Summa aurea, t. v, p. 397, Pour les controverses, on pourra, sans se référer à Launoy, Opéra, t. il (2), p. 379, se contenter des auteurs récents : L. Saltet, Le prétendu Pierre Swatujqton, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, 1911, p. 24, 85, 120 ; P. MarieJoseph du Sacré-Cœur, Première réponse à M. l’abbé Saltet, dans Éludes historiques et critiques sur l’ordre de N.-D. du Mont-Carmel, 1911, p. 1 ; id., Quelques précisions sur la méthode critique de M. Saltet, ibid., p. 95 ; B. Ziinmermann, Monumenta historica carmelit<ina, t. r, Léiins, 1907, p. 351 ; P. Beissel, Wallfahrten zu unserer lieben Prou in Légende und Geschichte, t. r, Fribourg-en-Br., 1913, p. 266 sq. Une Élude historique d’ensemble vient d'être publiée par le P. Elisée de la Nativité, <). C. D., dans Le Carmel, revue mensuelle, juillet-août 1938, Agen.

A. Michel.

    1. SCARAMELLI Jean-Baptiste##


SCARAMELLI Jean-Baptiste, jésuite italien, auteur spirituel (1C87-1752).

I. Vie.

Jean-Baptiste Scaramelli naquit à Rome le 23 décembre 1687. Le 20 septembre 1706, ayant terminé ses études de philosophie, il entra au noviciat Saint-André à Rome, où son frère cadet Philippe vint le rejoindre en 1709. Après deux années de noviciat et une de rhétorique, exempté du cours de philosophie de la Compagnie à cause de ses études antérieures, il enseigna les humanités pendant trois ans à Raguse et deux ans a Lorctte. Pendant sa théologie au Collège romain (1714-1718), il remplit le rôle de répétiteur de philosophie et de théologie au Collège germanique. Ordonné prêtre en 1717, il fit sa troisième année de probation (1718-1719) à Florence ; il enseigna ensuite pendant trois ans la philosophie a Macérai a, où, le 2 février 1721, il fit profession des quatre virux de la Compagnie. En 1722, à Ascoli, il inaugura ce qui devait être l'œuvre de sa vie, la prédication de missions populaires et de retraites fermées. Pendant trente ans, avec un zèle infatigable et le plus grand succès, il parcourut en tous sens les États pontificaux pour prêcher des missions au peuple ou donner les exercices aux religleUX, consacrant ses loisirs à l'élude de la spiritualité el à la composition de ses ouvrages. Il mourut subitement à Maceiata le n janviei 1752. À l’exception d’un

seul, ses ouvrages ne furent imprimés qu’après sa mort.

II. Œuvres. Son premier ouvrage parul en 1750 : Vila di Suor Maria Crocifissa Satellico, monaca tran cescana nel monasterio di Monte Nuovo, Venise, in-4°, 317 p. Ce récit d’une vie de grande mortification et d'épreuves extraordinaires, couronnée par les plus hautes grâces mystiques, fut, apiès quatre éditions, mis à l’Index (1769), vraisemblablement parce que l’auteur se prononçait trop fcimement pour la sainteté de la religieuse avant toute décision de l’autorité ecclésiastique. Revu par le fianciscain A. B ?llisardi, l’ouvrage fut réédité en 1819. — II discernimenlo despiriti, per il retto reçolomento délie azioni proprie ed altrui, Venise, in-8°, 244 p., parut après la mort de l’auteur, en 1753>. Basé sur la doctrine de saint Ignace et d’Alvarez de Paz, mais enrichi de l’expérience personnelle de l’auteur, cet ouvrage a connu onze éditions en italien, trois en espagnol et en français et deux en allemand. Il est souvent publié avec II dircltorio rnistico dont il devait former une partie intégrante dans le piemier plan de l’auteui.

lui 1754 parut également à Venise Il direttorio asictico, nel quale si insegna il modo di condurre le anime per le vie ordinarie délia grazia alla per/ezione crisliana, 2 vol., 442 et vii-384 p., in-4°. Cet ouvrage, le plus long et le plus populaire de Scaramelli, est divisé en quatie parties qui traitent : 1. Des moyen : nécessaires pour atteindre à la perfection chrétienne. Il en énumère dix : le désir de la perfection, le choix d’un bon directeur, la lecture, la méditation, la prière vocale et mentale, la présence de Dieu, la confession, l’examen de conscience, la communion fréquente, la dévotion à la sainte Vierge et aux saints. — 2. Des obstacles ù la perfection : les sens, les passions, le monde et le démon. — 3. Des vertus qu’il faut acquérir : les vertus cardinales, la vertu de religion, la dévotion, l’obéissance, la patience, la chasteté, la douceur et l’humilité. — 4. Les vertus théologales de foi, d’espérance et surtout de charité, envers Dieu et le prochain, qui est l’essence même de la perfection. « L’ordre est très logique, plus logique même que celui de Rodriguez ; les sujets sont traités avec science et profondeur, la solidité de la doctrine s’allie avec l’onction, la simplicité. » (A. Molien.) L’ouvrage a eu dix-neuf éditions en italien, vingt et une en français, huit en anglais, cinq en allemand, quatre en espagnol et trois en latin, sans compter les nombreux extraits et adaptations.

La même année parut // direttorio rnistico, indirizzato a direttori di quelle anime che Iddio conduce per le via délia contemplazione, Venise, in-4°, xii-532 p., le plus original et le plus important de ses ouvrages. Divisé en cinq parties, il traite : 1. Des notions préliminaires de psychologie et de théologie utiles pour comprendre la théologie mystique expérimentale et doctrinale. — 2. De la contemplation en général, c’est-àdire : sa nature, les principes qui la produisent, ses propriétés et ses effets, les dispositions nécessaires, ainsi que diverses autres questions, théoriques pour la plupart. — 3. Des degrés de contemplation qui procèdeni d’actes non distincts ; il en énumère douze : l’oraison de recueillement, le silence spirituel, l’oraison de quiétude, l’ivresse d’amour, le sommeil spirituel, l’angoisse et la soif d’amour, les touches mystiques, l’union mystique et Iruitive d’amour, l’union simple d’amour, l’union extatique, le ravissement, l’union parfaite et stable ou le mariage spirituel. — 4. Les degrés de contemplation qui découlent d’actes distincts, tels que les visions, locutions, révélations et autres faveurs semblables. — 5. La purification passive des sens et de l’esprit. Comme le but de l’auteur est avant tout pratique : aider les directeurs dans la conduite des âmes élevées à la contemplation, il ne se contente pas du simple exposé des principes et de la doctrine théologiques ; mais presque à chaque chapitre de doctrine il ajoute des avis pratiques pour les directeurs ou des réponses aux objections ci difficultés éventuelles. Cet