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SAXE (JEAN DE)


chaient. Cette somme comprend deux livres, qui sont divisés en parties, et celles-ci en titres et questions. Le 1. I qui commence : De confessoribus quatuor consideranda sunt… De primo nolandum quod tantum absolvere potest Me qui habet claves, et termine : a quibus non libemmur per baplismum propler exercilium meriti et augmentum præmii, feei ut diligentius potui et cetera, traite en huit parties du confesseur et de la confession et des sept péchés capitaux. Le 1. II qui débute : Hiis excursis ad considerationem præceplorum juris naturalis accedamus, expose en huit parties les dix commandements de Dieu. La disposition de la matière dans la somme de Jean d’Erfurt diffère de celle que l’on rencontre dans d’autres œuvres du même genre, par exemple la Summa de pœnitentia de Raymond de Penafort, la Summa confessorum de Jean de Fribourg, qui retient la division de saint Raymond, la Summa conjessorum de Monaldus, O. F. M., dans laquelle les matières sont distribuées suivant l’ordre alphabétique. Bien que la Summa de Jean d’Erfurt soit avant tout un sommaire de théologie morale, elle contient cependant aussi de nombreuses questions, qui se rapportent au droit canonique. Les titres de tous les articles des deux livres de cette somme ont été publiés par B. Kurtscheid, De studio juris canonici in online fr. minorum ssec. xiii, dans Antonianum, t. ii, 1927, p. 187-189. Quant à la date de composition, B. Kurtscheid, ibid., p. 190, conclut qu’elle fut rédigée vers la fin du xiii c siècle. F. -M. Delorme allirme qu’elle fut compilée en 1290. Voir Questions de Jean d’Erfurt et de Roger Marston autour du canon o Omnis utriusque sexus », dans Studi franc, III"' série, t. vi, 1931, p. 320. Le grand nombre de manuscrits qui nous ont conservé cette Summa confessorum et que l’on peut trouver dans J.-Fr. von Schulte, Geschichle der Qucllen und I.iteratur des can. Rechts, t. ii, Stuttgart, 1877, p. 389-391 et F. Doelle, art. cit., p. 225-226 et 238, qui énumère seize manuscrits, prouve sa large diffusion. Elle ne connut cependant pas le succès des S' mmes de Raymond de Penafort et de Jean de Fribourg et n’eut jamais les honneurs de l’impression.

Il faut mentionner une question de Jean d’Erfurt, assez étroitement liée à la matière traitée dans sa Summa confessorum, bien que ne faisant corps avec aucune autre œuvre du franciscain, à savoir : Qmeritur utrum fratres minores vel prædicatores vel alii viri religiosi non habenles populum, qui habent privilégia audiendi confessiones et prwdicandi, possint hsec facere sine licenlia inferiorum prælalorum et sacerdolum parochialium, an teneantur ad luec eorum habere consensum. Cette question a été éditée par F-.M. Delorme, art. cit., p. 322-331, d’après le ms. conv. soppr. 123, fol. 97 r°98 r°, de la bibl. Laurentienne de Florence. Cette question est contenue aussi dans le ms. 267, fol. 468 r°471 r°, de la bibliothèque de l’hôpital de Cues. Voir B. Kurtscheid, Die Tabula utriusque juris des Johannes von Erfurt, dans Franzisk. Studien, t. i, 1914, p. 277. Le religieux délégué par l’autorité supérieure peut-il absoudre validement les séculiers sans la permission de leur curé? Jean répond par l’affirmative et cela, pour la simple raison qu’un délégué, dès lors qu’il agit au nom de celui qu’il représente, se trouve, quand il exerce son mandat, dans les mêmes conditions que lui. Pour le prouver il allègue trois raisons : jus commune, qui l’entend ainsi ; auctoritas papalis inlerpretationis, à savoir d’Alexandre IV et de Clément IV, qui l’ont déclaré expressément ; forma concessionis, qui n’implique aucune restriction. Après avoir exposé longuement sa conclusion, Jean d’Erfurt passe aux objections dont « la plupart, comme l'écrit F. -M. Delorme, art. cit., p. 321, n’ont rien de bien neuf, car on les retrouve quasi toutes chez saint Bonaventure, Jean Pecham et Richard de Mediavilla. Il en est une empruntée au

canoniste Bernard de Parme, sur laquelle l’opposition s’appuyait volontiers. Jean ne manque pas d’y appliquer sa critique ferme et éclairée, qui lui permet de mettre au point judicieusement toutes les données du droit. En le faisant, il invoque très à propos l’autorité de saint Bonaventure, qui, dans une page lumineuse de son commentaire du IVe livre des Sentences, avait pesé la vraie valeur du terme proprio sacerdoti du canon omnis utriusque sexus, dont les adversaires se forgeaient leur cheval de bataille. » De ce que Jean d’Erfurt ne cite pas la bulle Ad fructus uberes, donnée par Martin IV le 13 décembre 1281, F.-M. Delorme conclut que cette question doit être antérieure à cette date et serait en conséquence la première œuvre sortie de la plume de Jean d’Erfurt. Art. cit., p. 320.

Le même auteur, F.-M. Delorme, prouve que Boger Marston, dans la question xxv de son Quodlibet m (tout à fait analogue à la question précédente de Jean d’Erfurt et éditée dans le même article, p. 331335), n’a fait que reprendre et développer la même argumentation que l’on trouve dans la question du franciscain saxon. De ce que Marston tire argument de la bulle Ad fructus uberes, F.-M. Delorme conclut que sa question doit être postérieure à cette bulle et que sa date, comme celle du quodlibet, Hotte autour de 1283. Art. cit., p. 321.

On doit encore à la plume de Jean d’Erfurt une Tabula utriusque juris qui serait son ouvrage le plus fameux et le plus important de l’avis des auteurs modernes. Voir 15. Kurtscheid, <>. F. M., art. cit.. dans Antonianum, t. ii, 1927, p. 183 ; F. Doelle, Die Rechtstudien der deutschen Franziskaner im Mittelalter, dans les Heitràge de Bâumker, Supplément, iii, 2, 1935, p. 1042 ; J.-Fr. von Schulte, op. cit.. p. 288-289, qui l’appelle une œuvre excellente. Cette Tabula, qui est le fruit de longues années d’enseignement, est une véritable encyclopédie, où toutes les matières de l’un et de l’autre droit sont exposées selon l’ordre alphabétique. Bien qu’elle emprunte les sujets traités au droit romain et civil, une place beaucoup plus grande y est cependant réservée au droit canonique. Poursuivant avant tout un but pratique, à savoir fournir aux simples prêtres les connaissances du droit canonique et civil nécessaires pour l’exercice de leur ministère, dispersées dans de gros et coûteux volumes, Jean d’Erfurt a disposé les matières traitées de telle façon que l’on pût trouver aisément les questions dont on avait besoin. Quant à l’originalité des doctrines qui y sont exposées, elle est minime comme il va de soi dans un recueil de ce genre. De cette Tabula il existe trois recensions différentes ; voir B. Kurtscheid, dans les articles cités des Franzisk. Studien, t. i, 1914, p. 278-284 et de V Antonianum, t. ii, 1927, p. 184-185.

Jean d’Erfurt doit avoir composé aussi des commentaires sur plusieurs livres saints. Ainsi Ptolémée de Lucques (loc. cit.) affirme que multos libros liibliæ optime postilavit et le catalogue des écrivains franciscains de Wurtzbourg (loc. cit.) dit que scripsit super Job et Ysaiam attentice et Cantica canticorum et Apocalipsim exposuit. De la Summa de expositione vocabulorum særæ Scripttini ou Summa de difficilibus vocabulis Biblise du mineur Guillaume le Breton, Jean de Saxe compila son Glossarium ou Vocabularium vocum quæ in IUbliis habentur, collectum ex Britone, conservé dans le ms. Arundel 209 du British Muséum « le Londres. D’après A. Kleinhans, O. F. M., dans Antonianum, t. vii, 1932, p. 436, note 4, on y trouverait des explications, qui en partie sont en langue allemande.

On doit encore à Jean d’Erfurt une Tabula originalium, sur la nature de laquelle les auteurs ne concordent pas. Tandis que F. Docile, O. F. M., art. cité des Beitrâge, p. 1042, dit qu’elle est une collection de