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    1. SATISFACTION##


SATISFACTION. SES SUCCÉDANÉS

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1070, tiennent à une inéprise. Où Gôllervoit une allusion à la rémission des péchés commis avant ['entrée en religion, il ne s’agit que <le ceux à l’abri desquels on s’y trouve. Césaire s’est appliqué à faire ressortir la sécurité que procure l’entrée dans la vie monastique ; mais il ne lui attribue nullement d « ' remettre par elle même les crimes commis auparavant.

A vouloir parler d’elle, d’ailleurs, Gennade se fût exprimé plus clairement. Il connaît bien les moines ; il en parle souvent dans le De viris inlustribus ; mais il les désigne eux et leur genre de vie en des termes très précis dont il n’y a ici aucune trace. L’expression mutato sseculari habitu ne signifie point qu’on renonce à l’habit séculier pour revêtir l’habit monastique ; elle ne vise que la suppression du luxe et de la recherche dans les vêtements qui était un des traits caractéristiques de l'époque. Le confessum religionis studium reste lui aussi d’ordre fort général ; il consiste dans la réforme de la vie : confesso religionis studio per vilæ correctionem et dans une application plus marquée aux exercices de la piété et de la vertu chrétiennes. Le tableau qu’en esquisse ici Gennade correspond très exactement au programme tracé par Fauste de Riez dans une lettre que Gennade signale et recommande comme convenant tout particulièrement aux âmes désireuses de faire sincèrement pénitence : Epislokun ad limorem Dci horlaloriam, convenientem personæ pleno animo pirnitenliam agere disponenti. De viris inlustr., c. 86 ; édition Richardson, dans Texte u. Untersuch., t. i, fasc. 1, p. 91, et P. L., t. lviii, col. 1110. Adressée au préfet du prétoire Félix, qui se trouve déjà sous la direction spirituelle de son évêque, Léonce d’Arles, cette lettre recommande elle aussi l’austérité des vêtements : De usa vestimentorum paulatim se gravitas ad injeriora submittat. Epist., vi, dans Corpus Vindob., t. xxi, p. 197 ; P. L., t. lviii, col. 851 D ; mais elle insiste surtout, comme Gennade, sur la vie de piété et de pénitence à laquelle on se doit appliquer pour se guérir des plaies causées jadis par le péché.

Sans demander à ce grand personnage d’embrasser l'état monastique ou même seulement de renoncer aux fonctions publiques dont il est chargé, Fauste lui trace une ligne de conduite où ne manque aucun des traits soulignés par Gennade. L’austérité réelle, quoique modérée, dont il l’engage à faire preuve jusque dans son costume se joindra à son assiduité à la prière pour témoigner de ses préoccupations nouvelles. On pourra donc très justement parler à son sujet de confessum religionis studium et ( c mutato habitu sœculari. Mais pas plus qu’il n’habite un monastère, il ne se fait moine et ne porte un habit de moine. Sur cette question, voir notre article Pénitents et « convertis », dans la Revue d’hist. écries., t. xxxiii, 1937, p. 5-23 et 277-305.

2. C’est l'état de « conversion ». — Or, le genre de vie ainsi défini et que Fauste avait déjà recommandé à Hurice, le futur évêque de Limoges, Epist., ix et x. Corpus Vindob., t. xxi, p. 208-215 ; P. L., t. lviii, col. 858-802, n’a rien d’insolite à cette époque ; il répond, au contraire, à un état de vie bien connu, que l’on appelle l'état de -conversion », Voir art. PÉNITENCE, t. mi, col. 834. Ceux qui en font profession portent le nom de « convertis » (conversi). Distincts des conversi que sont, dans les monastères, les postulants et les novices, ces hommes et ces femmes tout en continuant à vivre clic/ eux et à remplir les obligations de leur état, font profession de garder la continence Jusque dans le mariage, de rompre avec les vanités du siècle et de s’appliquer assidûment à la prière. S’habillant en général d'étoiles brunes, rien qu'à ce trait on les reconnaît comme 'Convertis ». Les écrivains de l'époque en parlent souvent. Voir Salvien, De gubernatione, IV. vii, 32 33 ; v. x, ; > i ; >."> ;.<l Eccle siam, iv. 1-2 : Epist.. i. l<>. Corpus Vindob., I. m.

p. 7 1-75, 119-120, 301, 308, 220, 232 ; P. L., t. lui, col. 77-78, 106, 232 C ; 171 H ; Jean Pomère, De viia contemplativa, 1. IL c. xli. P. L., t. lix, col. 448. Les conciles font de cet état de conversion la condition de l 'admission aux ordres pour les hommes qui n’ont point parcouru les degrés inférieurs de la hiérarchie. Voir par exemple concile d’Agde en 506, can. 16, Mansi, Concil., t. viii, p. 327 ; concile d’Arles en 524, can. 1-2 ; Mansi, t. viii, col. 026 ; conciles d’Orléans en 538, can. (i, et en 5 19, can. 9 et 19 ; Mansi, t. IX, col. 13, 131, 139. On connaît plusieurs de ces convertis (voir P. Galtier, L'Église et la rémission…, p. 396-398 et 439-111 ; l’article Pénitents et convertis, dans la Revue d’hist. criés., t. xxxiii, 1937, p. 5-27 et 277-305) et, s’il n’y a pas de doute que leur vie représente une très réelle pénitence et une satisfaction très méritoire pour le péché, il est impossible d’y reconnaître autre chose que la préoccupation de compléter et de parfaire jusqu'à la mort la réparation de péchés considérés comme déjà pardonnes. Nous n’avons pas à rechercher ici comment a été obtenu ce pardon, ni si la satisfaction ainsi accomplie peut être considérée comme sacramentelle. Rien n’oblige à admettre que l'état de conversion fût embrassé en dehors de tout recours au ministère sacerdotal ; il semble plutôt qu’on y préludât par une certaine confession de ses fautes ; le Liber ordinum a un ordo spécial pour les conversi qui vivent dans le monde (édit. dom Férotin, p. 82-85 et notes) ; à propos des femmes qui converti ambiunt, le concile d'Épaone, en 517, parle de la benedictio pœnitenliæ à leur accorder, can. 21 ; Mansi, Ci ne ;  !., t. viii, col. 561, ce qui est le rite de l’absolution en cas de maladie et en dehors de la pénitence publique. Mais, quoi qu’il en soit de cette question rituelle ou sacramentelle, il reste bien que l'état de « conversion » correspond très exactement à la « satisfaction secrète » dont parle Gennade et qu’une satisfaction ainsi accomplie ne peut tendre qu'à la rémission des dernières pénalités du péché. Elle en poursuit l’expiation, la purification, la guérison complètes ; mais clic en suppose le pardon déjà acquis. Et ainsi le fait également la pénitence recommandée par saint Grégoire le Grand à une dame de Constantinople. Tout en la rassurant sur le pardon divin qu’elle eût voulu se voir garantir par une révélation, il lui rappelle le devoir de faire pénitence jusqu'à la fin de sa vie, car jusqu’au bout le péché demeure à redouter. JafTé, n. 1468 ; édition des Mon. Germ. hist., t. i, p. 465 ; P. L., t. lxxvii, col. 878. Cette pénitence, par conséquent, serait à rapprocher elle aussi de l'état de conversion et de la « satisfaction secrète » dont parle Gennade.

4° Conclusions. - TelLs sont les grandes lignes de révolution aux premiers siècles. La forme officielle de la satisfaction est alors la pénitence publique. Requise normalement pour les fautes graves, profitable à quiconque l’accomplit avec une componction réelle, cette expiation solennelle n’est cependant pas considérée comme tout à fait indispensable pour le pardon du péché lui-même. Du point de vue disciplinaire, elle a des avantages qui commandent d’en urger l’obligation là même où, du point de vue proprement moral et religieux, elle pourrait cire omise. Les meilleurs parmi les chrétiens et les plus sincères parmi les pécheurs convertis la recherchent. Elle leur assure le dégagement parfait du péché auquel ils aspirent ; elle tend à les illettré à l’abri des châtiments qu’il entraîne. Cette préoccupation < ! < la rémission plénière de la faute se joint à la nécessité sociale d’obtenir la réparation du scandale donné pour assurer le maintien de la forme de satisfaction ainsi caractérisée.

Cependant, si beaucoup s’y soumettent volontiers. d’autres ne s’j prêtent que pour la forme et un plus grand nombre encore peut être la renvoient au moment