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    1. SATISFACTION##


SATISFACTION. SES SUCCÉDANÉS

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tentiam, cum perdit peccandi occasionem ; proflteatur

cum amiserit voluntatem. Epist., xviii (alias xvi) avec xvi et xvii (alias xiv et xv), édit. Pieper, dans Monum. Germ. hist, Auctores antiquissimi, t. vi, 2e part., p. 50, P. L., t. lix, col. 234-235 ; pour la discussion du cas, voir P. Galtier, L' Église et la rémission des péchés, p. 408-413. On ne saurait pousser plus loin la dispense de la pénitence publique. Pour le rustre inconscient à qui il a eu affaire, saint Avit en écarte même provisoirement l’hypothèse. L’y contraindre malgré ses répugnances serait pousser ce malheureux à une faute de plus. Aussi, s’olïrirait-il à l’accepter, l'état d’esprit où on le voit interdirait de la lui accorder : Sufflciant infelici crimina sua, nec ingeratur laborioso, cum respuit, quod tam inslabili animo vix commilli debuerat, si petiisset. Loc. cit.

2° La pénitence par dévotion, à la mort. — Pareille adaptation de la pénitence publique suppose à la satisfaction, dans la rémission du péché, un rôle singulièrement complémentaire. Tel est bien cependant celui que lui supposent également les pénitences qu’on pourrait appeler de dévotion. Au moment de la mort, même les meilleurs veulent recevoir la pénitence. Quelque confiance qu’on ait en la miséricorde divine, il reste toujours à parachever la satisfaction et les réparations dues pour toutes les fautes d’une vie. Aussi les biographes de saint Augustin, de saint Césaire d’Arles, de saint Isidore de Séville, les montrent-ils qui veulent s’assurer à eux-mêmes et à leurs amis le bienfait de la pénitence dernière.

Quand le baptême a déjà été reçu, avait coutume de dire l'évêque d’Hippone, prêtres et bons chrétiens devraient tous veiller à ne pas mourir sans la pénitence convenable : absque cligna et competenli pœnitenlia. C’est pourquoi lui-même, dans sa dernière maladie, s'était fait copier les psaumes de la pénitence et les avait fait fixer au mur de son lit pour pouvoir les réciter plus aisément. Possidius, Vita Augustini, 31, P. L., t. xxxii, col. 63. À la vérité nous sommes ici fort loin de ce que l’on appellerait aujourd hui le sacrement de pénitence. On lit de même dans la vie de saint Césaire que nullum sine medicamenlo pœnilenliw de hoc mundo voluisset recedere. P. L., t. lxyii. col. 1029 B. Saint Isidore de Séville, lui, se fit porter à l'église pour y « recevoir lui aussi la pénitence » en présence de tout le peuple et de plusieurs évêques. Voir la relation de cette cérémonie dans le De transitu S. Isidori de l’archidiacre Redemptus cite par Arevalo dans ses Isidoriana, i, 6, n. 1, P. L., t. lxxxi, col. 3032. Mais n’oublions pas que deux siècles nous séparent du temps d’Augustin.

Ainsi conçue et reçue, la pénitence dénotait sans doute la préoccupation d’expier toujours plus le péché et d’en obtenir une rémission aussi plénière que possible ; mais manifestement elle le supposait déjà pardonné et cela même achevait de faire ressortir le rôle propre qui lui était reconnu : toujours utile même chez les meilleurs, afin de faire disparaître les restes du péché, elle pouvait faire défaut jusque chez les plus indignes sans que fût compromise leur rentrée en grâce avec Dieu.

3° La « satisfaction secrète » de Gennade. — La même conclusion ressort plus encore d’un usage qui, à la même époque, s’observe en plusieurs régions et particulièrement en Gaule. La pratique, en effet, est alors fort répandue d’une satisfaction dite « secrète », à laquelle on reconnaît la même efficacité qu'à la pénitence publique. Gennade, qui la mentionne dans ses Dogmata ecclesiastica, la lui juxtapose comme suffisant elle aussi pour le pardon des péchés graves. Sed [et] sécréta satisfactione solui mortalia crimina non negamus, sed mulalo prius sœculari habitu et confesso rcligionis studio per vitse correctionem et jugi, immo perpeluo,

luctu, miseranle Dco… ita dumtaxat ut contraria pro Us quas pœnitet agat et cucharistiam omnibus dominicis diebus supplex et submissus usquead mortem percipiat. C. xxii, dans l'éd. de Turner, Journal o[ theol. studies, t. vii, p. 94 ; c. LV, dans /'. L., t. lviii, col. 99 1 H.

Ces paroles, assurément, ne visent que les morUdia crimina secrets. Elles ne sauraient s’entendre des « crimes » notoires ou publics officiellement constatés : pour ceux-là, la pénitence publique était indispensable. Mais il y avait les autres, qui, pour rester secrets, n’en étaient pas moins, dans le langage, du temps, des mortalia crimina : tels les adultères que saint Augustin s’appliquait à guérir en particulier (supra, col. Il GO). De même, pour ne parler pas des autres péchés de la chair, les homicides, les vols, les fraudes, etc. Nous l’avons déjà vii, pour ces sortes de péchés graves, quand le coupable s’en accusait, la pénitence publique pouvait être recommandée avec insistance ; elle était fréquemment acceptée. Mais l’obligation n’en pouvait pas être urgée et on ne l’imposait pas d’office (supra, col. 1159).

C’est pour ces sortes de péchés que Gennade déchue la « satisfaction secrète » capable d’avoir le même effet que la pénitence publique. Mais cet effet ne se limite pas à celui de leur rémission proprement dite. La durée qui en est prévue et l’admission régulière à la communion qu’elle comporte supposent cette rémission déjà acquise. Elle ne saurait donc tendre qu'à effacer les restes du péché. Et c’est bien ainsi que Gennade l’entend : au chapitre suivant, il n’assigne à la satisfaction qu’un but proprement ascétique : Satisfactio psenitentiæ est causas peccatorum excidere nec eorum suggestionibus aditum indulgcrc. De par ailleurs, s’il la dit secrète, c’est fort relativement, par opposition à celle de la pénitence publique et à ses rites officiels ou liturgiques. A elles seules, la modification du costume et la profession publique de piété qu’elle comporte, excluent qu’elle soit d’ordre proprement intime et puisse passer inaperçue.

1. Ce n’est point la profession religieuse proprement dite. — Aussi est-il assez, commun d’y reconnaître « l’entrée en religion », comme on précise parfois. Les deux expressions mulato steculari habitu et professa rcligionis studio semblent suggérer cette interprétation. La confirmation s’en trouverait d’ailleurs dans une exhortation sur la pénitence insérée jadis parmi les œuvres oratoires de Fauste de Riez (par exemple, P. L., t. lviii, col. 875-876), où la profession religieuse est nettement opposée à la pénitence publique comme en tenant lieu pour ceux qui quittent le monde afin de se consacrer à Dieu. (Voir ici même, art. Pénitence, t.xii, col. 821 et 878 ; Tixeront, Hist. des dogmes, t. iii, p. 399, note 3 ; Goller, Studicn iïber dus gallische liusswesen : ur Zeil Câsarius von Arles und Gregors von Tours, p. 19-20 et 68 ; Poschmann, Die abendldnd. Kirchenbusse im Ausgang de : christl. Altertums, p. 77 et 130.) Pourtant, il y a lieu d’hésiter. Cette exhortation, d’abord, n’est point de Fauste de Riez. Son auteur, inconnu, vivait à une époque où la profession religieuse comportait un engagement écrit et signé. C’est même proprement cet engagement qu’il déclare équivaloir à la pénitence publique.

D’autre part, on ne voit pas que l’idée de cette équivalence soit de l'époque de Gennade. Si elle est devenue classique, c’est plus tard. Du moins n’apparaîtelle ni dans Cassien, ni dans les règles de saint Césaire d’Arles ou de saint Benoît. Goller (loc. cit., p. (S9-70) ne l’a relevée que dans celle de saint Fructueux de Braga (P. L., t. lxxxvii, col. 1125-1127), à la fin du viie siècle. Les amorces qu’il a cru (ibid., p. 08) en découvrir dans deux sermons authentiques ou non de saint Césaire, hom. vi, xi, P. L., t. lxvii, col. 1062 B-C et 1069-