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    1. SATISFACTION##


SATISFACTION. ÉVOLUTION DE L’IDÉE

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t.Lxxvi, col. 1256 ; l'équivalent s’en trouve en tout cas dans Gennade : Psenitentia vera est ptenitenda non admiitere et admissa deflerr, Eccles. dogmata, c. 23, dans l'édit. Turner, Journal of theol. studies, t. vii, p. 94 ; c.54,

dans P. L., t. i.viii. col. 994 ; mais il ne paraît pas douteux que la définition de la satisfaction donnée par celui-ci dérive directement de Cassien : Satisfactio psenitentia est causas peccatorum excidere nec earum suggestionibus aditum indulgere. Ibid., loc. cit. De Gennade, sous le patronage de saint Augustin, à qui l’on attribuera son ouvrage, cette définition passera dans les Sentences de Pierre Lombard, t. IV, dist. XV, c. 3, édit. de Quarrachi, p. 832, et saint Thomas se demandera si elle est bien à propos : Utrum deflnitio satisfaclionis in liltera convenicnler ponatur. In IV am, dist. XV, q. i, a. 1, qu. 3 ; Sum. theol., Supplem., q. XII, a. 3. À vrai dire toutefois, le Lombard se garde de réduire à ce trait sa notion de la satisfaction. La distinction suivante XVI, c. 2) montre qu’il y fait entrer aussi et au premier plan l’idée de peine ou d’expiation : Satisfactio a Joanne præcipitnr, ubi ail : « Facile dignos fruclus psenitentise < : scilicet, ut, secundum qualitatem et quantilalem culpse sit qualitas et quant itas pœnse. Édit. de Quarrachi, p. 849.

Le point de vue oriental exposé au concile de Florence.

De même chez les Orientaux. Malgré la prédominance de leurs préoccupations ascétiques et bien

qu’ils voient surtout un remède à opposer au péché, cette conception n’est pas plus exclusive chez eux que ne l’est chez les Occidentaux celle de satisfaction ou d’expiation. Nous l’avons déjà vu par l’exemple d’Origène, des Pères cappadociens et de Sozomène ; on peut achever de s’en rendre compte par l’explication des èm-ûfiia que donna, au concile de Florence, l’orateur des Grecs, Marc d'Éphèse.

1. Le Mémoire de Marc d'Éphèse. — C'était à propos du purgatoire conçu comme un lieu spécial de purification. Les grecs ne l’admettent pas, et ils n’admettent pas non plus, du moins en théorie, que le pardon du péché puisse laisser subsister la dette d’une peine temporelle. Ils n’en conservent pas moins l’usage traditionnel d’imposer aux pénitents ce que les latins appellent une « satisfaction » et eux un c7n.Ti|xtov. Pourquoi donc, leur fut-il demandé, ces ÈTn.Tt|.ua ? C'était la xive des questions des latins auxquelles entreprit de répondre Marc d'Éphèse. Son Mémoire, édité par Mgr Petit en 1927 seulement, est trop significatif pour n'être pas, sur ce point, traduit ici en entier.

La xiv*' et dernière question (Hait si nous imposons des ÈTtiTqjua aux pénitents et pourquoi ? Voici donc notre réponse :

Nous ne commençons pas, suivant le pouvoir reçu de Dieu, par accorder la rémission et l’absolution, afin d’imposer ensuite les ÈTtm’fJUa ; au contraire, nous n’accordons la rémission qu’après ces èiutc’m.'.*. Nos raisons pour aiîir ainsi sont multiples.

i 1° Par la Souffrance d’ici-bas a laquelle il se soumet ainsi volontairement, le pécheur est mis à l’abri du châtiment involontaire qu’il aurait a subir ailleurs. De toutes

les manières de servir Dieu, a (lit saint Grégoire le Théologien, aucune ne vaut celle (le la Souffrance ; Il répond a nos « larmes par sa bénignité. De pauperum amore, c. w, /'. < ;., t. xxx, col. 864 [saint Grégoire, on l’ait, parle de la miséricorde et non pas de la - Souffrance |. « 2° I.e traitement pénible a pour elTc.l de supprimer l’amour de la jouissance qui nous rend ennemis de Dieu el qui est à la source de ions les péchés : contraria, dit-on, contrariis CWantUT : le plaisir est a combal Ire par la douleur. « : i" Pour l’ame, l'ÈTrcu’o-iov qu’on lui impose est un lien el comme un frein qui l’empêche de retomber dans le même mal.

i" De soi, la s crin est pénible et celui qui veut l’acquérii doit s’habituer à la peine, comme c’est par la jouissance qu’on est entraîné au péché.

.">" Par rèntrlutov ainsi imposé, nous voulons nous assurer si celui qui l’accepte a la haine parfaite du péché. Voilà

donc les causes des ï~ : -.'.). : -j. ; el l’on pourrait en ajouter d’autres. « Tout cela, cependant, nous l’omettons avec ceux cpii se trouvent sur le point de mourir. Pour la rémission des péchés, il suffit, croyons-nous, chez le pénitent, d’une conversion sincère et d’un sincère propos de faire le bien. C’est pourquoi nous les remettons en vertu du pouvoir que nous en avons et nous croyons que Dieu lui aussi les remet ainsi que le châtiment qui leur est dû. Tout ce (/ne vous délierez sur In terre, est-il dit, sera délié au eirl. Nous fondant là-dessus, nous accordons le bienfait de l’eucharistie à ceux qui se trouvent ainsi sur le point de sortir de ce inonde, car la conversion et la sincérité de la pénitence dépend de la volonté du pécheur ; mais, qu’il ne puisse pas accomplir fgftfnfUOV, C’est le fait de Dieu lui-même, qui l’enlève à cette vie. Aussi, à la manière d’un roi magnanime, pardonne-t-il alors gracieusement au pécheur comme il fit au larron. Sollicité par lui, au moment de rendre l’esprit, de se souvenir de lui dans son royaume, le Christ, dans sa magnificence, lui fit le don du paradis. » Texte dans P. O., t. xv, col. 163-168. Sur ce Mémoire de Marc d'Éphèse, voir A. d’Alès, La question du purgatoire au concile de Florence en 1438, dans Gregorianum, t. nr, ii)22, p. 9-50.

2. Comparaison avec le concile de Trente.

L’explication donnée, on le voit, correspond très exactement, dans son ensemble à celle des chapitres du concile de Trente. Comme la « pénitence sacramentelle » des latins, les èmtly.ix des grecs visent à la fois le passé et l’avenir ; on leur attribue une valeur d’expiation et une efficacité psychologique. Mais, tandis que le concile de Trente, par réaction contre les protestants, insistera sur l’expiation du passé, Marc d'Éphère, par fidélité aux préoccupations ascétiques de l’Orient, s’attache surtout au point de vue médicinal et préventif. Normalement, d’après lui, les ÈTCLTÎ|j.t.a précèdent l’absolution ; mais, en cas de danger de mort, ils peuvent être omis, et cela même fait ressortir le rôle secondaire qui leur est reconnu dans la rémission du péché. La pratique ainsi décrite évoque donc très exactement la pratique primitive et cette pratique, dans ses grandes lignes, était la même en Orient et en Occident. Il n’y a pas à opposer, par conséquent, la conception qu’on se faisait de part et d’autre de la pénitence ou de ce que nous appelons la « satisfaction » ; mais, c’est surtout en Occident que cette conception a évolué en se précisant. C’est cette évolution qu’il convient d'étudier maintenant.

IL L'ÉVOLUTION DE L’IDÉE DE SATISFACTION.

L'évolution de l’idée de satisfaction est parallèle à celle de la procédure pénilenticllc. L’une s’explique par l’autre. Toutes deux sont fonction d’une précision qui s’est introduite dans la conception du pardon du péché, l’eu à. peu l’on y a distingué la rémission de la faute elle-même et la rémission des conséquences qui en résultent. Cette distinction correspond à celle qu’on appelle de la coulpe et de la peine temporelle due au péché même pardonné. Plus elle s’affirmera, plus se précisera aussi la place à faire et le rôle à attribuer à l’expiation dans la pénitence exigée du pécheur. Mais, avant même de se formuler ainsi, elle commande l'évolution qui, au cours des siècles, s’est produite dans la manière de concevoir, d’imposer et d’accomplir la satisfaction pour le péché.

Ll’AXs l’jjTTIQl rri : iiii : ï : rii :.xi :. — C’est l'époque de la pénitence publique. Théoriquement, tout au moins pour les l’ailles les plus criantes, elle est. de règle et elle (luil précéder l’absolution. Mais nous avons vu le sens qui même alors lui était attribué : Satisfaction plus complète », (lisait d’elle le pape saint Léon, et ainsi nous était-il apparu que la concevait également saint Cyprien. À absoudre sans qu’elle fût accomplie, on laissait le pécheur sous le coup de la peine dont elle lui eût obtenu la remise.

1° Adaptations et omissions de la « satisfaction complète qu’est la pénitence publique. - Le sens ainsi