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SATISFACTION. EXPOSÉ DOCTRINAL


Christi vcl obscurari vel aliqua ex parte imminui. Quod dum novatores intelligere volunt, ita optimam psenitentiam novam vitam esse docent, et omnem satisfactionis vim et usum tollant.

[Certaines éditions de ce décret portent noiunt au lieu de volunl. Le sens général de la phrase reste le même, mais l’objet de la première proposition est différent. Dans cette hypothèse, il faudrait traduire : « C’est pour se refuser à le comprendre ainsi que les novateurs, etc.]

gions à diminuer en quoi que ce soit la valeur du mérite et des satisfactions de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est pour s’attacher à l’entendre ainsi que les novateurs définissent la pénitence la meilleure « une vie nouvelle » ; par là, ils dénient toute valeur à la satisfaction et ils en suppriment tout l’usage.

Chapitre ix.

Des ckuvhes satisfactoikes

Docet præterea tantam esse divinre munificentiar largitatem, ut non solum pœnis sponte a nobis pro vindicando peccato susceptis, aut sacerdotis arbitrio pro mensura delicti impositis, sed etiam — quod maximum amoris argumentum est — temporalibus llagellis a Deo inflictis et a nobis patienter tolérât is apud Deum Patrem per Christum Jesum satisfacere valeamus.

[Le concile] enseigne en outre que la divine muni licence, dans sa libéralité, nous permet de satisfaire auprès do Dieu, grue i Jésus-Christ, non seulement par les peines que nous nous infligeons de nous-mêmes pour nous venger du péché ou que le prêtre juge à propos de nous imposer d’après la gravité de nos fautes, mais aussi — ce qui est la plus grande preuve de son amour — par les épreuves temporelles infligées iiar Dieu, que nous supportons avec patience

Canon 13.

Si quis dixerit, pro peccatis, quoad pœnam temporal em, minime Deo per Christi mérita satisfieri pœnis, ab eo inflictis et patienter toleratis vel a sacerdote injunctis, sed neque sponte susceptis, ut jejuniis, orationibus, eleemosynis vel aliis etiam pielatis operibus, atque ideo optimam pîenitentiam esse tantum novam vitam, A. S.

Canon 14.

Si quis dixerit satisfactiones, quibus pa*nitentes per Christum Jesum peccata redimunt, non esse cultus Dei sed traditiones hominiim, doctrinam de gratia et verum Dei cultum atque ipsum beneficium mortis Christi obscurantes, A. S.

Si quelqu’un dit que les satisfactions par lesquelles, grâce à Jésus-Christ, les pénitents rachètent leurs péchés ne sont pas des hommages rendus à Dieu, mais des traditions humaines qui jettent dans l’ombre la doctrine de la grâce, le vrai culte de Dieu et jusqu’au bienfait de la mort du Christ, qu’il soit anathème.

Canon 1°>.

Si quis dixerit claves Ecclesiæ esse datas tantum ad solvendum, non etiam ad ligandum, et proptereasacerdotes, dum imponunt pœnas Confitentibus, agere contra finem clavium et contra institutionem Christi, et fictionem esse quod, virtutecla Si quelqu’un dit que les ciels de l’Église lui ont été données uniquement pour délier et non pas pour lier et que les prêtres, par conséquent, quand ils imposent des peines à ceux qui se confessent, vont à rencontre de leur destination et de

Si quelqu’un dit qu’on ne saurait nullement, grâce aux mérites du Christ, satisfaire à Dieu pour ses péchés, quant à la peine temporelle, soit par les épreuves envoyées par lui et patiemment supportées, soit par les peines que le prêtre impose, soit même encore par celles qu’on prend sur soi de s’infliger, comme sont les jiûnes, les prures, les aumônes et autres œuvres de piété, en sorte qu’il n’y ait de bonne pénitence qu’une vie nouvelle, qu’il soit anathème.

vium sublata pœna alterna, l’institution du Christ ; et pœna temporalis plerumque qu’il y a fiction à parler, une exsolvenda remaneat, A. S. fois la peine éternelle remise par le pouvoir des clefs, d’une peine temporelle restant la plupart du temps à subir, qu’il soit anathème.

3° Synthèse doctrinale. — 1. Aspects variés de la satisfaction. — De ces documents, nous avons surtout à retenir ici le but assigné à la satisfaction. C’est lui qui caractérise les œuvres ou les peines de tout genre que le concile appelle de ce nom. Qu’on s’y applique de soi-même ou qu’on les accepte, elles marquent une réaction contre le péché et cette réaction vise à la fois le passé et l’avenir. Punition ou expiation volontaire du péché, ces peines et ces œuvres contribuent ù obtenir qu’il soit pleinement pardonné, que soit remise en particulier la peine temporelle restant due après le pardon de la faute elle-même. Elles sont considérées comme un remède au mal qu’est le péché et aux suites qu’il entraîne : elles en extirpent les restes. Mais, par là même, elles contribuent à prévenir les rechutes : elles rendent l’homme plus attentif à la gravité du péché et elles l’aident à s’en préserver.

Les effets ainsi énumérés, le concile n’entend pas dire que les œuvres satisfactoires les doivent tous produire. Il s’en faut d’ailleurs que ces notions de sanction ou de châtiment, de compensation ou de réparation, de remède ou de préservatif, de frein, de leçon ou d’exercice d’entraînement dérivent toutes également de l’idée première de satisfaction. On peut y voir et l’on y a vu un moyen de sauvegarder les intérêts de Dieu et les intérêts surnaturels de l’homme, de la société chrétienne : une justice vindicative à exercer et des peines médicinales à infliger ; une réaction contre le péché à provoquer chez le coupable ou l’ordre moral à rétablir en lui et le pardon à solliciter d’un Dieu justement offensé. Chacun (h’ces aspects est fondé. Au cours des siècles, les uns ou les autres ont plus ou moins retenu l’attention. L’importance à leur attribuer varie nécessairement selon que se distinguent ou se confondent, dans la lutte contre le péché, le for interne et le for externe, la rémission de la faute et celle de la peine, l’action proprement sacramentelle et l’action disciplinaire, la rentrée en grâce avec Dieu et l’œuvre de réforme morale ou ascétique à accomplir dans les âmes.

Cependant, parmi ces aspects de ce qu’on appelle la satisfaction, le concile s’applique surtout à mettre en lumière et à justifier celui de la compensation pour la peine temporelle due après le pardon de la faute elle-même. C’est celui auquel s’en prenaient surtout les protestants, et par là s’explique l’insistance du concile : mais c’est aussi, en matière de sacrement, le sens usuel du mot satisfaction. Il désigne les prières ou bonnes œuvres que le confesseur prescrit au pénitent quand il lui donne l’absolution. Le plus souvent, pour ne pas dire toujours, depuis des siècles, elles font suite à cette absolution elle-même et elles constituent ce qu’on appelle également la « pénitence sacramentelle > : le pénitent s’en acquitte en son particulier.

2. Objet et division de l’article. — Les textes mêmes du concile que nous venons de citer montrent que ce sens restreint du mot satisfaction n’est point le seul auquel il puisse ou doive s’entendre. Pas plus qu’on ne l’a fait à Trente, nous ne nous limiterons donc ici à l’étude de la satisfaction proprement sacramentelle. Cependant, comme à Trente également, c’est bien sur elle surtout que se portera notre attention. Pour en comprendre le rôle et pour en déterminer l’importance, il s’impose, non plus certes de faire l’histoire des formes diverses qu’a revêtues dans l’Église l’expiation du péché, mais de rechercher comment s’y est