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SARPI (FRA PAOLO)


volumes parus à Venise.de 1677 à 1687 ; une édition plus considérable a été faite à Helmstadt (en réalité Vérone), 8 vol. Ln-4°, 1761 sq., qui comprend l’histoire du concile de Trente laquelle ne figure pas dans la première.

La plupart des pièces de l'édition de Venise se rapportent à la lutte entre Paul V et la Sérénissime. Il faudrait mettre en tête un petit écrit italien, intitulé Consolation de l’esprit pour tranquilliser les consciences de ceux qui vivent bien contre les frayeurs de l’interdit publié par Paul V, il ne fut édité qu’en 1721 sous le titre Droits des souverains défendus contre les excommunications, La Haye, 1721. Peu après, à l’usage du grand public, frà Paolo publie le texte latin et la traduction italienne d’un petit traité de Gerson sur la valeur des excommunications : Trattatoe risolutione sopra la validitù délie scommuniche di Gio. Gersone… tradotto delta lingua lalina nella volgare (Opère, Venise, t. n). Le cardinal Bellarmin ayant répondu à ce petit écrit, frà Paolo riposte par une Apologia per l’opposilioni faite dal lll.e Rev. signor card. Bellarmino alli Tralta.fie risolutioni di Gio. Gersone (ibid.). Suivirent bientôt des Consideratione sopra le censure délia Santità di papa Paolo V contra la serenissima Republica di Venetia (ibid). Très peu après un certain nombre de théologiens vénitiens, parmi lesquels frà Paolo et son ami le frère Fulgence, font paraître un Trattato deU’interdetlo délia Santità di papa Paolo V (Opère, t. i) ; c’est l’occasion pour Bellarmin de lancer une Risposta al trattato de i sette theologi di Venetia… c aile opposilioni di frà Paolo servita contra la prima scrittura dell ' istesso cardinale. En même temps, l’Inquisition romaine instrumente contre les révoltés ; sont nommément désignés Jean Marsille, Paul de Venise (Sarpi) et frère Fulgence, qui sont cités à comparoir ; ils répliquent par : Theologorum Yenetorum Joan. Marsilii, Pauli Yeneli, fr. Fulgentii responsio, où ils donnent les raisons de droit et de fait pour lesquelles ils ne se rendront pas à la citation (Opère, t. i).

Peu après cette réponse qui est du 25 novembre 1606, frà Paolo se met à la rédaction d’un long mémoire sur le différend : Historia particolare délie cose passate trà il sommo pontefi.ee Paolo Ve la Serenissima republica di Venetia, en sept livres (Opère, t. iv), ce mémoire ne paraîtra qu’en 1624, à Mirandola. Le calme revenu, frà Paolo, sans plus s’occuper directement du différend entre le pape et Venise, étudie des questions voisines : Trattato délie malerie beneficiarie (Opère, t. iii), dont le dessein est de montrer par quelr, moyens l'Église est devenue maîtresse de si grands revenus et les abus qui se sont introduits dans la disposition qu’on en fait ; Historia dcll’origine, forma, leggi ed uso dell’Uffizio dell' Inquizitione nella città c dominio di Venetia, paru à Serravello, 1638 (Opère, t. iii), où est mis en évidence le caractère très spécial de l' Inquisition vénitienne qui est une institution non de l'Église, mais de l'État ; De jure azylorum, paru à Venise, 1677 (Opère, t. ni), pour remédier aux abus que l’on' fait du droit d’asile. On peut à peine donner le nom de traité à un mince opuscule : Opinione del P. Paolo, servita, consullor di Stato, corne debba governarsi inlernamente ed esternamente ta Serenissima republica di Venetia per havere il perpetuo dominio (Opère, t. vi). L' Historia degli Uscochi (les Uscochi sont des pirates qui, de la côte dalmate, infestaient l’Adriatique) avait été écrite par Minucio Minuci, archevêque de Zara jusqu'à l’année 1602. Frà Paolo la continua jusqu’en 1616 (Opcrc, t. v).

La correspondance de frà Paolo dépasse de beaucoup en importance tous les opuscules précédents ; elle n’a malheureusement été rassemblée que de manière fragmentaire et successive, sans les garanties sufli santes d’authenticité. Une première édition parut à Genève, 1673 : Letlere ilaliane di fret P. Sarpi, reproduite telle quelle au t. vi des Opère de Helmstadt ; le xix c siècle a apporté quelques contributions nouvelles : A. Bianchi-Giovini donne un recueil de Scelle letlere, Capologo, 1839 ; F.-L. Polidori, Letlere di P. Paolo Sarpi raccolte ed annotate, 2 vol., Florence, 1863 ; un recueil anonyme paraît à Lugano en 1848 : Scette lettere inédite di F. Paolo Sarpi, 24 lettres àFoscarini et à Rossi ; Castellani donne Lettere inédite di F. Paolo Sarpi a S. Contarini, Venise, 1892 ; K. Benrath, Neue Bricfe von Paolo Sarpi (1608-1616), Leipzig, 1909. On a publié aussi quelques-unes des consultations du servite : Cecchctti, Consulte di F. Paolo Sarpi, dans Ateneo Venelo, mars-avril 1887 ; Aless. Pascolato, dans Frà Paolo Sarpi, Milan, 1893, appendice. Il y aurait aussi à glaner dans F. Griselini, Memorie anedole spettanti alla vita ed agli sludi del sommo filosofoe giureconsulto F. Paolo, servita, 2e édit., Lausanne, 1760.

III. Histoire du concile de Trente.

Toutes les oeuvres précédentes pâlissent devant le travail de Sarpi qui lui a valu les enthousiastes applaudissements de certains, les dénigrements, les attaques, les malédictions même des autres, son Histoire du concile de Trente.

Pour l’intelligence même de l'œuvre, il est bon de connaître les circonstances de sa publication. Elle paraît pour la première fois à Londres, 1619, par les soins de Marc-Antoine de Dominis, l’archevêque de Spalato passé au protestantisme. Voir ici, t. iv, col. 1668 sq. Elle s’intitule Istoria del concilio Tritlentino, nellu quale si scoprono tutti gli arli/ict délia Corle di Roma per impedire che ne la verilà dei dogmi si palesasse. ne la riforma del papato o délia Chiesa se tratassc, di Piclro Soave Polano (ce nom étant l’anagramme de frà Paolo Sarpi), elle est précédée d’une dédicace au roi d’Angleterre, Jacques I er, où se répètent les mêmes idées qui s’affichent dans le titre. L’année suivante en paraît une traduction latine par Adam Newton, à Londres encore (Augustæ Trinobantum) ; à la place du titre développé de l'édition italienne, se lit une épigraphe de Sénèque sur les divers facteurs qui s’opposent à la manifestation de la vérité. La même année 1620, traduction allemande, à Francfort-sur-le-Mein, qui amplifie encore le titre italien : Ausfùhrliche Hislori des Concilii zu Trient, darin aile Rancke and Practicken entdecki werden, mil welchen der ISapst und der rômische Hof den Kcijser und die Slàiule des Reiches wegen des begerlen Concilii ci ne lange Zeil geûfjt, darnach dasselbige dahin gerichlet dass weder die Wahrheit der Lehr an den Tag kàme noch von der Reformation des Rapsthumbs und der Kirchen gehandelt lourde (où sont découverts tous les artifices et les manigances à l’aide desquels le pape et la Curie ont longtemps berné l’empereur et les Etats du Reich avec leur concile, puis se sont arrangés pour que la vérité de la doctrine ne pût venir au jour, ni que l’on y traitât de la réforme de la papauté et des Églises) ; suit la préface à Jacques I er, traduite de l’italien. C’est sous ces auspices que fit son entrée dans le monde l’Histoire rédigée par frà Paolo, il est aisé de comprendre les sentiments dans lesquels elle fut reçue : enthousiasme des protestants, légitime indignation des catholiques.

lui réalité, de Dominis l’avait publiée sans l’aveu de l’auteur, qui simplement lui avait laissé prendre copie de son manuscrit. Le titre si fâcheux et la dédicace étaient de l’invention même de l’archevêque. On ne saurait dire pourtant qu’en dehors de cela il ait considérablement altéré le texte même de P. Sarpi ; une comparaison faite entre l'édition de Londres de 1619 et le manuscrit de Sarpi, encore conservé à la biblio-