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SANDERS (NICOLAS) — SANG DU CHRIST


ders (Nicholas), dans Dictionarg of national biotjraphy, t. l, 1897, p. 259-262 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 167170.

É. Amann.

SANDRET Pierre, jésuite français, né à Bayeux le 19 décembre 1658, entré dans la Compagnie le 14 décembre 1680. Il professa les humanités et la philosophie, puis s’adonna au ministère de la prédication ; il fut trente-deux ans missionnaire de campagne, spécialement en Normandie, dont il put être appelé l’apôtre, comme le P. Maunoir celui de la Bretagne. Il mourut le 19 mars 1738 à Ver, petit village du Calvados, où, à quatre-vingts ans, il donnait encore une mission.

En vue de ses missions, le P. Sandret composa une série d’opuscules, qu’il répandait parmi ses auditeurs. Ces opuscules furent réunis sous le titre : Les ouvrages de pieté du P. Sandret de la Compagnie de Jésus, à l’usage des missions, 2 vol., Cæn 1717, chacun des sept opuscules ainsi rassemblés gardant sa pagination particulière ; dans une deuxième édition à Sées, 1719, les deux volumes ont respectivement 320 et 279 p.

Parmi ces opuscules, il en est deux qui présentent un réel intérêt au point de vue de la doctrine et de l’administration du sacrement de pénitence : 1. Le premier du recueil, Le guide du salut, pour les missions — en 1717 il avait déjà eu 24 éditions séparées — donne divers exposés significatifs de la pratique confessionnelle ; ce sont : a) IIe partie : les obligations de chaque profession : devoirs du juge, de l’homme noble, des artisans, des mariés, des pères et mères, des enfants, des maîtres, des domestiques ; dans les devoirs des mariés ce qui est dit, n. 4, sur le souhait de n’avoir pas d’enfant et sur l’onanisme est à noter ; — b) IIIe partie : Instruction pour la confession ; — c) VIIe partie, Règles de vie et de conduite pour chaque état (pour une fille, une femme mariée, un jeune homme, un homme marié, une veuve). — 2. L’opuscule qui ouvre le t. ii, est plus détaillé et plus complet encore ; il est intitulé : Examen de conscience pour tous les états de vie avec une explication des obligations de chaque condition, pour l’instruction des pénitents et des confesseurs. Il présente successivement :  ;  ;  ;  ; examen général sur tous les commandements de Dieu et île l’Eglise ; puis, un examen de chaque condition : enfants, hommes, mariés (encore ici, n. 4, forte condamnation de l’onanisme), pères de famille, maîtres et chefs de famille, gens de justice, receveurs et hommes d’affaires, marchands et artisans, riches et acquéreurs, filles, femmes mariées, mères de famille, maîtresses de famille, servantes, veuves, femmes et filles qui font profession de piété ; enfin, les règles du confesseur pour l’instruction des confesseurs et des pénitents, cf. spécialement ce qui est dit, p. 65, des pénitences « médicinales », pouvant, si elles ne sont pas acceptées, entraîner le refus de l’absolution et, p. 86, sur les restitutions et leurs modes. L’auteur avertit lui-même que ces règles sont tirées pour la plupart des écrits du P. Chaurand. A la fin de l’opuscule sont présentés, en dix pages, des modèles de confession (d’un côté la confession mal faite, en face la confession bien faite) et, en huit pages, un exemple ou modèle de confession générale.

Ces divers documents sont, croyons-nous, d’une réelle utilité pour montrer l’application de la théologie morale et de sa casuistique dans les milieux ruraux de notre pays au début du xvine siècle et comment, tout en gardant une note accentuée de sévérité, l’apostolat jésuite, en chaire et au confessionnal, s’y préservait du rigorisme.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 553555.

R. Brouillard.

    1. SANFELICE Joseph##


SANFELICE Joseph, jésuite napolitain, né en 1665, entra dans l’ordre en 1680, enseigna la philosophie, les mathématiques, l'Écriture sainte et la théologie ; il mourut à Rome en 1737. Il publia Jansenii doclrina ex thomisticæ præceplis et institulis damnata, Naples, 1728, qui est un abondant exposé des querelles sur la grâce entre thomistes, jésuites et jansénistes et que les Mémoires de Trévoux analysèrent longuement : Riflessioni moruli et teologiche sopra « l’Jstoria civile del regno di Napoli », 2 vol., Rome, 1728 ; l’année suivante, Sanfelice défendait son attaque dans une brochure : Difesa del libro délia Riflessioni… Les Riflessioni qui visaient la Sloria civile de Pierre Gianone, jurisconsulte et avocat de Naples, écrite contre les papes, provoquèrent une telle réaction que l’auteur fut contraint de s’agréger à la province romaine.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 646647 ; Hurter, Nomenclator, 3 « éd., t. iv, col. 1040 ; Mémoires de Trévoux, déc. 1730, p. 2211-2229 ; janv.1731 p. 147-165 ; avril 1731, p. 666-680.

A. Bayez. SANG DU CHRIST. — C’est une conclusion tenue pour certaine par la quasi-unanimité des théologiens que le sang du Christ, appartenant à l’intégrité de la nature humaine, était uni hypostatiquement à la personne du Verbe. Cf. Hypostatique (Union), t. vii, col. 521. Mais, du fait de la mortlu Christ, se trouvent posées deux questions subsidiaires, qui suscitèrent au xv<e siècle deux curieuses polémiques. C’est d’elles qu’il s’agit ici. 1° Le sang répandu par le Christ dans sa passion fut-il alors séparé de la personne du Verbe ? auquel cas il ne devait pas être adoré? 2e Ce sang du Christ fut-il conservé en reliques ? auquel cas doit-il être adoré. » Double question qui prend consistance, si l’on se rappelle que, selon l’enseignement commun de l'École, la mort du Christ n’a pas interrompu l’union de son corps à la personne du Verbe.

I. La controverse du sang répandu.

Elle a été sommairement racontée à l’article concernant Jacques de Brescia, t. viii, col. 291, qui engagea l’affaire et soutint officiellement, au nom des dominicains, devant la congrégation des cardinaux et évoques réunie par le pape Pie II, le 18 décembre 1462, l’opinion suivante que combattaient les franciscains : le sang répandu par le Christ dans sa passion demeurait uni au Verbe et était donc digne d’adoration. Contrairement à ce qui est dit, art. cit., le manuscrit fournissant le dossier de l’affaire est retrouvé : c’est le ms. de Paris, Bibl. nat., lut. 12 390, le même qu'Échard avait eu en mains dans la bibliothèque de Jean d’Estrées, archevêque nommé de Cambrai. Script, ont. prsed., t. i, Paris, 1719, p. 823. Il nous fait connaître luimême son identité : Mathurin Espiardi, assistant du maître général des prêcheurs, grand collectionneur de textes, déclare, fol. 57, avoir constitué non sans peine ce recueil en 1468. Nous avons là, selon l’ordre du manuscrit : un traité de Dominique de' Dominici, alors évêque de Torcello, qui fut présenté au pape au cours des séances et qui prend position en faveur de l’opinion des dominicains, fol. 1-30 v°, y compris un recueil complémentaire d’autorités ; le texte des deux soutenances devant le pape, l’une par un franciscain, l’autre par un dominicain, et dont Échard publie un long extrait, fol. 42-45 v° pour la première, 46-57 pour la seconde ; un traité de Barthélémy Lapacci, dominicain, ancien maître du Sacré-Palais et ancien évêque de Coron en Grèce, fol. 58 v°-70 ; enfin un traité rédigé par les trois membres de la commission dominicaine, Jacques de Brescia, Gabriel de Barcelone et Vercelliiî de Verceil, relatant les arguments de la dispute publique, fol. 72-78 v°. Du côté des mineurs, la commission