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SANDERS ( NICOLAS

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roi d’Espagne contre Elisabeth, mais il lui faut lutter contre les atermoiements du souverain, ce ne sera qu’en 1588 que l’invincible Armada partira de l’estuaire du Tage pour aller au désastre que l’on sait. Sanders ne le connut pas. Des 1579 il était passé en Irlande pour y susciter la révolte. Dix-huit mois durant il est l’animateur de toutes les entreprises des Irlandais contre l’Angleterre. Le succès fut médiocre. Traqué par la police anglaise, il mena une existence misérable et mourut sur les grands chemins de privations et de fatigue en avril 1581. Cf. Calendar of State papers, Ireland, Elizabeth (1674-1585), p. 306, lettre de Sentléger à Hurghley ; J.-A. Froude, Hisl. of England, t. x, p. 592.

Comme nous l’avons dit, l’activité littéraire de Sanders se place à Louvain dans les années 1565-1572. (’/est alors qu’il publie : The supper of our Lord set forth in six books, according lo the (rut h of the. Gospel, in-4°, Louvain, 1565 et 1566, défense du mystère eucharistique contre les attaques protestantes ; — Très oraliones Louanii habilæ A. D. 1566, 1. De transsubslanliationc. 2. De linguis officiorum Ecctesiæ. 3. De pluribus missis in eodem templo, Anvers. 1566 ; — A trealise of images oj Christ and his saints, in-8°, Louvain, 1567, dont le sujet sera repris deux ans plus tard en latin : De typica et honoraria ss. imaginum adoralione libri duo, quorum prior in adoratione ss. imaginum nullum esse idololatrise periculum, posterior docet figuralem quamdam oralionem illis deberi et naturali et gentium et divino et ccclesiastico jure, Louvain, 1569 ; -- The rocke of the Church, in-8°, Louvain, 1567, défense de la primauté pontificale ; — A brief treatise of usurie, in-8°, Louvain, 1568 ; — Sacrificii missæ. ac ejus partium explicatio, Louvain, 1569 ; Anvers, 1573 ; — Quod Dominus in VI eap. Jounnis de sacramento eucharistie proprie sit loculus, in-12, Anvers, 1570 ; — Pro defensione excommunicationis a l’io V…, il s’agit de la bulle d’excommunication d’Elisabeth, au sujet de laquelle les catholiques anglais se divisaient ; — De visibili monarchia Ecctesiæ libri octo, in-fol., Louvain, 1571.

Ce dernier ouvrage mérite plus qu’une simple mention, étant une somme considérable sur les droits de l’Église, les preuves qui les appuient, l’histoire de leur exercice, la réponse aux objections de tous ordres qu’ils ont pu soulever. Reprenant les idées générales de la Cité de Dieu de saint Augustin, Sanders voit l’Église préfigurée et annoncée dès le commencement de l’humanité ; dès l’abord est mis en relief son caractère monarchique, que cherchent vainement à attaquer les suppôts de la Cité du diable. Il s’agit de montrer que le gouvernement de l’Église ne saurait être démocratique (I. I) ; qu’il n’est point non plus aux mains des optimales (I. II) ; que la monarchie est, de toutes les formes de gouvernement, la meilleure et qu’elle convient donc parfaitement à la Cité de Dieu (I. III). Cette monarchie de l’Église a été préfigurée et prédite des origines jusqu’au Christ (1. IV) ; elle a été fondée par le Christ et les apôtres (I. V) ; et c’est au seul Pierre qu’elle a été confiée (1. VI). Beaucoup plus long à lui seul que tous les autres réunis, le I. VII fait l’histoire de cet le monarchie visible avant le Christ et après lui, en même temps que des attaques auxquelles elle fut toujours en butte ; par un procédé typographique assez ingé nieux, le verso de la page apporte, tout au cours des siècles, les preuves à l’appui de la thèse, tandis qu’au recto du feuillet suivant sont marqués les efforts ion

temporains de l’ennemi. Il y a la une somme d’érudition étonnante, encore que la critique moderne puisse v trouver bien des défauts. Le I.VII1 roule sur l’Antéchrist : les novateurs prétendent que l’Antéchrist c’est le pape. Ce sont eux -mêmes qui sont les suppôts et les membres de l’Antéchrist. Tel quel, cet ouvrage de

théologie polémique, malgré tous ses défauts, fournit une juste idée de l’éveil que la controverse avec les protestants avait donné aux recherches scripturaires, patristiques, historiques. Il mériterait une étude approfondie.

L’ouvrage suscita des ripostes du côté protestant ; les centuriateurs de Magdebourg, tout spécialement, le prirent à partie surtout pour ses affirmations relatives au pouvoir du pape en choses temporelles. Sanders, partisan déterminé du « pouvoir direct », opposa à ses critiques un ouvrage presque aussi volumineux que le premier : De clave Djauid seu regno Christi libri sex contra calumnias Acleri pro visibili Ecclesise monarchia. Il en avait confié le manuscrit, quand il quitta l’Espagne, à F. de Sega, évêque de Plaisance, alors nonce auprès de Philippe II, avec charge de le publier s’il venait lui-même à disparaître. Le livre parut à Home, in-4°, en 1588 ; il est réimprimé dans Rocaberti, liibliolheca maxima pontifteia, t. xvii, p. 395533.

Fut édité aussi après la mort de Sanders, par les soins d’Edouard Rishton (un confesseur de la foi emprisonné pendant plusieurs années à la Tour de Londres) le De origine ac progressu schismatis anglicani libri très, quibus hisloria continetur maxime ecclesiastica annorum circiler sexaginta (Rishton avait complété et terminé l’ouvrage), Cologne, 1585 (cette première édition est seule authentique) ; Rome, 1586 ; Ingolstadt, 1586 (ces deux éditions et les suivantes contiennent des interpolations relatives aux événements de 1531). L’ouvrage a été traduit en plusieurs langues modernes : il faut signaler au moins la traduction française du chanoine Maucroix, Paris, 1677 ; 3e éd., 1683, et la traduction anglaise avec notes et introduction de David Lewis, Londres, 1877. Ribadeneira a publié un appendice, in qua de nonnullorum martyriis ac de Us rébus agitur quæ a primoe hujus Nicolai Sanderi partis publications in Anglise regno contigerunt, Cologne, 1590. L’œuvre de Sanders est d’un polémiste passionné plus que d’un historien impartial ; les anglicans lui ont reproché ce qu’ils appellent ses calomnies et l’ont accusé d’être l’inventeur de la fable selon laquelle Anne de Roulen aurait été la fille adultérine de Henri VIII ; on tendrait aujourd’hui à être moins sévère à son égard et plusieurs de ses affirmations les plus critiquées ont été confirmées par des publications récentes ; quant à la fable sur l’origine d’Anne de Roulen, Sanders a eu seulement le tort de se faire l’écho de commérages sans aucune vraisemblance.

On connaît aussi d’autres œuvres posthumes de Sanders : De justifications contra Colloquium Altenburgense libri sex in quibus explicantur dissidia lulheranorum, in-8°, Trêves, 1585 ; Cologne, 1594 ; D ; mililunlis Ecclesise romanæ potestate, Rome, 1603 (signalé par Wood) (ne serait-ce pas le même que Pits appelle Sedes apostolica, Venise, 1603’?). Le Dz marlijrio quorumdam temporibus Henrici VIII et Elizabeth, imprimé en 1610 (Wood), n’est qu’un extrait du De visibili monarchia. On a publié en 1905, au t. i des Publications aj the catholic Record Society, p. 1-47, un rapport latin fort intéressant adressé par Sanders, en 1561, au cardinal Morone sur la constance des catholiques anglais à l’époque d’Elisabeth.

Pits lit était le neveu de Sanders), De illustribus Anglise scrlptoribus, p. 77 :  !  ; A. Wood, Athense Oxonienses, 2’éd., t. i, Londrei, 1721, col. 201-206 ; les diverses histoires de la Réforme en Angleterre et particulièrement Ch. Dodd (cath.) Church history <>/ England, from lôoo to JfiStf, t. ii, p. 7.">s<[. ; J.-A. Froude (angl.), History of England from the / « »  » f Wolsey in the defeat of the Spanish Armada, t. x, surtout c. lui (sévère jusqu’à l’injustice) ; l’introduction de D. Lewis a la traduction du De schismate ; T.-(i. Luw, art. S<in-