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SANCHEZ (THOMAS — SANCHEZ DE AREVALO

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pas exagérer, des propositions trop larges ou corrigées par l'Église. Cf. Priimmer, Manuale theol. mor., t. i, 6e éd., 1931, p. xxxii.

Quant au De matrimonio, nous croyons que la partie morale peut encore en être étudiée avec grand profit ; cf. l’utilisation qu’en a faite le P. Vermeersch dans son traité De castitate, 1921. Sans doute aimerions-nous aujourd’hui, et à bon droit, plus de retenue dans les analyses ou des formules plus condensées quant aux principes ; nous avons aussi à tenir compte des progrès faits soit en psychologie soit en physiologie ; il y a cependant, nous semble-t-il, en bien des pages de l’ouvrage des éléments de doctrine et d’observation qui sont de qualité supérieure ainsi que des résumés des travaux antérieurs historiquement précieux.

Plus encore dans la partie canonique, l'évolution du droit matrimonial sanctionné ou déterminé par le récent Code nous paraît avoir accentué l'écart avec la doctrine et les solutions actuelles : si certains exposés de Sanchez restent solides, beaucoup d’autres ont à être rectifiés ou complétés ; le De matrimonio est plus que jamais, aujourd’hui, un livre « qui date » ; mais, s’il a vieilli, il n’en reste pas moins un ouvrage « qui a fait date » ; malgré l’opinion contraire de Schulte, Cesch. der Quellen und Literat. des can. Rechts, t. iii, 1880, p. 737, il demeure d’une importance capitale pour l’histoire du droit matrimonial.

Nieremberg, Varones illustres de la Compaiiia de Jesûs, t. vii, Bilbao, 2e édit., 1891, p. 105-120 ; Nat. Sotwel, Bibliotheca script. S. <L, Rome, 1676, p. 767 ; N. Antonio, Dibliotheca hispana nova, t. ii, 2e édit., Madrid, 1788, p. 312 ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 530537 et Suppléments, n. 2280 et 5266 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, 1907, col. 592-594 ; E. de U/laite, Catalogo razonado de obras anonimas…, Madrid, t. ii, 1905, n. 3599, 3647 ; t. iv, 1914, n. 5576, 6194 ; Kirchen-Lexikon, 2e édit., t. x, 1892 ; Ant. Astrain, Ilisloria de la Comp. de Jcsûs en la Asistencia de Espana, t. iv, Madrid, 1913, p. 56 et 65 ; Lud. Koch, Jesuiten-Lexikon, Paderborn, 1934, art..Sanchez Thomas, col. 1588.

R. Brouillard.

    1. SANCHEZ DE AREVALO Rodrigue##


5. SANCHEZ DE AREVALO Rodrigue, humaniste et théologien espagnol (1404-1470). — Né au diocèse de Ségovie, après de brillantes études faites à l’université de Salamanque, il devint rapidement archidiacre de Burgos, doyen de Léon et de Séville, en attendant d'être tour à tour promu aux sièges épiscopaux d’Oviedo (1457), de Zamora (1407), de Calahorra (1468) et enfin de Palencia (1469). Ces dignités furent le couronnement de toute une vie consacrée à servir la cour de Castille tout d’abord, où se passa la première partie de sa carrière, puis le Saint-Siège, qui devait en absorber la fin. « Alternativement chapelain, secrétaire, conseiller » (A. Lambert) des deux rois Jean II et Henri IV, il se vit confier par celui-là, vers 1440, diverses ambassades en vue d_> rallier à la cause d’Eugène IV, qui venait d'être déposé par le concile de Bâle, soit l’empereur Frédéric III, soit le duc de Milan, Philippe Visconti et le roi de France, Charles VII. A cette occasion, il fut également envoyé à Rome auprès d’Eugène IV lui-même. On l’y retrouve sous Nicolas V (1447) et il ne tarda sans doute pas à s’y fixer définitivement. Son rôle ne fit que grandir sous Calixte III, Pie II et Paul II, qui le chargèrent de plusieurs missions. Ce dernier le fit gouverneur du château Saintvnge (1464), fonction qu’il garda jusqu'à sa mort. A son activité diplomatique s’ajoutait le prestige, alors très envié, d’une haute culture intellectuelle. Son séjour en Curie surtout lui permit d’entrer en relations avec tous les cercles humanistes du temps, dont la faveur ne devait pas peu contribuer à son crédit.

De sa production littéraire, qui fut aussi abondante que variée, la minime partie seulement a connu les honneurs de l’impression.

Politique et philosophie.

Une Suma de la

policia, écrite alors qu’il était déjà doyen du chapitre de Léon (après 1448), subsiste dans un ms. de la bibliothèque nationale de Madrid. Au roi Henri IV il dédia, vers 1455, un Vergel de los principes, qui est une sorte de traité de l'éducation à l’usage des souverains. Son ouvrage le plus connu dans cette catégorie est le Spéculum vitse humanse, dédié à Paul II, qui fut publié à Rome en 1468 et fut l’objet, par la suite, de maintes rééditions ou traductions. L’auteur y trace le tableau et les devoirs des groupes divers qui constituent la société, avec force critiques à l’adresse des abus en général et de la cour romaine en particulier. Ce qui lui a valu d'être réédité par Goldast, Hanovre, 1603, et cité par Flacius Illyricus dans son Catalogus testium veritatis. Du même ordre est sans doute VEpistola… de multiplici onere et periculo pontificalis dignitatis… et de ambitione (et) de modernis abusibus pnvliitorum, conservé à la Vaticane, cod. lut. 3899.

Histoire ecclésiastique.

On lui doit une Compendiosa historia hispanica, dédiée à Henri IV de Castille,

Rome, vers 1470, reprise dans Schott, Hispaniae illustratæ, t. i, p. 121-246. Le cod. Vatic. 4881 contient les harangues officielles prononcées par lui au cours de ses missions politiques. Il s’y mêle bien des détails qui intéressent la biographie de l’auteur. Ses commentaires sur la bulle de Pie II relative à la croisade et sur la déposition du roi de Bohème par le même pontife sont restés inédits : on les trouve dans le même cod. Vatic. 4881. En revanche, il existe une édition, vers 1473, de son Epistola consolaloria… de expugnacione …insuie Euboye, dédiée au cardinal Bessarion.

Apologétique et théologie.

C’est sans doute a

l’occasion de la croisade qu’il se tourna vers l’islam pour composer un Liber confutatorius sectæ et superstilionis Mahomeli. Quelques consultations ramenèrent à composer un mémoire sur la fuite en temps d'épidémie, et un autre sur la fréquentation des cours séculières par un religieux. À l’ordre spéculatif appartient son Tractalus de mysterio SS. Trinitatis et an possit probari nuturalfbus rationibus. Tous opuscules conservés dans le cod, Vatic. 4881.

A la demande de Paul II, qui put redouter une reprise des querelles du xiv° siècle sur le problème de la pauvreté, il mit sur pied un De paupcrlate Christ i… neenon aposlolorum ejus, avec un essai de concordantia entre les décisions prises sur ce point par Nicolas III et Jean XXI 1. Bibl. Vatic, cod. lat. 969.

Ecclésiologie.

Mais les événements de l'époque

retinrent principalement son attention sur le problème de l'Église. L’attitude révolutionnaire prise par le concile de Bâle lui suggéra un dialogue De remediis schismalis (après 1442), dans cod. Vatic. 4002 ; puis un autre De auctorilate romani pontifteis et generalium conciliorum, dans la bibliothèque Selvaggide Padouc. Au même ordre de préoccupations il faut, sans nul doute, rattacher le Libellus ad l’uulum II du cod. Vatic. 4167, où est discutée la question de l’appel du pape mal informé au pape mieux informé, et qui est peut-être identique au De pœna subtrahentium obedientiam a Sede apostolica de la bibliothèque Selvaggi.

Rodrigue avait du pape une idée assez haute pour lui attribuer, avec le pouvoir suprême dans l’Eglise, le gouvernement universel du monde de préférence à l’empereur. Au développement de cette monarchia orbis, reprenant pour en renverser l’application le mot célèbre de Dante, il consacra un De origine et difjerentia principatus imperialis et regalis, dédié au cardinal Borgia, le futur Alexandre VI, et qui fut imprimé plus tard, Rome, 1521. Sa thèse ayant été critiquée comme excessive par le célèbre cardinal Jean de Torquemada, il se défendit avec une extrême