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ROUMANIE. P H T E S T A N T I S M E E T S E (. T E S


compte ; elles tombèrent complètement en désuétude lors du désastre de Mohâcs (1526), qui efface avec le catholicisme magyar le pays lui-même, réduil a l'état de province turque. Deux archevêques catholiques et cinq évêques périrent, les survivants n’eurent pas le courage de faire respecter les lois. Toujours sous l’jnDuence « réformée », on voit en novembre 1528, les lois magyares réclamer que les biens des prélats défunts et les revenus des évêchés catholiques vacants soient employés pour la défense nationale ; et ainsi est ouverte largement la voie à la sécularisation des biens d'Église et l’introduction de la Réforme. Les deux rois. Jean Zapoléa-Szapolyai et Ferdinand, n’ont d’autre soin que celui de leurs partisans politiques. Les évêques eux-mêmes comptent dans leurs rangs, de nombreuses défections. l’odmaniczliv et son successeur de N’entra. Dudicsde Pécs (Quinqueecclesi&), etc., prennent femme et passent à la Réforme. Les patrons de la nouvelle religion sont Georges de Brandebourg, tuteur du roi Louis IL Alexis Thurzô, ministre des Finances ;.Mare Pempflinger, notaire royal ; Jean Hecht, maire de Sibiu, etc. ; ainsi, a la fin du xvie siècle, il n’y a plus de dignité ou office important de l'État qui ne soit aux mains des seigneurs protestants, Les seigneurs d’abord luthériens, ensuite zwingliens, devinrent à la fin calvinistes. Le sont eux qui introduisent le principe Cufus regio, cjus religio. (C’est le maître du pays qui en détermine la religion.) L’application de ce principe fait passera la Réforme les paysans de leurs terres. Enfin, les synodes de Turda, 1563, et d’Aïad, 1564, reçoivent définitivement la confession genevoise de Calvin.

Ce calvinisme est agressif, appuyé qu’il est par de puissantes familles transylvaines. les Bocskaï, les Bel bien, lesRakoczi. Ces familles, qui font la guerre et signent des traités, font une intense propagande religieuse surtout parmi les Roumains. On imprime les catéchismes calvinistes de 1640, 1648, liiôii ; les explications des évangiles. 1641 ; le Nouveau Testament. 1648 ; le Psautier, 1651, etc., tout cela en roumain. Aussi le métropolite Barlaam, de.Moldavie, répond il à ces catéchismes. Puis c’est tout un mouvement littéraire qui prend naissance, pour aboutir à une stabilisation uniforme de la langue écrite roumaine, résultat tout aussi imprévu qu’indéniable du prosélytisme calviniste auprès des Roumains. Le désir de convertir ces derniers travaille plusieurs princes, parmi lesquels Gabriel Bethlen (1613-1629), qui va jusqu'à demander l’appui « lu patriarche de Constantinople, Cyrille Lucaris. Cet esprit agressif diminue avec l’arrivée des Habsbourg, 1691, mais il maintient une opposition souide contre ceux-ci. C’est avant tout à cause de l’opposition calviniste que les Roumains de Transylvanie se sont séparés en deux églises : l’unie (ancienne) et l’orthodoxe (nouvelle).

A en croire l'évèquc MakkaI Sàndor. Calvinisme conscient, ('.lu j, l ! 12(>, p. 17 [en hongrois], le culte serait de nos jours en pleine anarchie. D’une paroisse a l’autre, les différences sont immenses, et un fidèle qui change de résidence ne s’y reconnaît plus. Malgré tout les calvinistes ont en Roumanie : deux éveches (dont un créé par l'Étal roumain) ; une académie de théologie ; neuf lycées ; trois écoles normales ; une école ménagère : trois gymnases de filles et une école commerciale.

s. L’unitarisme (antitrinitarisme). il est encore

une des confessions historiques de Transylvanie (celles-ci étant le calvinisme, le luthéranisme, le cal ho licisme et l’unitarisme). Lu 1600, il apparaît dans sa forme actuelle. Son fondateur François David avait d’abord donné son nom a la confession (davidisme). chassé d’Italie, son pays d’origine, et de Suisse, il se réfugie en Pologne et en Transylvanie. Outre ce Ion

dateur, les principaux agents de la nouvelle croyance,

hostile aux dogmes de la sainte Trinité et de la divinité de Jésus-Christ, sont Georges Blandrata, Jacques PalaiologOS, Jean Sommer, etc. Protégés par Jean Sigismond, prince de Transylvanie, ils provoquèrent de nombreuses discussions publiques qui durèrent fort longtemps, quatre jours a AJba Julia, huit à Oradéa. En 1568, ils obtinrent droil de cité dans la législation transylvaine. Jusqu’en 1571, année de la mort de leur protecteur, leurs fidèles se sont multipliés ; mais, lors de la condamnation de leur fondateur (157 !)), leur puissance se brisa. Les sabbatistes, dégénérés en sectes judaïsantes extrémistes leur firent concurrence. Le résultat fut que à Dej (Complanatio deesiana) (1<>38), un grand nombre de leurs églises passa au calvinisme, et leur évéque n’eut plus le droil de faire les visites canoniques dans le département de Trei-Scaûné. Ils déploient cependant encore une activité littéraire relativement considérable, ayant trois périodiques pour un petit nombre de croyants.

Les sectes.

La Roumanie n’est pas un pays « à sectes », comme le sont les contrées protestantes ;

elle n’est pas cependant a l’abri de ce fléau, surtout depuis la constitution du nouvel État roumain (1918). L’opinion publique et la législation roumaine font une différence entre les cultes historiques et les sectes. Les premiers dont nous avons parlé ont leur lit creusé par les siècles et leur cours est normal. Les secondes sont des organisations dissidentes. Leur origine est parfois un simple schisme ; elles tombent ensuite très souvent dans l’hérésie, pour finir parfois dans une effroyable apostasie. Beaucoup de ces sectes, fondées sur un individualisme religieux rebelle, agressif, contiennent le germe d’une véritable anarchie spirituelle, préparant les voies a l’anarchie politique. Biles présentent un égal danger pour l'État et pour l'Église.

La loi sur les cultes les nomme « Associations religieuses » ; de son côté, le ministère des Cultes et des Beaux-Arts réglemente leur activité par des décrets spéciaux. Le plus récent, n. 4781, date du 17 avril 1937. Lu autre, fort important, parut en 1933. Tous deux interdisent les associations dites « millénistes » : 1' « association internationale des étudiants bibliques » ; les i témoins tu dieu Jéhova », la Société biblique » ; ensuite les » peut ecoslalisles », l’a Église apostolique de Lieu », les o pocaïtes », les « nazaréens », les

adventistes-réformistes », les (moissonneurs*, les i flagellants », les < innocentistes », enfin tes » stylistes ». Les décrets ministériels en question ne reconnaissent que trois sectes : les a<l eut istes, les baptisles et les

chrétiens selon l'Évangile ». Toutefois, les membres des sectes trouvent le moyen d'échapper aux rigueurs des décisions ministérielles en se constituant, par exemple, en sociétés anonymes, selon le Code du commerce. Ils savent également tourner les autres mesures prévues contre eux : défense d’avoir une maison de prières dans une rue où se trouve une église d’un autre culte ; obligation pour leurs prédicants d’avoir fait au moins quatre (lasses dans unv école secondaire, réglementât ion de leurs rapports avec l'étran

Sans entrer dans le détail de leurs doctrines et de leurs pratiques rituelles, qui sont celles bien connues de leurs coreligionnaires et rangers, advent istes aux États t nis. baptisles en Angleterre et en Allemagne ; « chré liens selon l'Évangile de Suisse, nous nous contenterons de quelques données sommaires, regrettant qu’aucune statistique exacte n’ait été publiée sur ce point. Remarquons-le également, parmi les sectes reconnues par l'État roumain, il en est qui ne sont nommées nulle part : ainsi les lipovèncs. les molocanes, les caraïmes. auxquels autrefois la Russie avait accordé la reconnaissance légale. Enfin, il y a quelques sectes spécifiquement roumaines, comme les innocentistes, les théodoristes et les stylistes.