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salimbene


Salimbene s’est acquis une célébrité universelle par sa Chronica qui s’étend de 1 KîX. à 1288 et qui constitue une source précieuse non seulement pour l’histoire franciscaine et l’histoire politique et ecclésiastique de cette époque, mais aussi pour l’histoire littéraire des doctrines théologiques, des mouvements religieux, de la prédication, des mœurs du peuple et du clergé de cette période, dette Chronica est conservée dans plusieurs manuscrits énumérés par O.Holder-Egger, dans son édition, p. xxvi-xxxi. Le plus important est sans conteste le ms. Vat. lut. 7260. qui, d’après le même O. Holder-Egger (ibid.J, devrait être considéré comme un autographe. Vivement désirée par les historiens, la première édition de la Chronica, faite sui le Vaticanus cité, fut élaborée par A. Bertani, et parut dans les Monumenta historica ad provincias Parmensem et Placentinam perlinentia, t. iii, Parme, 1857. Comme cette édition était défectueuse, on apprit avec grande joie, en 1889, que O. Holder-Egger s’était chargé de fournir un texte critique de la Chronica. Celui-ci y travailla de 1884 à 1908 ; il n’eut pas le plaisir d’en voir l’édition définitive, qui parut dans les Mon. Germ. hist., Scriptores, t. xxxii, Hanovre et Leipzig, 19051913, par les soins de B. Schmeidler. « Cette édition, comme l’affirme avec raison le P. M. Bihl, attendue avec tant d’anxiété, est un coup de maître. Elle est travaillée avec une exactitude étonnante et la reproduction du texte est poussée jusqu’à l’extrême scrupule. » Voir Salimbene. dans Éludes francise., t. xvi, 1906, p. 521. Pour la partie conservée de la Chronica. Salimbene y travailla depuis 1282 ou 1283 jusqu’en 1288. Voir O. Holder-Egger, éd. cit., p. xx-xxii. Les principales sources de la Chronica sont la Chronica de Sieaid de Crémone pour les événements après 1180, le Liber de iemporibns de Albert Milioli, la Chronica de Martin d’Oppau, la Lcgenda aurea de Jacques de Voragine, VHistoria scholastica de Pierre le Mangeur, l’Historia Langobardorum de Paul le Diacre, la Vita comitissse Mathildis de Donizon, les Annales Parmenses perdus.

Dans cette Chronica, qui tient à la fois de la chronique universelle et régionale, de l’histoire et de l’exposé moral, Salimbene relate tout ce qu’il a vu et entendu lors de ses nombreux voyages à travers l’Italie et la France. Elle contient donc une foule de renseignements sur les villes et les couvents, dans lesquels il a résidé, sur les personnages illustres qu’il a rencontrés et fréquentés, sur les doctrines défendues autour de lui, surtout sur le joachimisme, sur les principaux théologiens, philosophes et prédicateurs populaires illuminés de l’époque, sur les luttes entre le clergé séculier et régulier, sur les différentes sectes et fraternités propagées autour de lui, sur les guerres intestines en Italie et le conflit entre le pape et Frédéric II, sur les événements politiques et religieux de ce temps, sur la vie religieuse, morale et sociale du peuple.

Il existe aussi des traductions de la Chronica en différentes langues. Ainsi en italien, nous avons les versions de C. Cantarelli, Cronaca di fr. Salimbene, l’armigiano, Parme, 1882, 2 vol., et de G. Pochettino, La Cronaca di jr. Salimbene, San Casciano Val di Pesa, 1926, faites sur le texte défectueux publié par A. Bertani ; celle de F. Bernini, La bizarra Cronaca di fr. Salimbene, Lanciano, 1926, faite sur le texte critique de O. Holder-Egger. En français une traduction de la partie de la Chronica se rapportant particulièrement à la France, a été donnée par le P. Pacifique d’Aincreville, O. F. M., dans La France franciscaine, t. i, 1912, p. 2575 ; en allemand ilexisteD/e Chronik nach der Ausgabe der Mon. Germanise historica, Leipzig, 1914, par A. Doren. G. -G. Coulton a traduit une grande partie de la Chronica en anglais, tout en l’illustrant d’un commentaire, dans From St. Francis lo Dante. Londres, 1906 et 1907.

A côté de cette grande Chronica, Salimbene doit avoir écrit quelques autres chroniques de moindre étendue, auxquelles il fait souvent allusion dans la Chronica. Ainsi il cite bien des fois une Chronica in qua deeem scelera Fridcrici describuntur, qu’il appelle aussi Chronica brevior ; une Chronica de simililudine et exemplis, de signis et figuris et de mysteriis Yeteris et Novi Testamenti, dans laquelle, se basant sur les Décrétales de Grégoire IX, il fournit des notices sur Pierre Lombard et Joachim de Flore, et qu’il désigne aussi comme Chronica brevior ; une Chronica, qui. d’après le témoignage de Salimbene lui-même, débute : Octavianus César Augustus, qu’il rédigea en 1250 au couvent de Ferrare et qui allait jusqu’à VHistoria Langobardorum (O. Holder-Egger, éd. cit., p. 217) : quelques autres Chronicæ auxquelles il fait allusion dans sa grande chronique, éd. cit., p. 293 : sicut in hac chronica. et in alia et in lertia et in quarto… optime et pluries demonstravi.

Des citations fournies par la Chronica, il résulte aussi qu’il composa un Tractatus de Helisco (ibid.) : un Tractatus papas (iregurii X, qui peut-être faisait partie d’une, chronique disparue (éd. cit.. p. 472) ; un Liber de prselato et un Tractedus de apostolis, qui ont passé dans la grande Chronica (éd. cit., p. 96-163 et p. 254-294). D’après M. Bihl, O. F. M. (art. cit., p. 525). « on trouve dans le Liber de prselato beaucoup de détails sur le fr. Élie, mais non une biographie méthodique. Salimbene a écrit ce livre du point de vue qu’il avait en 1283, c’est-à-dire après la cbute et l’apostasie de cet ancien général de l’ordre franciscain ». Selon un article anonyme : Un saggio di storia francescana. paru dans S. Francesco d’Assisi, t. ix, 1929, p. 210218, ce livre ne constituerait point une source véridique et digne de foi pour la vie de fr. Élie ; des treize accusations portées contre lui par Salimbene, plusieurs seraient exagérées, inexactes et même fausses. Dans le Tractatus de apostolis, le chroniqueur traite de faux apôtres, qui se disent apôtres et ne le sont d’aucune façon, à savoir des différentes sectes hérétiques et de plusieurs fraternités, qui se constituaient alors presque chaque année à côté de l’ordre franciscain, auxquels elles empruntaient quelque pièce de leur habit religieux. Il y fournit des traits intéressants sur les fondateurs et les principaux adeptes de ces sectes et poursuit de ses invectives ces apostoliques, ces ribaldi et deceptores, comme il les nomme, qui feraient mieux de garder les vaches et les porcs que de prêcher et de parcourir l’Italie pour se faire vénérer. Voir Chronica, éd. cit., p. 293. Il les charge de toutes sortes d’épithètes plus ignobles les unes que les autres : ribaldi. porcarii, stulti, ignobiles, synagoga sathanæ, etc. (éd. cit., p. 255) et leur donne les occupations les plus viles : vaccas et porcos custodire, lalrinas purgare, etc. (éd. cit.. p. 293).

En 1259, Salimbene rédigea à Borgo San-Donino un Liber Tediorum ad simililudinem Paleccli. Voir Chronica, éd. cit., p. 464. Le Liber Pateccli, que le. chroniqueur franciscain imita, a été édité par F. Novati, Girardo L’atege le sue « Noie », testo inedito det primo dugenlo. dans Rendiconti del R. Istitulo I^ombardo, t. xxix, 1896, p. 279-288 et 500-516. O. Holder-Egger pense que la Chronica theologi Parmensis ord. minorum, que FI. Biondo a transcrit dans son ouvrage Historiarum décades, doit être identifiée avec la Chronica de duodecim sceleribus Friderici de Salimbene. Voir Préface, dans Chronica, p. xxvi ; P. Scheffer-Boichorst, Salimbene und Biondo. Zur Geschichte des xii. und xiii. Jahrhunderts, Berlin, 1897, p. 284289.

Pour la bibliographie, nous renvoyons à F. Bernini, Bibliografta Salimbeniana, dans Studi franc, IIIe sér., t. iv, 1932, p. 80-85, où l’on peut voir un grand nombre