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SALIER JACQUES) — SALIMBENE


    1. SALIER Jacques##


SALIER Jacques, minime (1615-1707). Né à Saulieu(Côte-d’Or), Il entra de bonne heure dans l’ordre <lt s minimes, où il occupa des charges importantes, professeur de théologie, provincial, enfin déflniteur de la province de Bourgogne ; il mourut à Dijon le 20 août 1707. Son œuvre principale est son Ilistoria scholastica de speciebus eucharistie is, sire de formarum materialium natura singularis observatio ex sacris prophanisque autoribus, 3 vol. in-4°, parus successivement : t. i, Lyon, 1087 ; Paris, 1689 ; t. ii, Dijon, 1092 : t. iii, Dijon, 1704. Disciple de son savant confrère, le P. Maignan, Salicr a voulu justifier du point de vue de l’histoire la position adoptée par l’illustre minime dans la controverse relative aux accidents eucharistiques. Voir ici Eucharistiques (Accidents), t. v, col. 1430-1433. Il étudia donc à travers les âges, depuis les origines les plus reculées, jusqu'à l'époque de la scolastique, les concepts de matière, de substance, d’accidents, exposé historique qui tendait à montrer le peu de consistance des doctrines reçues dans l'École, lesquelles devaient céder la place aux théories cartésiennes. Mais Salier ne s’est pus aventuré dans une discussion de ces dernières, ni surtout dans leur application au dogme de la présence réelle et de la transsubstantiation. On trouvera un compte rendu fort ample de son t. i, dans la revue publiée à Rotterdam, par Basnage, Histoire, des ouvrages des sçavans, septembre 1690, p. 13-22.

Le 1. 1, de Salier fut assez vivement attaqué ; on lui reprochait en particulier ce qu’on appelait ses plagiats : dans sa revue des opinions anciennes sur le sujet étudié, il avait pris, disait-on, de toutes mains. Il se défendit dans le Cacoeephalus sire de plagiis opusculum, in quo varia plagiariorum vitia trad.ntur et ingenuorum operum jura ex prophanis sacrisque autoribus vindicantur, in-12, Mâcon, 1694, 127 p. D’inspiration toute différente est l’ouvrage intitulé : Pensées sur le paraiiis et sur l'âme raisonnable, s. 1. n. d. (Dijon). « Quoique, dit Papillon, le titre promette des pensées sur le paradis, tout l’ouvrage cependant roule sur l'àme raisonnable. »

Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, t. ii, Dijon, 1745, p. 230.

É. Amann.
    1. SALIMBENE DE ADAM##


SALIMBENE DE ADAM, frère mineur italien et célèbre chroniqueur du xiiie siècle. — Né à Panne, le 9 octobre 1221, de Guy de Adam et de Imclda de Cassio, il fut tenu sur les fonts baptismaux par un baron français du royaume de Jérusalem, Balien de Sagitta ou de Sidon, qui revenait de Terre sainte et dès lors le futur frère mineur porta le nom de son parrain. Dans sa famille toutefois et dans son entourage on l’appelait communément Ognibene (Omne-bonum). Il fut reçu dans l’ordre des frères mineurs le 4 février 1238, à Parme, par le fr. Élie, alors général et de passage dans cette ville. Son père irrité mit tout en œuvre pour le ramener à la maison paternelle ; il en appela au frère Élie et à l’empereur Frédéric II lui-même, mais en vain. Le jeune novice, envoyé entre temps au couvent de Fano, ne voulut rien entendre et, le noviciat terminé, le fr. Ognibene, pour échapper aux embûches et aux menaces de son père, alla séjourner quelque temps au couvent de Jesi, dans la Marche d’Ancône cl, après Pâques 1239, il partit pour Lucques en Toscane. En passant par Lit là di Castello, il y rencontra un vieux frère, quc saint François avail encore revêtu de l’habil franciscain cl, comme il le raconte lui-même (Chronica, éd. o. Holder-Egger, p. 38-39), ce frère, étonné qu’il s’appelât ognibene (Omnebonum) lui dit : FM, nemo bonus nisi soins Deus. De celero nomen tuurn sil frater Salimbene, quia lu bene saltasd bonam religionem intrando. l'.l depuis lors Ognibene s’appela Salimbene. Il resta en Toscane de puis 1239 jusqu’en 1247 : d’abord à Lucques (12391211) ; ensuite à Sienne (1241-1213), où il fut ordonné. sous-diacre ci vil et entendit pour la première fois le mineur Hugues de Digne, ardent défenseur des théories de Joachim de Flore ; en fin à Pise (1243-1247), où il reçut le diaconat et s’initia aux doctrines joachimites sous la conduite d’un des plus ardents disciples du fondateur calabrais, Benoît, abbé de l’abbaye de Saint-Pierre de Camajore, entre Lucques et Piso. Voir A. Callebaul. Le joæhimite Benoît, abbé de Camafore et jra Salimbene, dans Arrh. franc, hist., t. xx. 1927, p. 219-222.

Après la mort de son père (vers 1245), qui jusqu'à la tin de sa vie travailla à le faire sortir de l’ordre franciscain, Salimbene rentra, en 1247, dans sa province de Bologne, à laquelle il appartenait. Il habita d’abord à Crémone, d’où, après l’expulsion des mineurs de leur couvent par les armées impériales, il se rendit à Parme, où il se réconcilia avec sa mère, qui peu après entra dans l’ordre de Sainte-Claire. Comme cette ville et ail assiégée par Frédéric II, il fut envoyé par son provincial en France avec son compagnon Jeannino de Ollis. À partir de cette année (1247), Salimbene commence les voyages innombrables au cours desquels il rassembla toutes les notes, tous les rapports et tous les mémoires qu’il retravaillera plus tard dans sa fameuse chronique. Le 1 er novembre 1247, il était à Lyon et il visita successivement les couvents franciscains de Villefranche, Troyes, Provins, Paris (où il resta du 2 au 9 février 1248), Sens, Auxerrc, Vczclay, Arles, Hyères, Aix, Tarascon, Ceaucairc, Marseille et Nice. Il assista à Hyères à une joute joæhimite d’Hugues de Digne, cju’il décrit longuement, moins peut-être pour exalter le savoir de son confrère, que pour faire l’apologie de son joachimisme. Pendant ses voyages dans le sud de la France, Salimbene fut presque toujours en compagnie d’Hugues de Digne, qui l’accompagna partout. Ils résidèrent du 20 juillet 1248 jusqu’au mois de septembre de la même année au couvent d’Aix, où ils transcrivirent VExposilio super quatuor evangelia de Joachim de Flore pour le général Jean de Parme.

Au début de novembre 1248, Salimbene s’embarque pour Gênes, où, entre le 16 et le 19 décembre, il est ordonné prêtre, après avoir subi un examen au couvent d’Arles le 28 et le 29 septembre 1248. Chargé d’une mission spéciale pour le général Jean de Parme, qui, à son retour de la visite canonique de l’Espagne, avait été convoqué par le pape Innocent IV, toujours à Lyon, pour une entrevue au sujet de l’union des Grecs avec l'Église romaine, Salimbene revint en France au mois de février 1249 ; nous l’y retrouvons à Hyères, Avignon, Vienne, Lyon et Embrun. Il rencontre à Lyon son provincial de Bologne, qui, indigné d’apprendre que Salimbene, envoyé en France pour étudier, courait tous les couvents du pays, lui donna ordre de regagner sa province et de retourner à Bologne. Salimbene regagna l’Italie au mois d’avril 1249. Après s'être arrêté dans plusieurs villes, principalement à Gênes, l’arme et Bologne, il fut envoyé par son provincial au couvent de Fcrrare, où il résida pendant sept ans (1249-1256). Les années qui suivent se passent en séjours plus ou moins prolongés en différents couvents de sa province de Bologne, qu’il ne quitta plus, si ce n’est pour visiter, en 1265, Assise et l’Alverne. De 1279 à 1285 il résida au couvent de Reggio Emilia, où en 128 : ? il commença la rédaction de sa célèbre Chronique, de 1285 à 1287 ou 1288 à Montefalcone. On n’a aucun renseignement sur le couvent qu’il habita après et on ignore complètement l’endroit et l’année de sa mort. Le dernier événement mentionné dans sa Chronique est le siège de Montecavallo, qui eut lieu au mois de juin 1288.