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été d’abord dictés par les professeurs à leurs étudiants. ce qui était en effet la meilleure fi.cou de mettre à l'épreuve un ouvrage destiné précisément à l’enseignement : d’où la nécessité, nous explique-t-on. d’i-n passer par bien des détours et de s’adapter à l’intelligence lente des débutants en théologie ; d’où en somme la longueur du trajet parcouru, et que le premier auteur n’avait point prévue telle.

Les auteurs que nous avons nommés, en relation avec les maîtres de l’université de Salamanque, ont été connus de leur temps comme des théologiens du plus grand mérite. Leurs biographes les présentent au surplus comme des religieux exemplaires. Dominique de Sainte-Thérèse et Jean de l’Annonciation ont occupé dans leur ordre de hautes charges administratives.

On jugea bientôt nécessaire un abrégé de ce Cours de théologie. Il fut publié par les soins de Paul de la Conception († 1726).

IL L’ouvrage. — Le Cursus (ce mot fut choisi comme dénonçant une intention de brièveté et de célérité) se présente donc comme un ensemble de traités, groupés selon le plan de la Somme théologique de saint Thomas et compris sous ce titre général : Collegii Salmanticensis fr. discalcealorum B. Mariie de Moule Carmeli primitii’iv obscrvantiie Cursus théologiens Summam theologicam D. Thomæ Docloris Angelici compleetens. En réalité, certains des traités de la Somme ont été omis ; de plus, à l’intérieur des traités retenus, on ne s’astreignit pas à développer également tous les éléments de la doctrine de saint Thomas. En cela, les Salmanticenses ont été soucieux de ne point faire double emploi avec le Cours d’Alcala, comme de no retenir que les matières ordinairement enseignées dans les cours de théologie scolastique ; ils s’excusent aussi de leurs omissions sur ce que les questions ou ne font pas difficulté ou appartiennent au Cours de théologie morale. L’ouvrage n’est donc pas proprement un commentaire de la Somme théologique, encore qu’il en recouvre de fait une grande partie.

Solennellement dédié à saint Thomas, le Cursus s’ouvre sur une oratio exhortaloria, où sont recensés, dans le style de circonstance, les titres de noblesse de la doctrine thomiste. En cours d’ouvrage, il ne paraîtra pas moins de huit dédicaces au même Docteur angélique, dont l’emphase ne doit point nous dissimuler la sincérité. Après un Avertissement au lecteur, où est signalée la connexion du nouveau Cursus avec celui d’Alcala, commence le corps de l’ouvrage. Il est annoncé comme devant se diviser en six tomes ; en réalité, il en comprendra huit jusqu’au traité de l’incarnation, auxquels s’ajouteront les trois traités des sacrements, de l’eucharistie, de la pénitence : la cause. en est le développement imprévu des traités, mais aussi, selon l’Avertissement déjà cité, la cupidité des imprimeurs et libraires, qui s’avisèrent de partager en plusieurs volumes ce qu’un seul aurait pu contenir, majoris forte lueri gratia. Les titres généraux cependant tels que les énonce le premier auteur, demeurent valides et marquent l’organisation doctrinale de l’ouvrage : il nous paraît donc utile de les reproduire, en indiquant les traités compris sous chacun d’eux, a elles questions correspondantes de la Somme théologique.

I te Deo ut uno : Tr. I. De pilncipto indivlduationis substantlæ materlalis et distinction ! » pure Individualis cujusvis entis.

I", (|. ni. Tr. II. De visione Dei. Q. xii. Tr. III. De scientia Dei. <, » iv.

Tr. IV. De voluntate Dei. (.). xix.

Tr. V. De prsedestlnatione et reprobatione. Q-xxiii.

De Deo ut trino :

Tr. vi. De racrosanctlssinue Trinltatls mysterio. Q. sxvit xi.m.

De Deo ut causa efficient i creaturarum in particulari : Tr. VII. De angelis. Q. i.-i.xiv, evi-cvn.

De Deo ut ultimo liiie creaturse ratlonalis et bcatitudinis

illius :

Tr. VIII. De ultimo fine. I « -II", q. i.

Tr. IX. De beatitudine. Q. n-v.

Tr. X. De voluulario et involimtaiio. Q. vi-xvii.

Tr. XI. De bonitate et malitia bumanorum actuum. Q. xvin-xxi.

Tr. XII. De virtutibus. Q. lv-lxvh. (A ce Imité est adjoint un Arbci pr : liù imentalis seu generolla dlvlSÎt omnium virtutum usque ad intimas species, avec une figure).

Tr. XIII. De vitiis et peccatis. Q. i.xxi-i.xxxix.

Tr. XIV. De gratia Dei. Q. CIX-CXII.

Tr. XV. De justifications impii. Q. cxiu.

Tr. XVI. De meiito. Q. r.xiv.

De iis quibus ad Deum ultimum finem pervenitur vel ab

eo rece litur in particulari : Tr. XVII. De iide. II"-II". Q. t-v ; x-xii. Tr. XVIII. De spe. Q. xvii-xxii. Tr. XIX. De caritate. Q. xxiii-xxvi.

Tr. XX. De statu religioso. I lui ; disputes, selon un plan indépendant de la Somme théologique.)

De Salvatore, via ad Ciclestem patriam : Tr. XXI. De incarnatione. III ». Q. i-xxvi.

De saci ament is, quæ sont organa per quæ divina gratia

a Christo in nos derivatur :

Tr. XXII. De sacramentis in cornmuni. Q. i.x-lxv.

Tr. XXIII. Do eucharistia. Q. lxxiu-i.xxxiii.

Tr. XXIV. De p ; enitentia. Q. lxxxiv-xc (est jointe V étude de la contrition, de la confession, île la satisfaction).

Mises à part les brèves annotations sur certains articles de saint Thomas, la grosse part de ces traités tient dans les Disputationes, où se trouvent débattus tout à l’aise les problèmes théologiques. Elles sont divisées en dubia : chacun de ceux-ci énonce une question, le plus souvent très restreinte, et dont il faut attentivement considérer les termes. Pour les cinq premiers traités, sont rapportées, après l'énoncé de la ejuestion, les opinions en cours, chacune étant munie ele ses preuves, celles-ci développées selon l’appareil logique d’usage ; après quoi, vient la solution adoptée, elle-même copieusement prouvée ; suit la réfutstion des opinions non retenues. Dès le traité VI, cette elisposition a été modifiée, en vue d’alléger l’exposé. Est d’aborel énoncée et défendue la solution adoptée ; la sentence adverse ne vient qu’ensuite, munie de ses raisons et suivie de sa réfutation. Le style précis et volontiers abondant, d’une fort honnête latinité, est moins nerveux que celui de Cajétan, plus poli que celui de Jean de Saint-Thomas.

Les treize premiers traités parurent en édition originale à Salamanque à partir de 1631. Augmentés des traités XIV à XXI, ils furent réédités à Lyon en 10 tomes, les huit premiers datés de 1679, les t. ix et x (traité de l’incarnation) respectivement de 1687 et 1691 (le dernier tome daté ele Cologne). Cette édition contient les différentes dédicaces à saint Thomas et quelques Avertissements au lecteur, précieux pour l’histoire de l’ouvrage (nous avons utilisé ci-dessus celle qu’on trouve en tête du t. x). On signale d’autres éditions anciennes à Madrid et à Venise. Au xix° siècle, fut entreprise une réédition devenue courante en 20 volumes in-8°, chez V. Palmé, Paris et alibi, 18701883 ; la elislribution originale de l’ouvrage n’y est point mise en valeur.

III. La méthode.

Le genre théologique.

- Les

auteurs ele notre Cursus insistent volontiers sur ce que leur ouvrage appartient à la théologie scolastique. Ils entendent par là un genre théologique déterminé, nommé aussi théologie, spéculative : l’objet en est de débattre les questions selon la méthode rationnelle la plus rigoureuse, en vue de pousser aussi loin que possible