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SAGESSE. CANONICITÉ


En cours et la célèbre dans son pouvoir et son action au sein du monde physique et moral, vii, 27-vm, 1. Sàlomon dit pourquoi lui-même a dès son jeune âge recherché la sagesse ; c’est que celle-ci, se trouvant être en étroit rapport avec Dieu et vivant en lui, peut procurer à l’homme tous les biens : richesse, ait, vertu, science du passé et de l’avenir, viii, 2-8, et que, devenue sa conseillère, elle devait lui donner à lui-même dans l’assemblée du peuple honneur, sens et jugement, souvenir immortel, 9-12, pouvoir sur les nations, 13-15, joie et contentement dans sa maison, 16-18. Il dit enfin que la prière est l’unique moyen d’obtenir la sagesse, parce qu’elle est un don de Dieu, 19-21.

3. Prière de Salomon demandant la sagesse : ix, 1-18. — Salomon demande la sagesse à Dieu, père miséricordieux et créateur tout-puissant, qui a fait l’homme pour qu’il domine sur la terre en toute sainteté et justice, 1-4 ; car il en a besoin, de cette sagesse, lui Salomon, ignorant et faible qu’il est comme tout homme en ce monde, 5-6 ; et chargé en outre de régir le peuple et le culte de Dieu, 7-12 ; et parce que l’homme, alourdi par son corps matériel, ne peut bien connaître et faire la volonté de Dieu que si la sagesse l'éclairé et le stimule, 13-18.

3° La sagesse se recommande par son action providentielle, ses conseils et son discernement admirable pour la conduite de l’histoire du monde, d’Israël, peuple choisi de Dieu, et des autres peuples ennemis. — 1. Comment la Sagesse depuis la création du premier homme jusqu'à l’entrée d’Israël dans la Terre promise a protégé les bons et puni les méchants : x-xii. — Dès les origines et au temps des patriarches, elle est le principe sauveur du corps et de l'âme dans tous les dangers, pour Adam, Noé, Abraham, Lot, Jacob et Joseph, mais aussi vengeur du mépris fait de ses avertissements pour Gain, l’humanité perverse, les peuples confondus, les villes coupables, x, 1-14. Lors de la sortie d’Egypte jusqu'à l’entrée dans la Terre promise, elle libère le peuple élu d’une nation d’oppresseurs par son serviteur Moïse, 15-16 ; elle le dédommage des peines endurées, en le guidant et le conduisant à travers la mer Rouge, 17-19 ; elle lui fait chanter sa délivrance, 20-21 ; elle lui fait traverser le désert en écartant ses ennemis et en l’abreuvant dans sa soif, xi, 1-4. À l'égard des ennemis d’Israël : elle punit, avec mesure pourtant, les Égyptiens, conformément à la loi du talion, en leur faisant endurer la soif par le changement des eaux du Nil en sang, 5-14, et en les châtiant, afin de les amener à conversion, par les bêtes qu’ils adoraient, xi, 15-xii, 2 ; elle punit également les Cananéens, avec aussi quelque miséricorde, de leurs crimes atroces, xii, 3-18. Elle agit ainsi pour amener Israël à l’amour du prochain et à l’espoir du pardon, 19-22, et pour montrer à ses ennemis quel est le vrai Dieu, 23-27.

2. Comment la sagesse met en garde ses auditeurs (ou lecteurs) contre le mal d’idolâtrie : xiii-xv. — Et d’abord contre l’adoration des forces naturelles et des astres, xiii, 1-5, bien que les adorateurs de la nature cherchent Dieu en elle et qu’ils aient pu ainsi le connaître, 6-9. Puis, contre l’adoration des images divines : qu’elles soient faites de bois, xiii, 10-xv, 6, ou d’argile, xv, 7-13, la folie de les adorer est égale ; puisque, d’une part, elles ne sont que de simples morceaux de bois indignes de recevoir un culte vain, xiii, 16-19, qui auraient pu être mieux utilisés à la construction d’un navire, comme le fut le bois de l’arche bénie de Dieu, xiv, 1-11 — inventions corruptrices qui n’ont pas toujours existé, 12-13, que la vanité humaine a créées pour honorer comme un dieu un homme mort, 14-16, ou un roi vénéré, 17-20 ; erreur qui engendra fatalement les pratiques les plus cruelles et les plus immorales : sacrifices humains,

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

orgies, cultes de mystères, tous les péchés et tous les maux, 21-31 — puisque, d’autre part, le potier ne façonne que par méconnaissance du vrai Dieu, son créateur, et par amour du gain, des idoles d’argile auxquelles il ne croit pas du reste, xv, 7-13. Au milieu de cette corruption, Israël, même par ailleurs coupable, doit se féliciter de s'être gardé pur de ces cultes réprouvés, et d’avoir ainsi, par sa foi au vrai Dieu, acquis la possibilité de parvenir à l’immortalité bienheureuse, xv, 1-6. Enfin, contre la folie plus insigne encore de prendre pour des dieux toutes les vaines idoles des païens, 14-17, et les animaux mêmes, 18-19.

3. Comment la sagesse divine sait discerner les innocents des coupables, punissant les uns, les Égyptiens, par leur péché même, sauvant les autres, les Israélites, par la plaie même dont sont frappés leurs ennemis : xvi-xix. — Dieu châtie les Égyptiens par des bêtes semblables à celles qu’ils adoraient : grenouilles qui leur ôtent l’appétit, xvi, 3a, 4a, sauterelles et moustiques qui les mordent et les font périr, 8-9, 13-15 ; tandis qu’Israël est nourri miraculeusement par les cailles, 2, 3b, 46 et délivré des morsures des serpents venimeux par le serpent d’airain, 6-7, 10-12. Alors que Dieu fait tomber sur les Égyptiens la foudre et la grêle, 16-19, 22, il fait pleuvoir la manne sur Israël, 20-21, 23-25. Tandis que les Égyptiens sont punis par des ténèbres terrifiantes, xvii, 1-21, les Israélites sont dans la lumière et guidés vers la Terre promise par une colonne brillante de nuées, xviii, 3-4. Alors que les Égyptiens sont châtiés par la mort de leurs premiers-nés, 5-6, 10-13-19, les Israélites sont épargnés plus tard, 7-9, et sauvés de la destruction complète par la prière de Moïse, 20-25. Tandis que les Israélites passent la mer Rouge sains et saufs, xix, 6-8, les Égyptiens y périssent, 1-5, 13-17.

L’auteur qui, à partir de xi, 4, laisse totalement de côté le concept de la sagesse pour s’adresser directement à Dieu même, ne la nommant plus que de temps à autre indirectement (xii, 26-xui, 7 ; xiv, 9-14 ; xix, 1-2), conclut enfin son long discours en reconnaissant que « de toute manière le Seigneur a élevé et glorifié son peuple et n’a, en aucun temps et en aucun lieu, oublié de l’assister », xix, 22, — cette glorification s'étant réalisée par œuvre toute divine et rappelant celle même de la création, xix, 6 sq. ; Il sq. ; 18 sq.

III. Canonicité.

- Le livre de la Sagesse, écrit en grec, n’a jamais dû figurer dans le canon palestinien des livres saints de l’Ancien Testament La mention r t xat ao<pîa du canon de Méliton de Sardes (ue siècle), immédiatement après celle des Ilapoqjtiou (Proverbes) de Salomon, ne le concerne pas et désigne sous une autre dénomination facultative le livre des Proverbes. Eusèbe, Hist. eccl., t. IV, c. xxvi, P. G., t. xx, col. 396. Cf. ibid., c. xxii : ô 71£ç t<ï>v àp/atcov X°P°Ç roxvâpETOv Zoçîav Taç SoXojj.côvoç uapoiuiaç éxàXouv… Mais il a dû jouir dans le judaïsme hellénique d’une très grande autorité, puisque les écrivains du Nouveau Testament l’ayant reçu avec toute la Bible grecque, n’ont pu en faire de si nombreuses citations implicites sans le considérer comme saint et inspiré de Dieu au même titre que les autres livres de l’Ancien Testament.

Ainsi saint Paul se réfère tacitement au livre de la Sagesse pour affirmer que Dieu tout-puissant se montre indulgent envers ses ennemis : Rom., ix, 19-23 et Sap., xi, 22 ; xii, 12-22 ; pour décrire dans ses modalités et ses conséquences l’idolâtrie : Rom., i, 18 sq. ; Gal., iv, 8-10 et Sap., xi, 13-15 ; Rom., i, 2628 et Sap., xi, 15-16 ; xii, 27-28. La christologie de l’Apôtre se rencontre souvent dans l’expression même avec la doctrine de la sagesse propre à notre livre : le Christ guide et abreuve les Israélites à travers le

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