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SACREMENTS. CAUSALITÉ, NÉGATIONS HÉRÉTIQUES


tiques, touchant les sacrements en général. Conc. Trid., édit. Ehses, t. v, p. 835-836. Sur le nombre (1), voir col. 536.

2. — Sacramenta non Les sacrements ne sont esse necessaria, et sine eis ac pas nécessaires ; sans eux, eorum voto per solam fidem même sans les désirer, les homines a Deo gratiam hommes, par la foi seule, adipisci. peuvent obtenir la grâce de

Dieu.

L’erreur ici signalée touche directement à la nécessité des sacrements. Sans doute l'Église catholique ne professe pas que tous les sacrements sont également nécessaires ; mais ici l’erreur protestante affirme qu’aucun sacrement n’est nécessaire. Et par là, indirectement, se trouve attaqué le dogme de l’efficacité sacramentelle. La proposition signalée donne la raison même pour laqu’elle les réformateurs nient la nécessité des sacrements, c’est qu’ils ne sont efficaces que par la foi et donc que, sans eux, les hommes, par la foi seule, peuvent obtenir la grâce de Dieu.

Les Actes du concile ne donnent ici aucune référence : cette erreur se confond d’ailleurs avec l’erreur fondamentale du protestantisme en matière de justification. Mais certaines rédactions des Actes substituent à cet article 2 la rédaction suivante, où se reflète une pensée de Mélanchthon :

Orationes et applicationes Les prières, les afflictions et eleemosynæ verissimepos-les aumônes peuvent, en se dici sacramenta. toute vérité, être appelées

sacrements.

Mélanchthon en effet avait écrit : Cur non addimus orationem, quæ verissime potest dici sacramentum ; habet enim mandatum Dei et promissiones plurimas et collocala inter sacramenta quasi in illustriori loco invitai homines ad orandum… Possent hic numerari etiam eleemosynæ, item afflictiones, quæ et ipsæ sunt signa, quibus addit Deus promissiones… Apologia confessionis, a. 14, dans J.-Th. Millier, Symbolische Bûcher, p. 204. Mélanchthon donne lui-même la raison de son assertion : signes des promesses divines, prières, afflictions, aumônes ont, par la foi, la même efficacité que les sacrements.

3. — Nullum sacramentum Aucun sacrement ne l’emesse alio dignius. porte sur un autre en dignité.

Luther : Deinde et sacramentum vel primum esse sunxerunt (se. catholici baptismum), cum tamen sacramenta nulli ministrare nisi sacerdotibus permittant, nec ullum sacramentum altero dignius esse possit, cum omnia constant verbo Dei. De instituendis ministris Ecclesiæ, ad senatum Pragensem, Œuvres, édit. de Weimar, t.xii, p. 181.

La doctrine catholique, on le verra plus loin, admet un ordre de dignité ou d’importance entre les sacrements. Pour les protestants, il n’en saurait être ainsi : l’efficacité sacramentelle dépendant uniquement de la foi du sujet, tous les sacrements sont également opérants ou inopérants, également utiles ou inutiles.

4. — Sacramenta novæ Les sacrements de la Loi Legis non conferre gratiam, nouvelle ne confèrent pas la etiam non ponenti obicem. grâce, même à qui n’y met

pas obstacle.

Ici le dogme traditionnel de l’efficacité sacramentelle est directement et explicitement nié.

Luther : Usitala, sed hæretica sententia est, sacramenta novæ Legis dare gratiam iis, qui non ponunt obicem. Prop. 1 de la bulle Exsurge Domine, Denz.Bannw., n. 741 ; sources : Assertio omnium articulorum M. Lulheri per bullam Leonis novissime damnatorum, a. 1, Weimar, t. vii, p. 101-103, avec références à : 1) Resolutiones disputationum de indulgentiarum virilité (1518), concl. 7, Weimar, t. i, p. 544 ; 2) Adversus

execrabilem Antichristi bullam (1520), a. 1, ibid., t. 1, p. 608.

La proposition de la bulle Exsurge Domine est ainsi libellée : « C’est une opinion hérétique, bien que commune, que les sacrements de la nouvelle alliance confèrent la grâce sanctifiante à ceux qui n’y mettent point d’obstacle. » Le texte censuré par la Sorbonne complète la pensée luthérienne : « Puisqu’il est impossible que le sacrement soit conféré à d’autres que ceux qui ont la foi ou qui sont dignes. » Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. viii, p. 738, note 1.

Il ne sera pas inutile de relater ici l’assertion de la Confession d’Augsbourg, a. 13 : Damnant illos qui docenl, quod sacramenta ex opère operato justificant. Symbolische Bûcher, p. 42. Cf. Apologie de la confession, a. 13 (7), n. 18 : Damnamus totum populum scholasticorum doclorum, qui docent, quod sacramenta non ponenti obicem conférant gratiam ex opère operato sine bono motu utentis. Hœc simpliciter judaica opinio est sentire, quod per cœremoniam juslificaremur sine bono motu cordis, hos est sine fide. Ibid., p. 204.

5. - - Sacramenta mm-Les sacrements n’ont jaquam gratiam atit remissio-mais donné la grâce ou la nem peccatorum dédisse sed rémission des péchés, mais la solam fidem sacramenti. seule foi du sacrement.

Cet article est omis dans les éditions ordinaires des Actes du concile. L’idée qu’il exprime est conforme au système protestant de la justification par la foi seule : on trouve ce texte dans Luther, Quæslio circularis de origine gratiæ (1520), n. 7, Weimar, t. vi, p. 471. Cette idée détruit également l’efficacité sacramentelle.

6. — Statim post lapsum Aussitôt après la chute Ada ? fuisse sacramenta a d’Adam, Dieu a institué des Deo instituta, in quibus sacrements, dans lesquels gratia daretur. était donnée la grâce.

(Autre texte) :

Ktiam ante Christum Même avant le Christ la

fuisse collatam in sacramen-gr ::^ fut confirit dans les

tis gratiam. sacrements.

C’est dire que les sacrements de la Loi nouvelle n’ont pas plus d’efficacité que les sacrements préchrétiens. Luther : Sacramenta gratiæ Christi passione et morte virtutem esse sortita concedimus, sed non esse talia nisi (in) Novo Testamento, nec statim post lapsum Adæ fuisse negamus. Disp. de origine gratiæ n. 1, 2, Weimar, t. vi, p. 471. — Mélanchthon : Vere fuit baplismus vehi in arca per diluvium ; vere fuit baptismus transitus per mare, lamelsi Paulus dicat illos in Moysc baplizatos esse (I Cor., x, 2). Disp. de baptismo, Corp. reformat., t.xii, col. 500.

7. — Sacramentis dari Les sacrements donnent la tantummodo gratiam cre-grâce seulement à ceux qui dentibussibiremittipeccata. croient leurs péchés remis.

La Confession d’Augsbourg, a. 13, condamne illos qui docent, quod sacramenta ex opère operato justificent, nec docent fidem requiri in usa sacramentorum, quæ credat remilti peccala. Symb. Bûcher, p. 42. — Luther : Sacramenta Novi Testamenti promitlunt omnibus, danl vero solum credentibus gratiam. Disp. de fide infusa et acquisita, n. 19, Weimar, t. vi, p. 86.

8. — Non dari gratiam in Les sacrements ne donsacramentis semper et omni-tient pas la grâce toujours et bus, quantum est ex parte à tous, en ce qui concerne Dei, sed quando et ubi visum l’action divine ; ils la donnent est Deo. quand et où il plait à Dieu.

Confession d’Augsbourg, a. 5 : Per verbum et sacramentum iamquam per instrumenta donatur Spiritus sanctus, qui fidem efficit, ubi et quando visum est Deo, in iis qui audiunt evangelium. Symb. Bûcher, p. 39.

9. — In nullo sacramento Aucun sacrement n’imimprimi characterem, sed prime de caractère : le rem fictitiam esse. caractère est une fiction.