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SACREMENTS. NOTION. L’ÉCRITURE

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SACREMENTS. NOTION. L’ÉCRITURE

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symbole du pain et du vin signifient, en même temps qu’ils la réalisent par l’efficacité toujours présente des paroles du Christ à la dernière Cène, la présence réelle du corps et du sang sous leurs symboles expressifs. Matth., xxvi. 26, 28 ; Marc, xiv, 22, 24 ; Luc, xxii, 19-20 ; I Cor., xi, 24-25 ; cf. Joa., vi, 48-58. Et, de plus, dans quelques-uns de ces derniers textes, le symbolisme efficace relatif à la vie de la grâce ici-bas, de la gloire dans l’au-delà, est nettement indiqué : Jésus y parle du « sang de la nouvelle alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés », Matth., xxvi, 28, et du « fruit de la vigne », dont, dit-il, « je ne boirai plus désormais, jusqu’au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père », ibid., 29 ; cf. Marc, xiv, 24-25 ; ’Luc, xxii, 16, 18, 20. D’un trait, saint Paul souligne le symbolisme eschatologique (les scolastiques disaient : prognostique) par rapport à la vie future, en même temps que « remémorat if » par rapport à la passion du Sauveur : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » I Cor., xi, 26. Et, dans saint Jean, le symbolisme eschatologique est aussi fortement accentué que possible, puisque la manducation du corps du Sauveur est un gage de vie éternelle et de résurrection glorieuse. Joa., vi, 50, 51, 54, 58.

La confirmation.


Le rite de l’imposition des mains, dans l’Église apostolique, symbolise la descente du Saint-Esprit dans les âmes. Non seulement il la symbolise, mais il la rend effective. Act., viii, 14-18 ; xix, 2-6. Complément de l’ablution baptismale, Act., xix, 5-6, ce rite n’est efficace que s’il est conféré par ceux qui ont reçu la plénitude de l’Esprit, les apôtres. Act., viii, 12-16. Mais, précisément pour manifester avec plus d’éclat dans l’Église naissante l’action de l’Esprit, il était accompagné de charismes merveilleux. Act., xix, 6 ; cf. I Cor., xii, 30-xiv, 40. Toutefois, l’apôtre Paul rappelle que la voie excellente entre toutes n’est pas celle des dons, mais celle de la charité. Ibid., xiii, 1-13.

Ici encore, le symbolisme ne s’étend pas seulement aux effets du sacrement ; il concerne encore l’objet de la confession que les chrétiens, éclairés et soutenus par le Saint-Esprit, doixent avoir la force de faire publiquement pour assurer leur salut. Cf. Marc, viii, 38. Le symbolisme n’est donc pas seulement efficace quant aux effets présents, il est encore remémoratif du Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les gentils, I Cor., i, 23, qu’il faut savoir confesser avec courage si l’on ne veut pas — symbolisme eschatologique — être renié par le souverain juge. Luc, xii, 13.

L’ordre.


A plusieurs reprises, Paul parle des charismes qui se rapportent au gouvernement des Églises. I Cor., xii, 28 ; I Thess., v, 12, 13. Le rite symbolique, par lequel s ? transmet le pouvoir sur l’Église, c’est ici encore une imposition des mains, symbole du Saint-Esprit conférant ce pouvoir et la grâce pour le bien exercer. Act., xiv, 22 ; II Tim., I, 6 ; cf. I Tim.. iv, 14 ; v. 22 ; Act., vi, 6. Voir ici Ordre, t. xi, col. 1237 sq. Que le symbolisme du rite ait ici encore une extension qui dépasse le pouvoir signifié et produit par lui, cela résulte de la nature même de ce pouvoir qui n’est qu’une participation du pouvoir sacerdotal du Christ, cf. I Cor., iv, 1, seul médiateur, seul prêtre véritable. Heb., x, 14 ; vii, 23, 24.

L’extrême-onction et la pénitence.


Le symbolisme de l’extrème-onction est indéniable : « Si quelqu’un de vous est malade, qu’il appelle les prêtres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le rétablira et, s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnes. » Jac, v, 1-4. L’onction d’huile, symbole de l’adoucissement des souffrances et de l’apaisement de l’âme est en même temps un symbole efficace de la rémission des péchés. Mais, tout comme la pénitence qui, elle aussi, signifie et produit cette rémission, l’extrême-onction est le prolongement expressif de cette rédemption par laquelle le Sauveur nous a mérité le pardon de nos fautes. Remettre les péchés n’est-il pas le propre de Dieu ? Matth., ix, 2-3 ; Luc, v, 21. Mais précisément Jésus a été envoyé par le Père pour sauver le monde, et il envoie les apôtres et leurs successeurs comme lui-même a été envoyé, et il leur communique le Saint-Esprit, pour bien marquer le prolongement en eux de son pouvoir divin de remettre les péchés. Joa., xx, 21-23.

Le mariage.


C’est encore par le corps mystique que saint Paul explique, en partie du moins, le symbolisme efficace du mariage. L’efficacité du rite, quant à la production de la grâce, n’est touchée qu’indirectement. Mais le symbolisme et l’efficacité du symbole par rapport au lien conjugal est profondément tracé : « Q)ue les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église, son corps, dont il est le Sauveur… Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église… Les maris doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme, s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et l’entoure de soins, comme fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et de deux ils deviendront une seule chair. Ce mystère (symbole) est grand, je veux dire, par rapport au Christ et à l’Église. » Eph., v, 22-33. Mais précisément, au coursde ce magnifique développement, l’apôtre explique que « le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier… pour la faiie paraître devant lui, cette Église glorieuse, sans tache, sans rides ni rien de semblable, mais sainte et immaculée. Le symbolisme remémoratif de l’union du Christ et de l’Église appliqué par Paul à l’union des époux dans l’état de mariage implique donc l’efficacité du sacrement par rapport à la production d’une grâce qui sanctifie, rend saint et immaculé.

Conclusion.


Ce n’est donc pas une conception scolastique, mais c’est l’intelligence même des données script maires touchant le symbolisme efficace des sacrements, qui amène saint Thomas à conclure que le sacrement est, non seulement un signe sanctifiant, mais le signe d’une chose sacrée en tant qu’il sanctifie l’homme. Par rapport à la « chose sacrée » dont il est le signe, le sacrement possède un symbolisme multiple, bien qu’il ne signifie et ne réalise effectivement qu’une sanctification, celle du sujet auquel il est conféré. « Il faut dire, écrit le saint Docteur, que les sacrements de la Loi nouvelle signifient trois choses : tout d’abord la cause première qui sanctifie ; ainsi le baptême est le symbole de la mort du Christ : sous cet aspect, les sacrements sont remémoratifs. Ensuite, ils signifient l’effet sanctifiant qu’ils réalisent effectivement, et c’est même là leur principal symbolisme ; et ainsi ils sont démonstratifs. Peu importe d’ailleurs que le sujet ait été effectivement ou non sanctifié, car le défaut de sanctification n’est pas le fait du sacrement qui, autant qu’il est en lui, doit conférer la grâce. Enfin, ils signifient la fin de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire l’éternelle gloire et, sous cet aspect, ce sont des signes prognosliques. Les sacrements de l’ancienne Loi sont uniquement prognostiques. » In /Vum Sent., dist. I, q. i, a. 1, qu. 1.


II. CHEZ LES PÈRES AVANT SAINT AUGUSTIN.

Les Pères grecs.


1. Les Pères apostoliques. —

Ce concept de symbole ou signe efficace de sanctification