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    1. SACREMENTS##


SACREMENTS. NOTION, L’ÉCRITURE

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signe efficace, parce qu’il produit lui-même la sanctification dans l’âme. <> Symbole efficace de sanctification », voilà comment le sacrement chrétien apparaît sous les formules encore hésitantes par lesquelles les premiers auteurs latins ont fait la transposition de [xuaT/ ; pr.ov en sacramentum.

Il est donc nécessaire de quitter l’étude du mot, pour s’attacher au concept exprimé dès le début dans la description des rites et des institutions auxquelles le mot fut appliqué postérieurement. Or, soit dans l’Écriture elle-même, soit dans la tradition préaugustinienne, nous trouvons très nettement marqué, à propos des sacrements, ce double concept de symbole efficace que saint Augustin mettra en pleine lumière au ve siècle.

I. DANS L’ÉCRITURE SAINTE. — L’Écriture, bien entendu, n’a pas de doctrine générale du sacrement chrétien. L’élaboration de ce concept ne s’est faite que peu à peu ; mais, dans l’Écriture, à propos des rites auxquels nous donnons aujourd’hui le nom de sacrements, se trouvent déjà exprimés à la fois leur symbolisme et leur efficacité dans la sanctification des âmes, (’/est à la description de chaque sacrement en particulier qu’il faut demander la démonstration de cette assertion générale. Démonstration plus complète et plus facile en ce qui concerne les deux sacrements de baptême et d’eucharistie que l’Écriture a surtout mis en relief, mais que l’on doit étendre aux autres sacrements sur lesquels l’Écriture ne nous a laissé que des traits rapides.

Le baptême.


Saint Paul, à maintes reprises, a exprimé le symbolisme et l’efficacité du baptême. Mais c’est surtout dans l’épître aux Romains qu’il faut en chercher la formule. « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché ; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais, si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus… Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. » Rom., vi, 4-11. L’immersion, symbole de la mort et de la sépulture de Jésus-Christ, signifie la mort du « vieil homme », enseveli sous l’eau. Mais, en sortant du bain baptismal, comme le Christ sortant du tombeau, le nouveau chrétien a puisé dans le baptême une vie nouvelle. Ainsi donc, le baptême symbolise la mort et la résurrection du Sauveur ; mais c’est, de plus, un symbole efficace, puisqu’il réalise dans l’âme du néophyte la mort au péché et la résurrection à la vie de la grâce. On remarquera, dans ce passage classique, que le symbolisme du baptême s’étend non seulement à l’effet réalisé dans l’âme, l’ablution signifiant et produisant la purification intérieure, cf. I Cor., vi, 11 : Acf., xxii, 16, mais encore à la réalité sainte qui est le type de cette purification, la mort et la résurrection du Christ, réalité éminente qui, tout en échappant a l’efficacité du sacrement, demeure cependant dans l’orbite de son symbolisme. En réalité, ce n’est pas seulement la mort et la résurrection du Christ qui entre dans le symbolisme sacramentel du baptême, c’est cm me toute la vie chrétienne, avec ses conditions présentes et scs espérances futures. « Dieu, notre Sauveur… nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisons, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit… afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers de la vie éternelle, selon notre espérance. » Tit., iii, 5-7. Par cette régénération spirituelle qu’il réalise en nous, le baptême symbolise également et réalise pareillement notre entrée dans le royaume de Dieu, l’Église. Joa., m, 3, 5. Et c’est encore ce symbolisme qui permet à saint Paul d’étendre la purification du baptême à tout le corps mystique qu’est l’Église, que Jésus a aimée, pour qui il s’est livré, « afin de la sanctifier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale ». Eph., v, 26-27.

Si nous considérions l’efficacité du baptême, sans nous attacher à son symbolisme, nous trouverions plus d’un texte : rémission des péchés, Marc, xvi, 16 ; Act., ii, 38 ; purification des crimes les plus énormes, I Cor., vi, 9-11 ; vie nouvelle, Rom., vi, 4 ; créature nouvelle, Gal., vi, 15 ; filiation adoptive du Père, Rom., viii, 15-17. Le baptême est « le bain de la régénération ». Tit., iii, 5. Dans Matth., iii, Il et Luc, iii, 16, l’expression « baptiser dans le feu et l’Esprit-Saint », marque symboliquement la purification intérieure que seul peut atteindre et réaliser le Saint-Esprit, par opposition au baptême de Jean qui n’obtient la rémission des péchés que moyennant la confession des péchés, Matth., iii, 6, et la pénitence intérieure, Luc, iii, 3.

L’eucharistie.


L’eucharistie occupe la pensée des écrivains inspirés piesque autant que le baptême. Le symbolisme est ici encore nettement marqué : il fait suite, chez saint Paul, à la doctrine du corps mystique. Participation au corps et au sang du Christ, l’eucharistie est le symbole de notre unité dans le Christ. « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, nous formons un seul corps, tout en étant plusieurs. » I Cor., x, 17-18. On peut rapprocher de cette assertion la prière sacerdotale de Jésus au moment et à propos de la Cène, demandant au l’ère, pour les hommes qui auront foi en lui, « qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et vous en moi, afin qu’ils soient parfaitement un ». Joa., xvii, 22-23. Ainsi donc. « de même que le juif, en mangeant lachairde la victime immolée, participe au sacrifice qu’il offre et que le païen, par l’idolothyte, entre en communion avec l’idole, c’est-à-dire avec les démons, ainsi le pain et la coupe eucharistique rendent le fidèle participant au sacrifice offert par le Christ sur la croix ». P. Pourrat, La théologie sacramentaire, p. 92.

Le symbolisme et l’efficacité de l’eucharistie apparaissent peut-être avec plus de force encore dans l’évangile de saint Jean, en tant que le symbole de la nourriture matérielle nous fait comprendre d’une façon saisissante que la chair et le sang du Sauveur sont vraiment nourriture et breuvage. Par l’eucharistie, c’est-à-dire par la chair et le sang du Christ, nourriture et breuvage de l’âme, sont produits, dans l’ordre de la vie surnaturelle, les mêmes effets que la nourriture ordinaire produit dans l’ordre matériel. Par l’eucharistie, Jésus s’unit intimement au fidèle et L’unit à lui ; il lui communique la vie qu’il reçoit lui-même du l’ère et ainsi l’eucharistie est le moyen efficace qui donne au chrétien la vie éternelle et lui devient un gage de résurrection glorieuse. Joa., vi, 56-58.

On voit jusqu’où s’étend h-symbolisme de l’eucharistie. Sans doute, en tant que sacrifice ou participât ion au sacrifice par la communion, l’eucharist ie est le symbole coinmémoralif de la passion et de la mort du Sauveur. Luc. xxii, 19-20 ; 1 Cor., xi, 24-28, c’est-à-dire du sacrifice du Calvaire qui n’a eu lieu qu’une fois. Hcb., ix, 23-28. Mais l’eucharistie est représentative du sacrifice du Calvaire parce que le