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    1. SACREMENTS##


SACREMENTS. LA NOTION

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où la force armée avait enlevé aux donatistes leurs églises. Le dernier texte de la Passio Donati présente, dans une description pathétique, un jeune catéchumène qui demande le baptême, parce qu’il est encore expers sacramentorum, au milieu de la scène de violence et de carnage dont l’église est le théâtre. Ibid., 1 1, col. 757 A.

Un dernier texte, peu sur, parle de ceux qui n’ont pas livré le sacrement, et sacramentum non tradiderunt : il s’agit vraisemblablement de la Bible. Pseudo-Cyprien, Epist., iii, édit. Hartel, p. 274. Voir Lebacqzde Ghellinck, p. 289 sq.

4. Saint Hilaire.

Avec saint Hilaire, au ive siècle, le mot sacramentum s’adapte déjà parfaitement au signe efficace producteur de la grâce. C’est ainsi que l’évêque de Poitiers parle des sacrements de l’Église, Tract, in ps. CXXXI, n. 23, P. L., t. ix, col. 7Il H. Il appelle formellement le baptême un sacrement, In ps. lxvii, n. 33 ; CXVIII, lit. iii, n. 5 ; cxxxri, n. 7, col. 466 G, 519 A, 780 B ; ou encore le sacrement de la nouvelle naissance, In ps. xci, n. 9, col. 499 1) ; de la nouvelle génération, In ps.cxxix, n. 8, col. 723 A ; le sacrement de l’eau et du feu, In Matth., c. iv, n. 10 ou encore, au pluriel, les sacrements du baptême et de l’Esprit (peut-être ici s’agit-il du baptême et de la confirmation), ibid., n. 27, P. L., t. ix, col. 931 B, 942 B. L’eucharistie, elle aussi, est un sacrement, le sacrement de la chair et du sang, De Trinitate, t. VIII, n. 17, qu’il appelle encore le sacrement de la parfaite unité, ibid., t. x, col. 249 B ; cf. n. 16, col. 248 B, ou encore sacrement de la divine communion. In ps. LXVIII, n. 17, t. ix, col. 480 BD. Ce sont là les sacrements du salut humain, De Trinitate, t. V, n. 35, t. x, col. 153 B, sacrements de la grâce nouvelle que le vieil homme, attaché au péché, ne saluait recevoir, In Matth., c. ix, n. 4, t. ix, col. 963 C, mais sacrement du pain céleste qu’on reçoit en foi de la résurrection future, In Matth., c. iv, n. 3, t. ix, col. 963 B.

Ce n’est pas que saint Hilaire ait rompu avec les autres significations du mot sacrement. On retrouve, en effet, très nettement la signification du sacrementserment. In ps. IXII, n. 12, P. L., t. îx. col. 406 CD ; xci, n. 2, col. 495 A ; ibid., n. 8, col. 499 A ; v.xviu. lit. xiv, n. 6, col. 592 A ; cxxxi, n. 4, col. 730 B ; ibid., n. 12, col. 735 C ; In Matth., c. v, n. 23, col. 940 A. Toute proche de cette signification, celle de profession de foi, signe sacré de salut : la foi au Fils est un sacrement, De Trinitate, t. VII, n. 6, t. x, col. 201 H ; la croix est un sacrement de la foi. In Matth., c. xi, n. 25, t. ix, col. 977 B ; ainsi que les cérémonies du culte, In ps. cxxxvi, n. 6, ibid., col. 780 CD ; sacrement de la foi, la confession de la divinité du Fils, De Trinitate, t. VII, n. 6, t. x, col. 204 BC ; aussi la confession de Pierre à Césarée de Philippe est-elle appelée confessio sacramenti (ici, l’idée de mystère entre déjà dans la signification du mot), ibid., t. VI, n. 20, col. 172 BC ; sacrement, la confession de la foi des apôtres en la Trinité, ibid., t. VIII, n. 36. t. x, col. 264 A. Cf. Evangelicæ fidei sacramentum, ibid.. t. XI, n. 1, col. 399 B. En plusieurs textes, nous trouvons le sens de symbole, figure, type : In Matth.. c. xxii, n. 3, t. ix, col. 1042 C ; le ps. i.xviii est un sacrement, c’est-à-dire une figure de la passion à venir du Christ, n. 1, t. ix, col. 476 A ; nous connaissons aussi le sacrement, c’est-à-dire l’expression, le signe de la prudence vraie et céleste de Dieu, In ps. lxvii, n. 21, t. ix, col. 457 C.

Mais c’est au sens de sacrement-mystère qu’Hilaire demeure surtout attaché. Innombrables sont les textes, relatifs à Dieu, à la Trinité ou à l’incarnation ou à quelque vérité dépendant de ces mystères, où le mot sacrement intervient en ce sens : Sacrement de l’unité de Dieu, De Trinitate, t. IX, n. 19, t. x, col. 295 B ; n. 26, col. 302 A ; de la substance divine, ibid., t. VI, n. 19, col. 171 C ; des dispositions (décrets) éternelles de Dieu, // ! ps. lxi, n. 2, t. ix, col. 396 AB ; de la science divine. De Trinitate. I. VII, n. 27. t., col. 223 B. Sacrement de la Trinité : ne pas diviser ce qui est un, ibid., col. 223 A ; ni solitude (seule), ni diversité (seule), ibid., 1. IX. n. 36, col. 508 A. Sacrement de l’unité dans chaque propriété divine, De Trin., t. XI, n. 1, col. 400 A ; sacrement du Père, ibid.. 1. X 1. n. 31, col. 405 A ; sacrement du Fils, ibid., I. VII, n.7 ; cf. I. IX, n. 72, col. 204 C et 338 B ; voir aussi le sacrement de la naissance (du Fils), De Trinitate. t. VII, n. 6, col. 204 A ; cf. n. 11, col. 207 C ; 1. IX. n. 23. 20. col. 299 A, 302 AB ; sacrement ignoré de plusieurs, ibid., t. VII, n. 5, col. 203 A.

De nombreux textes signalent le sacrement de l’incarnation, sacrement approché par la Loi, consommé par l’Évangile, sacrement (mystère) non pour Dieu, mais pour nous. De Trinitate. t. IX, n. 25-26, n. 4, P. L., t. X, col. 301 B, 302 A, 284 A. Sacrement de la divinité du Christ, t. X, n. 48, col. 381 C ; où Dieu se trouve tout en tous, non par nécessité, mais par sacrement (mystère), t. XII, n. 48, col. 431 C ; sacrement, selon le corps pris par la divinité, 1. XI. n. 18, col. 412 A : cꝟ. t. IX, n. 39, n. 00, col. 311 C, 334 B ; dans lequel Dieu, demeurant dans sa nature, est cependant né homme, t. X, n. 22, col. 359 B ; sacrement des actions théandriques, t. VIII, n. 50, col 273 B ; des dénominations à donner au Christ, t. IX, n. 0, col. 283 AB ; sacrement dans lequel le Christ a souffert, t. X, n. 60, col. 391 C.

5. Zenon de Vérone.

Il connaît, lui aussi, plusieurs de ces différentes acceptions ; ses œuvres nous en fournissent quelques exemples. Dans le sens de mystère (pour l’incarnation) : Tract., t. I, ii, n. 9 ; xii, n. 1 ; t. II, xiv, n. 4, P. L., t. xi, col. 278 B, 339 B, 438 B ; (pour la Trinité) : Tract., t. II, i.xxi, col. 524 A ; lxxiii, col. 525 B ; lxxvi (sacrement du nombre trois), col. 526 B. Dans un sens plus large de figure mystique, type, t. I, xii, n. 3, col. 341 B ; t. ii, x. n. 2, col. 119 A ; XIII, n. 2, col. 450 B ; n. 3, col. 451 C ; LXIX, col. 523 A. Mais le baptême reçoit aussi le nom de sacrement : per sacramenta unda jam parturit. t. II, xxxii, col. 478.

6. Saint Optât.

Avec saint Optât, tout entier absorbé par la controverse donatiste, le mot sacrement semble réservé au baptême. De schismate donat., 1. I. c. x, xi, xii, P. L., t. xi, col. 899, 905 A, 907 B. Sans aucun doute, l’évolution sémantique est terminée. Si l’on peut encore relever chez les auteurs des sens différents du mot sacrement — il en sera ainsi jusqu’au xiie siècle — du moins, appliqué aux rites sanctificateurs, ce mot a un sens bien déterminé que l’on ne peut plus contester.

Ainsi saint Ambroise et l’Ambrosiaster, nous offrent plusieurs exemples de ces précisions définitives. On trouve encore sacramentum avec le sens de décrets divins, sacramenta divina, De Spiritu Sancto. t. II, prol., n. 11, P. L.. t. xvi, col. 775, ou avec le sens de serment : sacram-ntum ne verearis, Epist.. XL, n. 31, P. L., t. xvi, col. 1159 ; cf. De officiis, t. I, c. iv, n. 254, ibid., col. 108. Le sens actuel de sacrement est nettement indiqué, n. 247, col. 104, et principalement dans le De mysteriis, où ce mot, emprunté au grec, prend exactement la signification définitive. Voir c. i, n. 2, 3 : c. ii, col. 406, 407. On pourrait relever des indications semblables chez l’auteur du De sacramentis, t. xvi, col. 435 sq.


II. La notion.

De cette étude préliminaire du mot « sacrement » appliqué aux rites mystérieux employés par l’Église dans l’initiation et la vie religieuse de ses membres, se dégage déjà un double concept : l’idée de signe et l’idée de sanctification. Un signe sacré parce qu’il symbolise une réalité sainte, un