Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

329

    1. RUSSIE##


RUSSIE. LA SUPPRESSION DU PATRIARCAT

330

(1718), dans Ctenija, 1864 ; S.-N. Maslov, Bibliothèque de Stéphane Javorskij, Kiev, 1914 ; I.-V. Morev, Le Kamen 1° ; / du mélropol. Stéphane Javorskij (Kamen’…), Pétersbourg, 1904, ouvrage capital ; voir les recensions de A. Ponomarev, Quelques remarques et observations en guise de post-scriptnm au Kamen Vêrg de I.-V. Morev (Neskol’ko zamèèanij…), dans Khr. Cten., 1905 ; V. Pcvnicldj, Les discours de Stéphane Javorskij, métropol. de Riazan et Murotn (Slova…), dans Trudꝟ. 1874-1875-1877 ; In.Samarin, Stéphane Juvorskij et Théophane Procopoviè, 1840-1843. Œuvres complètes de Javorskij, 5 vol., Moscou, 1880.

Dimitri de Rostov est célèbre comme hagiographe. Ses Menées sont fameuses, mais il eut des difficultés à les éditer. Il s’était efforcé d’obtenir la permission du patriarche Joachim de Moscou pour procéder à l’impression ; comme il ne pouvait l’obtenir, on décida à Kiev d’aller de l’avant et de faire accepter ensuite le fait accompli. Le t. i fut donc imprimé en janvier 1089 et fut examiné par l’archimandrite des Cryptes, Barlaam, les moines du chapitre, le métropolite de Kiev et encore l’archevêque de Cernigov. Le livre fut alors envoyé à Moscou d’où vint une verte réprimande. On accusa surtout Dimitri d’avoir défendu l’immaculée conception, d’avoir imprimé une Vie de saint Jérôme en l’appelant docteur orthodoxe, enfin d’avoir imprimé la Couronne du Christ.

Dimitri cherchait à acclimatera Rostov les dévotions chères aux catholiques. Son commentaire de [’Anima Christi est très beau. Dans ses homélies au clergé de son diocèse, il trouve des expressions aussi touchantes qu’énergiques pour lui faire comprendre ce qu’est l’eucharistie. Il voulait que tous ses prêtres et leurs lidèles se prosternassent en entrant à l’église, et il composait pour eux d’émouvantes actions de grâce après la sainte communion. On voudrait transcrire ici les pages qu’il a écrites — pages très belles et profondément pieuses — sur le culte du Sacré-Cœur.

Sa pensée théologique est condensée dans ses Questions et réponses sur la foi et attires connaissances plus importantes pour un chrétien, dans Œuvres complètes, t. i, p. 59-91. La doctrine, en général, est sûre. On remarque qu’il s’est rallié à la doctrine moscovite sur la transsubstantiation par l’épiclèse. En dehors du Rozysk, écrit contre les starovières, dont nous avons parlé ailleurs, la plupart des œuvres que nous a laissées le pieux métropolite sont des sermons ou des écrits ascétiques. Il a laissé aussi un diaire et une histoire de Russie. Il mourut le 28 octobre 1709 ; on le trouva mort dans sa cellule, à genoux. Il fut canonisé le 22 avril 1757.

Une édition des œuvres de Dimitri de Rostov a été réimprimée en 5 vol. à Moscou, 1857 ; une autre à Kiev, 18911895 ; une autre à Pétersbourg (s. d. [après 1905]) ; cette dernière dont nous nous sommes servi ne contient ni le Rozysk (dont les éditions sont nombreuses), ni les Menées.

R. Dimitri, Instruction au moine Barlaam pour la visite d’Vgliiet du territoire adjacent, en appendice dans Sctaljapkin, Saint Dimitri de Rostov et son époque, Pétersbourg, 1891 ; P>. Dimitri, Mesures pédagogiques pour réprimer l’indépendance de ses écoliers ; Dimitri avait fondé une école à Rostov et ses jeunes gens montraient une indépendance bien moscovite à l’égard de l’instruction ; Dimitri les gourmande très énergiquement, texte dans Ctenija, 1883, n. 2 ; R. Dimitri, Le drame de l’Assomption, dans Clenija, 1907, n. 3, p. ix43 ; A. Nikolskij, Quelques mots sur la vie et les œuvres de Dimitri de Rostov, dans Izv. Otd., 1909, n. 1 ; P. Popov, Saint Dimitri de Rostov et ses travaux, Pétersbourg, 1910 ; A. Titov, Les sermons de l’évêque Dimitri, mélropol. de Rostov (en ukrainien : Propovedv…), Moscou, 1909 ; Th. Titov, Histoire de l’académie de Kiev aux XVIl’-XVIII’s. et saint Dimitri de Rostov, dans Trudy, oc t. 1909.

Mais si les évêques ukrainiens plaisaient à Pierre à cause de leur instruction, incomparablement supérieure à celle de leurs confrères moscovites, leur manque de souplesse vis-à-vis de l’autorité qu’il centralisait de plus en plus dans ses mains le fatigua vite. Pierre n’aimait guère de résistance, pas plus dans ses projets religieux que dans les autres. Javorskij n’était pas non plus l’homme de la situation. Il ne satisfaisait ni Pierre, ni les autres membres du clergé, ni sa propre conscience. Il était trop consciencieux pour faire en toutes choses la volonté de son souverain, il n’était pas assez courageux pour s’y opposer résolument. Bien des fois, quand les abus devenaient par trop criants, Javorskij élevait la voix, mais sur un signe du terrible despote, il s’humiliait, pleurait, demandait pardon et offrait sa démission en suppliant qu’on le laissât rentrer au monastère. Pierre, qui appréciait les efforts de Javorskij dans la fondation et la direction des multiples écoles qui s’ouvraient alors, se gardait bien de l’accepter. Il y eut de graves incidents. Quand en 1712 Pierre institua les fiscaux. Javorskij protesta éloquemment dans un sermon qui fut aussitôt dénoncé. Le malheureux métropolite dut se rétracter et faire des excuses. Il finit par perdre totalement la faveur du souverain par ses velléités de résistance et l’estime publique par son manque de courage lors de l’assassinat du tsarevic Alexis. Aussi Pierre, qui avait la volonté bien arrêtée de moderniser l’Église comme le reste du pays, dut-il chercher aide ailleurs. Il trouva l’instrument qu’il lui fallait dans la personne du moine kiévieii Théophane Procopoviè.

Né à Kiev le 8 juin 1681 (encore que tous les historiens ne soient pas d’accord sur cette date), Éléazar ProcopoviC était le neveu du recteur de la fameuse académie : il trouva aisément une place comme élève jusqu’en 1698. Il partit alors pour la Pologne, se fit catholique et moine basilien (il prit le nom d’Elisée) et fut professeur de rhétorique à Vladimir de Volhynie. De là il fut envoyé à Rome. Ses biographes disent couramment qu’il étudia au collège grec de Saint Athanase, encore qu’aux archives de ce collège nous n’ayons pas trouvé trace de ce passage. Il y lit, paraît-il, de brillantes études, puis revint en Russie, se refit orthodoxe et moine en prenant, cette fois, le nom de Samuel. Il fut nommé professeur à l’académie de Kiev (1704) : il ne prit le nom de Théophane, en l’honneur de son oncle, que l’année suivante et il commença à donner dans l’illustre académie cet enseignement protestant isanl qui devait alors causer tant de scandale parmi ses collègues.

Le 1 juillet 1706, il prêcha devant Pierre le Grand quand le souverain vint inaugurer une forteresse à Kiev. Autrement retentissant fut son panégyrique de 1709, prêché quand Pierre visita l’antique capitale de la Russie méridionale après la victoire de Poltava. Procopoviè est dès lors en vue. Mensikov, venu lui aussi à Kiev en décembre 1700, fut honoré à son tour d’un Éloge des actions glorieuses de l’illustre prince A. I). MenSikov. Quand Pierre se fatigua sérieusement de Javorskij, il fit venir Procopoviè à Saint-Pétersbourg. Dès lors sa carrière était faite et l’on s’attendait à chaque instant à sa nomination à quelque éparchie. Il prêchait à toutes les occasions politiques et religieuses : ses sermons s’imprimaient aussitôt. Lu 1718, Pierre voulut le nommer archevêque de Pskov. Cette nomination n’alla pas sans causer de graves inquiétudes au groupe de théologiens kiéviens établis à Moscou. Ils rédigèrent une protestation en règle que Javorskij signa et fit présenter au souverain. On accusait Théophane d’être hétérodoxe et Javorskij disait, assez judicieusement en somme, que, si Procopoviè tenait à sa doctrine, celle-ci devait être déférée aux patriarches orientaux, (pue, s’il y renonçait, il devait faire une abjuration en règle. Pierre n’était pas homme à se préoccuper d’orthodoxie ou d’hétérodoxie. Javorskij dut s’exécuter, faire consacrer son rival et lui présenter ensuite les plus plates excuses. Procopoviè n’alla jamais à Pskov. Il resta à Saint-Pétersbourg et dirigea