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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LE DÉBAT SUR LA FORME DE L’EUCHARISTIE

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développe sou argument en citant la liturgie de saint Jacques, celle de saint Marc, puis Basile le Grand, Jean Damascène, Denys l’Aréopagite, Nicéphore et Germain de Constantinople, Cyrille de Jérusalem, Éphrem, Nathanaël. Nectaire de Jérusalem, Grégoire le Protosyncelle, « le missel uniate composé par Jacob Goar à Paris », « l’occidental Jacob, le jésuite qui a enfin connu la vérité », Théophylacte de Bulgarie, tu fin les membres (nommés) du concile de Jassy de 1643.

14° Puis il s’efforce de résoudre la difficulté tirée du mot antilypos d’après Basile, Grégoire le Théologien et Cyrille de Jérusalem.

15° Le maître cite ses autorités russes : saint Jean de Novgorod, Cyprien de Bussie, le missel de saint Serge de Badonège, de saint Gérasime de Novgorod, saint Euthyme de Novgorod, deux imprimés de Kiev et un de Moscou, le missel de saint Joseph de Volokolamsk, où les paroles : « Prenez et mangez », sont simplement indiquées sans qu’on ait ajouté si le prêtre doit montrer le discos ou non.

16° Mais une édition de Siméon de Thessalonique contient des affirmations contraires. Béponse : c’est un faux, composé par un uniate.

17° Y eut-il discussion entre les Églises d’Orient et d’Occident au sujet de l’eucharistie ? Oui, beaucoup et en concile : au concile des 367 Pères (VIIe cecum.) et à celui de Florence.

Les questions 18-21 traitent de sujets divers qui ne nous intéressent pas ici. Vient enfin une récapitulation finale et une exhortation.

Édition de la Manna, dans Prozorovskij.op. ri(., p. 452 sq. L’édition n’est pas complète, mais les fragments principaux en sont donnés ; édition de l’Akos, ibid., p. 538 sq. h’Akos, précis, clair, d’allure savante, causa une profonde impression à Moscou. Pour un temps, on ne sut guère comment s’y prendre pour le réfuter. Un anonyme qu’on croit pouvoir identifier avec le diacre Athanase écrivit une vigoureuse réfutation des nouveaux loups secrets, qui circulent en vêtements de brebis, mais sont des loups rapaces… (Oblicenie na novopotænnykh…). Athanase était vivement offensé de ce qu’on appelât le parti de Medvêdev « des latins, des barbares, des uniates, des chiens, des gens au langage immonde, etc. » Il ne touche qu’à quelques passages de YAkos ; ses arguments ne valent absolument rien, mais quelle verve, quelle abondance d’invectives. Il s’en prend surtout « aux étrangers » qui critiquent les livres russes. « Et ils appellent le peuple de Dieu (voilà la Troisième Borne 1) des bêtes sauvages et des porcs et toutes sortes d’insultes, sous prétexte que Dieu n’a pas voulu que, dans notre pays moscovite, il y ait des écoles. » Il multiplie les injures à son tour ; une de ses tirades contient exactement vingt-trois insultes, allongées l’une après l’autre en file indienne. On croit entendre Athanase se disputant avec quelque Euthyme, les sortant toutes d’une traite et sans respirer. Ce genre d’arguments ne pouvait évidemment avoir grand effet parmi les cercles cultivés qui, sous la régence éclairée de Sophie, s’étaient multipliés à Moscou.

Silvestre Medvêdev écrivit une réfutation plus sérieuse dans son Izvestie istinnoe (Bécit véridique). Il fait tout d’abord un bel éloge de la vérité d’après David, Salomon, Platon et Aristote. Le mensonge, produit par le démon, est ce qu’il y a de pire. Les hérétiques « ont corrompu les écrits des saints Pères partout où ils l’ont pu, comme l’honorable Bessarion le prouva aux Grecs eux-mêmes dans sa lettre à Alexandre Laskaris et au concile de Florence. Quand, des deux côtés, on apporta les anciens livres grecs, on se rendit compte que beaucoup de livres grecs récents étaient en désaccord non seulement avec les livres apportés par les Latins, mais même avec les livres plus anciens et plus corrects que les Grecs apportèrent. Ces livres nouveaux avaient été diversement corrompus par divers hérétiques ; car le démon sema des hérésies graves dans toute la Grèce… Le trône patriarcal lui-même durant deux cents ans fut occupé par les hérétiques abominables, monothélites, nestoriens, iconoclastes ». Izv. istin., édition S. Belokurov, dans’Clenij a, 1885, n. 4, p. 3-4. D’où vient tout cela ? Du fait que beaucoup de Grecs sont « des gens injustes, plus attachés à l’argent qu’à Dieu, au mensonge qu’a la vérité ». Tous les malheurs actuels tirent leur origine des nouvelles éditions de livres grecs faites < dans les villes de la foi latine, luthérienne et calviniste ».

Puis Silvestre, et ici son témoignage a une singulière autorité, décrit la correction des livres sous le patriarcat de Nikon. Il copie avec quelques menus changements la préface du missel de 16.").") ; décrit le concile de 1654 et transcrit le discours de Nikon ; il ajoute de son propre fond des éloges pour les anciens livres grecs et des blâmes pour les récents ; il cite la décision du concile de réunir les livres anciens et les manuscrits ; rapporte la lettre de Païse de Constantinople et cite les passages où le patriarche loue les anciennes traditions. Cette lettre, dit-il, est à l’origine de la mission d’Arsène Sukhanov qui rapporta environ 500 livres ; les autres hiérarques grecs en envoyèrent de leur côté environ 200 en demandant de ne faire de corrections que d’après les livres anciens (il y a quelques inexactitudes dans ce récit).

Mais après ce concile de 1654, au lieu de faire les corrections et de préparer les nouvelles éditions d’après les anciens livres grecs et slaves, on le fit « d’après de nouveaux livres grecs imprimés chez les Allemands ». Silvestre ajoute une précision ( à l’exemplaire qui servit de base à la nouvelle édition manque le commencement et la fin) qui a permis d’identifier ce missel ; c’était un missel grec, imprimé à Venise en 1602. Dès lors, on imprima plusieurs missels, dit Silvestre, « qui n’étaient pas d’accord entre eux » et ceci dura jusqu’au concile de 1667. On prit alors le missel de 1658, on j corrigea une liste d’erreurs et l’on prononça une série de malédictions et d’anathèmes contre ceux qui feraient le moindre changement au nouveau texte imprimé ; on décréta d’en imprimer douze mille exemplaires pour que les livres restent sans le moindre changement durant un certain nombre d’années. Mais « l’instrument du diable », le correcteur Euthyme le moine, fut cause qu’on n’en imprima que 2 400 ; « sans craindre la malédiction du concile, il introduisit beaucoup de corrections, par inconstance et par folie ». Puis il en imprima encore 1 200. En 1675, il imprima un pontifical qui fut approuvé et confirmé. On ne pouvait y changer quoi que ce soit sous peine de malédiction. Or, dans ce livre que le concile sanctionna par tant de graves malédictions, il y a, dans la liturgie de saint Jean Chrysostome et dans celle de saint Basile, la métanie et l’amen après les paroles du Christ.

Ceci posé, Silvestre passe à la seconde partie de son traité. Maintenant, dit-il, en substance, « quelques ecclésiastiques russes », sous l’inspiration des hiéromoines Joannice et Sophrone qui sont venus avec une lettre du synode de Constantinople, rejettent tous les anciens livres russes. « En vérité, par leurs propres paroles et écrits, ils se sont révélés menteurs ; ils ne sont donc pas orthodoxes, mais ils ont été envoyés par les hérétiques luthériens et calvinistes ou par les Bomains pour troubler notre foi orthodoxe comme jadis Isidore le métropolite. » Ayant ainsi dit leur fait aux Likhudi, Sylvestre passe à YAkos : il veut juger les Likhudi par leurs fruits qui sont « l’orgueil car ils causent des désordres, la haine et la persécution (ils suivent le chemin de Caïn, la déception de Balaam).