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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LE DÉBAT SI R LÀ FORME DE L’EUCHARISTIE

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réprouve avec énergie le nouveau ratéehisme, confirmé en Moldavie par Porphyre de Nicée et Mélèce Syrigos : i Ce eatéehisme est un livre grec, récemment édité, non pas sur le fondement solide des saints apôtres et des saints Pères, mais sur le sable de l’enseignement humain ». La Paix avec Dieu de Gisel est traduite, il est vrai, du latin. Viennent ensuite les appendices : une poésie, un petit traité sur la métanie à faire après les paroles de l’institution, une dissertation sur Gabriel de Philadelphie, la solution des difficultés, de larges extraits de Y Euchologe gréco-latin de Goar « cpii se trouve dans la bibliothèque du très saint patriarche ».

Kn même temps que Silvestre écrivait sa Manna et la présentait à Sophie, les Likhudi, tout aussi actifs, écrivaient leur Akos. Cet ouvrage eut une influence décisive sur la pensée moscovite. L’introduction rappelle la chute de l’Église occidentale, ses attaques contre l’Orient, les livres imprimés en Pologne, à Kiev (quoique souvent les livres imprimés ailleurs étaient donnés comme imprimés à Kiev). Sous le règne de Théodore Alexeêviô, on demanda à Constantinople « deux ou plusieurs maîtres de l’Église orientale, personnes de conscience droite, exempts de toute nouveauté, non déformés par les doctrines étrangères, mais fidèles à la tradition de l’Église orientale ». Cf. Prozorovskij, op. cit., p. 539. Nous avons été envoyés, disent les Likhudi, en réponse à cette demande. On nous a interrogés sur la question présente. Il nous est impossible de garder le silence. Puis le traité se développe sous forme de dialogue entre le maître et l’élève.


1° Qu’est-ce qu’un sacrement ?
2° Que faut-il pour un sacrement ?
Il faut une cause efficiente : Dieu : une cause instrumentale (oryannaja) : l’évêque ou le prêtre ; la matière convenable : dans l’eucharistie, « la matière est le pain fermenté fait avec farine de froment et le vin pur aussi propre que possible. On ajoute l’eau durant la proscomédie ; la forme : ce sont les paroles qui sont le véhicule du Saint-Esprit ; ici ce sont les paroles : « Fais que ce pain soit le corps de ton « Christ et que ce qui est dans le calice, le précieux « sang de ton Fils, Amen, l’ayant transformé par ton « Saint-Esprit ; Amen, Amen, Amen » (ibid.) ; l’effet : la grâce du Saint-Esprit opérée par le sacrement, ici, c’est le corps et le sang de Notre-Seigneur ; la cause finale : de la part du prêtre, c’est l’intention ; de la part de l’Église, ce sont des buts surnaturels. »

3° Les ministres du sacrement : ce sont les prêtres, sauf pour le baptême en cas de nécessité.

4° Que penser de l’opinion latine et uniate sur le moment de la transsubstantiation ? Les Likhudi rejettent l’opinion catholique par la liturgie latine elle-même : après les paroles de l’institution, le prêtre parle encore de panem sanctum vitse œternæ et calicem salutis perpétuée. Le Christ agit aujourd’hui non par lui-même comme à la cène, mais par le prêtre qui a besoin d’avoir recours à la prière et d’implorer que le Saint-Esprit descende et opère le sacrement.

5° Quand le Christ institua l’eucharistie, quelle fut la forme du sacrement ? Ce n’étaient certainement pas les paroles de l’institution qu’il prononça simplement pour l’instruction de ses apôtres ; « Le Christ pria secrètement Dieu son l’ère et bénit le pain et le calice : ceci est évident, et personne ne sait ce qu’il a dit dans cette prière il par fjuelle forme de paroles il bénit le pain et le calice et fil son corps et son sang. Le mystère était déjà accompli avant les paroles : « Prenez et mangez, « Prenez et buvez. « Les paroles dont se servit le Christ sont connues de Dieu seul comme le déclare Théophylacte ». Telle est la doctrine des apôtres que l’Église (de Constantinople, s’entend, dont 1rs Likhudi Intercalent un panégyrique) a fidèlement gardée.

6° L’élève concède que les paroles : » Prenez et mangez » ne sont pas la forme : il demande des autorités patristiques. Le maître lui réplique qu’il y a une distinction à faire. Le Christ « dit et commanda », ou il « dit seulement sans commander », c’est-à-dire ses paroles sont efficientes et déclaratives ou simplement déclaratives. Il cite alors Jean Chrysostome, LXXX sermon, et lui fait dire qu’il s’agit ici d’un simple commandement donné par le Christ à ses apôtres ; le prêtre à la inesse ne fait que rapporter ces paroles du Christ. « Si le prêtre accomplissait le sacrement de l’eucharistie par les paroles du Seigneur, il faudrait dire qu’il possède un pouvoir plus grand que le Christ ce qui est inadmissible. Le Christ, avant de dire : « Prenez et « mangez, etc. », pria, rendit grâce alors que le prêtre ne fait rien de cela. » Viennent alors les autorités grecques contemporaines, Mélèce Syrigos, Porphyre de Nicée, Georges Coressios, etc., et un panégyrique des théologiens grecs en généra !. Pour montrer leur valeur, il rapporte comment « non pas nous, mais Dieu lui-même » a confondu un jésuite nommé Rutka, un très savant et grand théologien parmi les latins qui criait beaucoup alors que nous, « paisiblement et humblement » nous lui posions nos questions (nous reparlerons de cette dispute). La même chose arriva à Moscou « à un trompeur nommé Bielobodski ».

7° Si les paroles du Christ ne furent la forme, ni alors ni aujourd’hui, pourquoi le prêtre les prononce-t-il à haute voix, et pourquoi le peuple répond-il « Amen » ? C’est pour annoncer le mvstère qui doit s’accomplir. Les fidèles donnent leur assentiment aux paroles du prêtre.

8° Quel est le sens des paroles de l’épiclèse : suivant quelques maîtres de l’Église occidentale, les prêtres disent ces paroles pour la purification de l’âme et la rémission des péchés de ceux qui communient. Réponse : C’est vraiment une hérésie calviniste et luthérienne de dire que les paroles : « Faites que ce pain devienne votre corps », s’appliquent au moment de la communion. Suit une longue analyse du mot « le transformant » (preloziu).

9° Après les paroles du Christ, le prêtre doit-il se découvrir et le peuple s’incliner ? En aucune façon. Le prêtre alors parle « à Dieu le Père et non pas à nous et par conséquent nous ne devons ni nous incliner ni nous découvrir, mais attendre avec révérence le temps convenable et établi par l’ancienne tradition divine. c’est-à-dire au Svjalaja Svjaiym (Sancta Sanctis) ; alors on s’incline et on se découvre ».

10° Faut-il se découvrir à d’autres moments qu’au Svjataja Sujatym ? Réponse : Un typicon (Moscou, 1682) prescrit, il est vrai, de s’incliner aux paroles du Christ, mais ceci doit être corrigé. Les anciens typica grecs et un typicon russe (1640) recommandent aux moines et prêtres de se découvrir à l’évangile, à l’hymne des chérubins, au Notre-Père et au « Que mes lèvres soient remplies ». Se découvrir au Notre-Père est une prescription qui a trait au dogme. Il y a encore d’autres prescriptions de ce genre.

11° Peut-on s’incliner et se découvrir aux paroles du Christ par dévotion ? Non, l’Église ne le permet pas « car il y a différence sur ce point entre l’Église orientale et l’Église occidentale ».

12° L’élève demande un « catalogue des maîtres de l’Église occidentale » qui défendent l’opinion latine. On nomme dans la réponse : Thomas d’Aquin, Ambroise, Augustin, Suarez, le concile de Trente et celui de Florence, le Rituel, Cajétan et « les maîtres latins qui s’élevèrent au concile de Florence contre le noble Marc d’Éphèse et les autres maîtres de l’Église orientale i. Scotus est particulièrement signalé.

13°.Mais Jean Chrysostome n’a l-il pas dit que les paroles : i Ceci est mon corps » transforment, it-cy.p{>'>Qy.lÇsiv, les oblats ? Le maître, après une longue i explication de cette parole embarrassante