Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

281

    1. RUSSIE##


RUSSIE. CONTROVERSES AVEC LES PROTESTANTS

282

Russie lithuanienne et connu dans la tradition manuscrite sous le nom d’Exposition de la foi.

Le Livre de la foi (Kniga o vêrê), composé par l’higoumène de Saint-Michel à Kiev en 1614 et imprimé à .Moscou en 1648, nous intéresse moins car il est essentiellement une compilation d’ouvrages qui parurent chez les Ruthènes. De ses trente chapitres, onze sont pris textuellement de la Palinodie de Zacharie Kopytenskij, dix d’un livre sur la foi, écrit par le hiéromoine Arsène X, c’est-à-dire par Zacharie lui-même qui se cachait parfois sous ce surnom. Quatre chapitres, en tout ou en partie, sont pris d’ailleurs, si bien que l’auteur ne peut revendiquer pour lui que cinq chapitres sur trente, et même là il manque d’originalité. Le but de cet ouvrage, comme du Kniga Kirilovskaja était de mettre dans les mains moscovites les arguments nécessaires pour lutter contre les uniates. Comme le Livre de Cyrille, le Livre de la foi, bientôt condamné par [’orthodoxie officielle, resta dans les mains des starovières qui le. réimprimèrent plusieurs fois dans la suite ; un des ouvrages de référence les plus employés contre l’orthodoxie officielle.

Les actes du synode de 1620 ont été imprimés dans le Potrebnik, Moscou, 16 : 51), et furent souvent réimprimés ensuite. Al. Grenkov, Le concile de Moscou sous le patriarcal de Philarèle en 1620 et ses décisions dans Prav. Sob., 1864, n. 1.

Sur l’attitude de Moscou envers les livres imprimés dans le grand-duché de Lithuanie voir K.-V. Kharlampoviè, L’influence malorusse sur la nie ecclésiastique en Grande-Russie, t. i (Malorossijskoe vlijanie…), KaLan, l’Jl 1, c. ii, p. 95 sq. Sur Laurent Zizanij en particulier, voir M. Yo/njak, Introd. à l’étude île Laurent Zizanij (Priëinki do sludii…), dans Mém. de la Soc. Sevcenko, t. i xx.xiii, 19118 ; Th. Il’inskij, Le granit catéchisme de Laurent Zizanij (Rol’soj Katikhizis), dans Trudꝟ. 1808, n. 1, n ; session du 18 février 1627 dans la Kniznaja palata pour la correction du catéchisme de Laurent Zizanij (en russe : Zasètlanic v km naj.), dans Famjatniki drevnej pismennosti Pltersbourg, t. xvii, 1878.

A. Lilov, Le livre dit de Cyrille (en russe : lak nazyvæmyj. ..), Kazan, 18.">8 ; Leonid, archini., Remarque sur un vieux livre (Livre de la foi) (en russe : Ziunêtku…), dans Ctenija, 1880, n. 1 ; E.-I. Kaluznjackij, Le < Livre de la foi » </c Vhigoumine Nathanæl, ses sources et son importance pour l’histoire de la littérature polémique de Russie méridionale, dans Ctenija, 1886, n. I.

XIV. Les controverses avec les protestants.

— La Réforme protestante se lit beaucoup moins sentir en Russie qu’en Occident : elle se propagea rapidement parmi les orthodoxes du giand-duché de Lithuanie, de Finlande, des provinces baltiques et des provinces strictement russes qui passèrent à la Suède par la paix de Stockholm (1617) : elle ne pénétra guère en Moscovie. Quelques ouvrages dont certains furent publiés y furent pourtant composés pour réfuter le protestantisme.

Maxime le Grec, on le répète habituellement, inaugura la polémique antiluthérienne en Moscovie. Ses éditeurs (Kazan, 1859-1862 ; 2e éd., 1895-1897) affirment que cinq de ses « discours » étaient dirigés contre les luthériens ; ils ne font que répéter ce qu’avait déjà dit le métropolitain Philarète et d’autres. Dimitri Tsvêtaêv, dans son ouvrage classique sur le protestantisme en Russie (Moscou, 1890) est plus sceptique : « En somme, il n’y a guère que ceci de certain : Maxime se tint dans une attitude négative vis-à-vis du rationalisme occidental et indigène, et un de ses ouvrages, le J)iscours sur le culte des icônes, servit à ses disciples immédiats dans la polémique antiluthérienne. » (P. 537.) C’est là une opinion extrême. Plus récemment, et c’est l’opinion qui est de plus en plus reçue, Serge Belokurov a rangé deux traités de Maxime sous la rubrique Polémique antiluthérienne. Ce sont le Discours contre i iconoclaste Luther, qui apparut en Allemagne, sur le aille des icônes et le Discours contre ceux qui blasphèment lu 1res pure Mère de Dieu. Nous avons parlé de l’un et de l’autre dans notre article sur Maxime le Grec.

A l’époque de Maxime (première moitié du xvi c siècle), architectes, artisans, médecins, commeiçants, aventuriers, venaient nombreux chercher fortune à Moscou. Basile Ivanoviô avait organisé pour eux le faubourg de Nalejka aux portes mêmes de la capitale. Plus tard on fonda les colonies de Bogdanovka et le célèbre < faubourg allemand ». Parmi ces étrangers beaucoup appartenaient à la religion réformée. Cette population étrangère s’accrut encore à l’occasion des guerres de Livonie ; ainsi, durant l’hiver de 1559, l’évêque catholique de Dorpat, Herman von Wesel, le pasteur protestant Timan Brackel (c’est le premier pasteur protestant qui ait vécu en Russie : il fonda la colonie protestante moscovite : il fut libéré l’automne suivant | et un certain nombre de personnes y furent transportés ; l’année suivante, l’ancien grand-maître de Torche teutonique Guillaume Furstenberg était fait prisonnier : trois pasteurs protestants l’accompagnèrent dans son exil de Liubim ( Kostroma). lui 1564, plus de trois mille personnes (dont le célèbre pasteur YVettermann qui fut libéré plus tard) furent dispersées en Russie. La première église protestante fut bâtie à Moscou en 1575-1 576, durant le règne éphémère de Siméon Bekbulatoviè. Démolie quelques années api es, quand Ivan IV détruisit le quartier allemand, elle fut rebâtie sous Godunov qui donna le clocher et les cloches. Dès lors, la communauté protestante, malgré des vicissitudes, se maintiendra à Moscou. D’autres villes de Russie eurent bientôt leurs églises protestantes. On voit combien la situation des protestants était plus privilégiée que celle des catholiques qui durent encore attendre plus d’un siècle avant d’avoir une église à Moscou pour les catholiques étrangers.

Il n’y eut pas que des luthériens : les réformés. Anglais et Hollandais, apparurent à Moscou sous Ivan IV le Terrible. On ne connaît pas l’existence d’églises réformées avant le XVIIe siècle. Dans l’ensemble, le gouvernement moscovite favorisait les protestants. Ivan IV aimait à discuter avec eux et avait choisi parmi eux plusieurs de ses conseillers dont le célèbre Gaspard Everfeld. Après la conquête des provinces baltiques, Ivan y pratiqua une politique assez tolérante. Aussi, en Occident, les protestants nourrissaient de grands espoirs de propager la Réforme en Moscovie.

Ouvrages généraux sur le protestantisme en ancienne Russie : C.-H. Buscb, Matcriulen zur Geschichte und Statislik des Kirchen-und Schulivesens der ev. luth. Gemeinden in Russland, 3 vol., Pétersbourg, 1862-1867 ; Iv. Sokolov, Le protestantisme et la Russie aux X Vl’et X 71 l’siècles (en russe : OtnoSenie …), Moscou, 1880 ; Dm. Tsvétaèv, Épisodes historiques des confessions étrangères en Russie uur a iv et XVZI’siècles (en russe ; 1 : istorii… !, Moscou, 1886 ; du même, La polémique avec le protestantisme dans V Liât moscovite (en russe : l.ileralurnaja bor’ba…), Moscou, 1887. Le même auteur, qui s’était l’ait une spécialité de l’histoire du protestantisme à Moscou au XVIIe siècle, écrivit à ce sujet plusieurs articles qui entrèrent plus tard dans son ouvrage classique Le protestantisme et les protestants en Russie avant l’époque de la transformation (en russe ; Protestanstvo. ..), 2 vol., Moscou, 1888-1890. L’ouvrage parut d’abord dans les Ctenijr de Moscou (1888, 1889, 1890). À noter quelques-unes des recensions les plus saillantes : [.-A. Lebedev dans Znrn. Min. Nar. t’r., juill. 1890, p. 151-163 ; V.-Z. Zavitnevic, dans Trudy, sept. 1811(1, p. 148-155 ; A. Briickner, Russische Revue, 1891, n. 1, p.l2°J-l 18 ; Amph. Lebedev, dans Znrn. Min. Nar. Pr., mars 1802, p. 17.">228 ; Tsèvtacv a répondu à Lebedev dans le même Znrn. Min. Nar. Pr., mars 1891, p. 213-261 ; A.-YV. l’echner, Chronick der evangelischen Gemeinden in Moskau, t. i b, Moscou, 1876.