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    1. RUSSIE##


RUSSIE. L’HÉRÉSIE JUD AISANTE

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rédaction postérieure, Zosime entre en ligne comme le grand protecteur des hérétiques et, chaque fois que Joseph écrit le nom de Zosime, il l’accompagne des invectives les plus violentes qu’il puisse trouver dans l’opulent vocabulaire moscovite du xvi c siècle. Géronte était alors métropolite, mais il ne fit rien contre les hérétiques.

Après cette introduction vient l'Illuminateur lui-même composé, dans sa rédaction actuelle, de seize discours :

1. Doctrine de la Sainte-Trinité ; l’auteur s’inspire presque uniquement de l’Ancien Testament et il prouve l’existence du Fils et du Saint-Esprit.

2. Le Christ est venu : il est Dieu. La naissance du Christ est prouvée par les prophéties de Jacob et de Daniel ; à cette occasion, l’auteur donne les dynasties et fail le compte des années ; ainsi il lixe la date du baptême du Sauveur. Il allègue Is., lui, pour prouver le crucifiement du Sauveur. D’autres textes prophétiques annoncent la résurrection et l’ascension.

3. La loi de Moïse a passé : il ne faut plus offrir de victimes ; la circoncision n’est plus obligatoire. L’auteur note la caducité des diverses étapes de la Loi (de Noé à Abraham ; d’Abraham à Moïse).

4. Sur la rédemption et comment Dieu, ayant usé de subterfuge envers le démon, sauva le monde et le sauve encore. Les hérétiques trouvèrent cette explication indigne de Dieu : Dieu peut faire toutes choses par sa sagesse ; mais il est indigne de lui que de le faire par subterfuge et de vaincre le démon par tromperie. Joseph réplique que Dieu ordonna à Moïse de tromper les Égyptiens : Samuel trompa Saul pour couronner David ; Judith trompa Holopherne. Joseph fait allusion à d’autres exemples encore. Il ne faut donc pas se scandaliser des ruses divines. Joseph rapporte donc comment l’un des anges tomba et s’appela le diable. Dieu alors créa l’homme et le plaça dans le paradis ; l’homme était libre : « Le feu ne pouvait le brûler, ni l’eau le noyer, ni les bêtes féroces le déchirer : il était orné de toute vertu et de toute gloire. Dieu le nomma roi (tsar) de toutes les choses visibles. » P. 181 182. Vient ensuite la créât ion de la femme, le précepte, la chute et la condamnation du genre humain. Dieu voulant enrayer le mal, envoya le déluge ; mais la corruption revint pire qu’auparavant. Dieu envoya la Loi, puis les prophètes, mais tout cela fut inutile. Or, si Dieu avait écrasé le diable par sa puissance, celui-ci aurait pu dire : « Dieu n’est pas plus juste que moi, mais il fait toutes choses par force et par violence, tout comme moi, j’ai été par force vainqueur de l’homme. » P. 184. Alors voici ce que Dieu fit (l’auteur cite ici Jean Chrysostome) : « Dieu prit notre chair afin de purifier notre âme par son âme, notre corps par son corps, etc. » Puis est rapportée la naissance du Sauveur, ses miracles et sa prédication. Le diable s’étonna de voir un homme accomplissant les merveilles d’un Dieu. Il excita contre lui les prêtres et les scribes qui le firent mourir, mais la divinité restait toujours cachée et ainsi l’âme du Christ fut conduite « par la mort et le diable » en enfer. Dieu alors leur montra sa divinité et leur parla terriblement, épouvantablement comme le tonnerre : « Je suis Dieu du Dieu éternel, je suis venu du ciel et je suis devenu homme, montrez-moi mon péché pour lequel vous m’avez tué et pourquoi vous avez conduit mon âme ici. » Épouvantés et étonnés, ils ne purent rien répondre. Dieu alors « les condamna, les envoya au feu, leur lia les mains avec des chaînes de fer », p. 18(i, délivra les captifs, monta au ciel, envoya l’Esprit-Saint qui illumina les apôtres, lesquels prêchèrent l’évangile. Ainsi l’homme fut sauvé « comme le pêcheur prend le poisson en mettant un ver pour couvrir l’hameçon ». Dieu ainsi couvrit sa divinité avec son humanité et captura l’ennemi.

Le reste du « discours » traite de choses diverses. Quelques-uns prétendaient qu’il n’y avait plus de miracles. Joseph répond qu’ils n’étaient pas nécessaires au salut et fait une description élogieuse de la pénitence. Avant l’incarnation il y eut peu de saints (il les énumère) ; maintenant il est plus facile de compter le sable et les étoiles que le nombre des saints et de ceux qui se sauvent par l’incarnation. « Il n’y a ni île, ni ville, où la prédication du Christ ne soit annoncée, comme ceux qui l’ont vu en témoignent : les Hellènes et les Romains, les Égyptiens et les Ethiopiens, les Indiens, les Babyloniens et les habitants de la grande île Apravanskij ( ?), la Médie, la Perse et la Russie, toutes les villes et tous les lieux sous le ciel ont reçu la prédication divine. » P. 197. Tel est, brièvement, le contenu de ce fameux quatrième sermon dont le contenu théologique faisait l’admiration des historiens de Joseph de Volokolamsk…

5. Il convient de peindre la Très-Sainte-Trinité sur icônes. Les judaïsants disent que Dieu apparut à Abraham entouré de deux anges. Joseph leur réplique qu’il s’agit ici d’une vision de la Trinité et cherche à concilier les divers témoignages des Pères. La fin de ce « discours » est intéressante, car Joseph nous donne les règles de l’iconographie de la Trinité : sur trônes. avec auréoles, car le cercle représente l’infinité, avecailes et sceptres. 6. Culte des icônes et de la croix, et des autres objets sacrés. Évangile, les saints mystères vivifiants du Christ (la sainte eucharistie), les vases sacrés, reliques et églises. La prohibition de l’Ancien Testament ne s’applique pas aux icônes. Il y eut des objets sacrés dans l’Ancien Testament : les juifs les vénérèrent ; il en est ainsi a plus forte raison dans le Nouveau. Nous honorons aussi les reliques et la poussière du tombeau, sanctifiées par la grâce de l’Esprit-Saint et glorifiées par des miracles.

7. Il faut donc vénérer l’image de la Sainte-Trinité, l’image du Christ imprimée sur le voile envoyé à Abgar, l’image de Notre-Dame « proclamée par les apôtres, prophètes et justes, vraie Mère de Dieu car pure de mur et de corps, elle engendra l’Emmanuel sans être corrompue, car si Dieu n’avait pas trouve cet asile pur et immaculé, nulle chair n’aurait été sauvée, car toute gloire et honneur et sainteté lui sont donnés depuis le premier Adam jusqu’à la fin des siècles par les prophètes, les apôtres, les martyrs, les justes, les bienheureux et ceux qui sont humbles de cœur ». P. 294. Luc en lit la première image. On doit aussi vénérer la croix, sanctifiée par le sang et la sainteté du Verbe de Dieu crucifié sur elle. Le culte ne s’adresse pas seulement à la vraie croix, mais à toutes celles qui sont faites à son image. On vénère aussi le livre de l’Évangile « D.’même qu’en honorant l’icône, je n’honore pas la planche sur laquelle elle est peinte… mais l’image du corps du Christ, de même en honorant l’Évangile, je n’honore pas le papier ou l’encre, mais le récit de la vie du Christ, o P. 298. Il faut aussi vénérer i les saints mystères ». Joseph nous donne la doctrine classique sur l’eucharistie. La parole « transsubstantiation » n’y est pas, mais la chose y est : elle s’opère par la vertu de l’Esprit-Saint. Comme le feu change la cire en lumière, « ainsi l’action du Saint-Esprit se mêlant ( primêsivjascisja) au pain, au vin et â l’eau, les transforme â la chair et au sang du Christ ». P. 302. La transsubstantiation s’opère donc par la vertu de l’Esprit-Saint. Joseph semblerait plutôt indiquer qu’elle s’opère à l’épiclèse, car « avant la sanctification, il y a pain, vin et eau, mais après la sanctification par les prières du prêtre et la venue de l’Esprit-Saint (les dons) sont sanctifiés et changés et transformés dans la chair et le sang du Christ ». P. 302-303. On vénère aussi les vases sacrés, en particulier ceux de la nouvelle loi ; les icônes des saints,