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RABAN MAUR. ŒUVRES

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l’auteur ; il s’en plaint, par exemple à Louis le Germanique, en lui envoyant son commentaire sur les Paralipomènes et il lui demande de se faire son défenseur. P. L.. t. cix, col. 281, 282. De même, dans une lettre à Lothairc, en lui offrant un commentaire sur Ézéchiel, t. ex, col. 497, 498 ; aussi, dans la préface du commentaire sur Jérémie qu’il lui adresse, il le fait juge de sa méthode, t. exi, col. 793.

Quoi qu’il en soit de ces critiques, elles ne furent pas capables de ruiner le prestige de Raban ; il fit œuvre utile et la plupart de ses contemporains lui en furent reconnaissants. Pour apprécier cette œuvre, il faut tenir compte des nécessités du moment : Dùmmler exprime les préoccupations de Raban en une formule heureuse : Doclrinam non augere, sed in poslerilalem propagare ei cordi fuit. Mon. Germ. hisl., Epist., t. v, p. 379.

III. Œuvres. — Il n’existe pas d'édition complète des œuvres de Raban Maur et, même encore aujourd’hui, il est assez difficile d’en établir la liste intégrale, à plus forte raison de les classer suivant l’ordre chronologique.

Le premier essai d'édition d’ensemble eut lieu à Cologne en 1532 où un certain nombre d’ouvrages de Raban Maur, ou à lui attribués, furent rassemblés en deux volumes.

Une autre édition, beaucoup plus intéressante, parut, à Cologne encore, en 1627. Elle comprend 6 volumes. L’auteur, Georges Colvener, accomplit certainement un gros effort, mais son édition, d’une part, est loin d'être complète et, d’autre part, elle contient beaucoup trop d'œuvres faussement attribuées à Raban.

L'édition de Migne (P. L., t. cvii-cxii) est plus complète. Aux ouvrages déjà rassemblés par Colvener, elle en ajoute d’autres empruntés aux recueils de d’Achery, Mabillon, Martène, Pez ; d’autre part, elle restitue à leurs véritables auteurs plusieurs écrits qui figuraient indûment dans l'édition de Colvener ; mais elle conserve à tort la Vie de MarieMadeleine, et la Lettre à Égil, abbé de Priim, sur l’eucharistie. En ce qui concerne la Vie de Marie-Madeleine qui figure au t. cxii, d’après Faillon, dans ses Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Madeleine, les Bollandistes protestent contre son attribution à Raban Maur, (cf. Biblioth. hag. lai., Bruxelles, 1900, 1901, p. 810). L’authenticité de la Lettre à Égil n’est plus acceptée aujourd’hui, (cf. Joseph Geiselmann Die Eucharistielehre der Vorscholastik, Paderborn, 1926, p. 222, sq. ; voir aussi du P. de La Taille, Mysterium fidei, editio tertia, p. xi, 277). Dom Morin propose de l’attribuer à Gottschalk ; c’est très vraisemblable. (Cf. Revue bénédictine, octobre 1931, p. 310.) Par contre, Aligne omet des ouvrages qui sont certainement ou très vraisemblablement de Raban et qu’on trouve édités ailleurs ou encore inédits. Nous nous efforcerons de leur donner leur place dans la nomenclature générale, sans prétendre toutefois résoudre ces problèmes d’attribution.

L’ordre chronologique étant assez problématique, nous grouperons les œuvres de la façon suivante : 1. Travaux et commentaires sur l'Écriture ; — - 2. Traités et opuscules divers ; — 3. Consultations et correspondance.

1° Travaux et commentaires sur l'Écriture. — Au dire de son biographe Rudolfe, suivi en cela par Trithème, Raban Maur aurait composé des commentaires sur toute l'Écriture ; de fait, il commenta la plus grande partie des Livres saints ; mais on peut difficilement croire que les lacunes constatées dans la série viennent de ce que les ouvrages ont étéjpcrdus.

En ce qui concerne l’Ancien Testament, nous avons de lui des commentaires sur ce qu’on appelle

l’Heptatcuque, c’est-à-dire le Pentateuque plus le livre de Josué et le livre des Juges, auquel s’ajoute comme un appendice le livre de Ruth ; les livres des Rois et des Paralipomènes ; le livre de Judith et celui d’Esther ; Jérémie ; Ézéchiel ; le livre de la Sagesse ; les Proverbes ; l’Ecclésiastique ; les Machabées. Tous ces commentaires se trouvent dans Migne ; ils sont précédés d’une dédicace au personnage qui les a demandés, sauf cependant Y Exposilio in Proverbia Salomonis, P. L., t. exi, col. 679, qui se présente sans préface ni dédicace et que, par ailleurs, Raban ne cite pas dans sa lettre à Otgar, archevêque de Mayence, en lui envoyant son commentaire sur la Sagesse et sur l’Ecclésiastique. P. L., t. cix, col. 671. Il ne le cite pas non plus dans sa lettre à Lothaire pour lui offrir son commentaire sur Jérémie, alors qu’il indique son travail sur la Sagesse et l’Ecclésiastique. P. L., t. exi, col. 793. Ce silence laisse donc une incertitude sur l’authenticité de l'écrit en question.

Les commentaires sur Isaïe et sur Daniel sont encore inédits ; Dummler en a publié les préfaces dans Mon. Germ. hisl., Epist., t. v, p. 467-469 (Daniel) et p. 501-502 (Isaïe). Il donne en même temps les indications utiles concernant les manuscrits. Dummler publie aussi la préface d’une Cœna Cypriani refaite par Raban Maur et dédiée par lui au roi Lothaire II. Ibid. p. 506.

Aux écrits sur l’Ancien Testament, il conviendrait de rattacher un traité De agno pascali, ms. n. 441 (xme s.), de Corpus Christi Collège, à Cambridge.

Sur un commentaire d’Esdras et sur un traité De benedictionibus patriarcharum signalés par Sigebert de Gembloux et par Trithème (P. L., t. cvii, col. 109, 114), nous ne savons rien.

En ce qui concerne le Nouveau Testament, nous avons de lui un commentaire sur saint Matthieu et un commentaire sur les Épîtres de saint Paul, tous deux dans Migne, et il y faut peut-être ajouter un opuscule sur la passion, recueilli par Pez et reproduit dans Migne, P. L., t. cxii, col. 1425. Un commentaire sur les Actes des apôtres, encore inédit, se trouve à Balliol Collège, Oxford, ms. n. 167 (xme siècle) et Trithème signale encore un commentaire sur l'évangile de saint Jean qui n’a pas été retrouvé.

En ajoutant à cette liste les Commentaria in cantica quæ ad matulinas laudes dicuntur, plus le Magnificat et le Nunc dimillis, œuvre à la fois scripturaire et liturgique, composée à la demande de Louis le Germanique, P. L., t. cxii, col. 1090, nous pouvons clore la liste des commentaires scripturaires de Raban Maur.

Raban explique lui-même sa méthode d’interprétation des Livres saints ; il en fait la théorie dans un ouvrage particulier, intitulé : Allégories in Scripluram sacram. P. L., t. cxii, col. 849. Il y explique que le texte renferme quatre sens différents et complémentaires : le sens littéral ou historique ; le sens allégorique, qui révèle à l'âme contemplative des vérités surnaturelles cachées au profane ; le sens tropologique, qui incite cette âme à b^n agir ; le sens anagogique, qui la conduit à sa fin dernière, en lui révélant la raison d'être de sa vie. Dans plusieurs préfaces ou lettres précédant les divers commentaires, nous retrouvons ces idées et nous remarquons que le commentaire met plus ou moins en valeur l’un ou l’autre de ces sens, suivant le désir ou les besoins spirituels du correspondant. C’est ainsi que Lothaire demande, un commentaire littéral sur le début de la Genèse, secundum liltenc sensum ; un commentaire spirituel sur les chapitres de Jérémie non commentés par saint Jérôme : rogo ut spiritali sensu exponas ; un commentaire sur Ézéchiel, à partir de l’endroit