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ROSMINI. PROPOSITIONS CONDAMNÉES, I rc SECTION


édit. par la typographie vaticane, 1892, indiquera les raisons vraisemblables de la condamnation.

Nous adoptons les divisions de la Trulina, qui partage les quarante propositions en onze sections : 1. De la voie naturelle de la connaissance de Dieu, c’est-àdire de l’ontologisme rosminien ; 2. De la constitution et de la nature intime des choses créées, c’est-à-dire du panthéisme rosminien ; 3. De la création ; 4. De l'âme humaine ; 5. Du très auguste mystère de la sainte Trinité ; 6. Du mystère de la divine incarnation et du caractère baptismal ; 7. Du très saint sacrement de l’eucharistie ; 8. Du péché originel, et de l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge ; 9. De la justification ; 10. De l’ordre surnaturel ; 11. De l’objet de la vision intuitive.

z re section. — De la voie naturelle de la connaissance de Dieu, c’est-à-dire de l’ontologisme rosminien.

1. Nella sfera del creato si manifesta immediatamenie ail' umano intellelto qualche cosa di divino in se stesso, cioè taie cfte alla divina natura appartenga (Teosofia, vol. IV, n. 2,

p. 6).

In ordine rerum creatarum Dans l’ordre des choses

immédiate manifeslatur nucréées se manifeste immédia mano intellectui aliquid divini tement à l’esprit humain

in seipso, hujusmodi nempe quelque chose de divin en

quod ad divinam nalunim persoi, qui par son essence ap iineat. partient a la divine nature.

Il suffit de se reporter au résumé proposé plus haut des principes philosophiques de Hosmini pour comprendre comment cette proposition se rattache au fondement de tout le système : l’unité, universelle et absolue, de l'être en toutes choses. Or, affirme ici Rosmini, la connaissance naturelle que nous pouvons avoir des choses créées est.cn réalité, la connaissance' de cet être universel et absolu, qui appartient par lui-même à la nature divine. Dans la pensée de Hosmini. il ne s’agit pas d’une connaissance intuitive de Dieu : la visione dell' esserc è una visione di qualche cosa di divino, ma non di Dio stesso, et il en ajoute immédiatement la raison : perché a veder Dio, è necessario vedere tutto che gli è essenziale (Teosofia, t. iii, p. 115). Car, pour lui. la connaissance intuitive implique qu’on voie tout ce qui est essentiel à Dieu. Or, l'être que nous percevons n’est pas ce tout, mais simplement quelque chose de Dieu, un' appartenenza di Dio.

Mais comment admettre logiquement pareille distinction ? Comme le fait observer le commentaire de la Trulina, il est impossible de voir immédiatement quelque chose d’essentiel à Dieu, sans voir Dieu luimême et Dieu tout entier, tout comme il est impossible que quelque chose soit en Dieu qui ne soit pas Dieu. N. 8, p. 10.

Au point de vue théologique, deux conclusions hérétiques pourraient être tirées de l’assertion rosminienne : a) l’ordre surnaturel, même dans son complet développement, la vision béatifique, ne différerait pas essentiellement de l’ordre naturel ; b) l’ordre des choses créées renfermerait quelque chose de formellement divin. La première conclusion ruinerait le dogme de la grâce ; la deuxième conduirait au panthéisme. Cf. J. Didiot, op. cit., p. 403-404.

2. Dicendo il divino nella natura, non prendo questu parola divino a siqni/icare un effello non divino di una causa divina. Per la stessa ragione non è miu intenzioiie di parlare di un' divino, che sia laie per parlicipazione (Ibid.).

Cum divinum dicimus in Quand nous parlons du di natura, vocabulum istutl divin dans la nature, ce mot

vinum » non usurpamus ad « divin » n’est pas pris par

significandum effectuai non nous pour signifier un effet

divinum causa' divina' ; neque non divin d’une cause divine

mens nobis est loqui de divino et ce n’est pas notre idée de

quodam, quod taie sit per parparler de quelque chose qui

.ticipationem. serait divin par participât ion.

Cette proposition ne fait que rendre plus clair le sens de la première. Elle est d’ailleurs extraite du même passage de la Teosofia. Le divin qui se manifeste à notre intelligence n’est pas divin parce qu’effet d’une cause divine ou divin par participation, mais divin formellement, par essence. A signaler ici une interprétation, évidemment fausse, de la pensée rosminienne par un des admirateurs du philosophe italien. L’expression per participalionem viserait la participation du divin par la grâce sanctifiante. Échappatoire sans portée réelle et exclue par lecontexte mêmede Rosmini, dans ce c. i, Del divino nella natura. Teosofia, t. iv, n. 1. Cf. Aile quaranta liosminiane proposizioni… note secretamenle sotloposte al giudizio… dei Mæstri di verilà… nella Chiesa sanla di HcsàCristo, Milan, 1888 ; Trutina, n. 9-10 et p. 12, note 1. Ontologisme et menace de panthéisme. J. Didiol, op. cit., p. 404.

3. Vi è dunque nella natura dell’universo, cioè nelle intelliqenze che sono in esso, qualche cosa a cui conviene la denominazione di divino, non in senso figuralo, ma in senso pro~ prio (Teosofia, t. iv, Del divino nella natura, n. 15, p. 18. — E una… attualità indistinla dal resta dell’attualità divina, indivisibih m se divicllilî per astra : ionk mentale ( T&tscfin t. iii, n. 1423, p. 344).

In natura igitur universi. Dans la nature de l’uniidesl in intelligenliis qiuc in vers, c’est-à-dire dans les inipso sunt, aliquid est, cui contelligences qui en font partie, venit denominatio divini non ily a quelque choseà qui consenti ! fiqurato sed proprio. Est vient la dénomination de diactnalitas non distincta a re- viii, prise au sens non pas tiliquo actualitulis dii inse, guré, mais propre. C’est une

actualité qui n’est pas distincte du reste de l’actualité divine.

Les partisans de Rosmini ont voulu défendre l’orthodoxie de cette proposition. L’auteur anonyme d’un opuscule paru à Florence, en 1888, a signalé tout d’abord que le texte original italien était pris en deux volumes différents, avec des centaines de |>ages intermédiaires entre les deux passages rapprochés, ce qui risquait de fausser la pensée de Hosmini en supprimant le contexte. Ragioni délia condannu falta dal S. U/fizio délie cosi dette XL proposizioni di Antonio Jiosmini esposte dal Teologo F. (.'. I)., p. 14, 15. La juxtaposition des deux textes montre au contraire la parfaite continuité de la pensée rosminienne. C’est le même sujet dont il est question dans le premier texte qui se retrouve, sous-entendu, dans le second. Le rapprochement fait par le Saint-Office est donc légitime.

La défense de Rosmini s’appuie ici sur la distinction indiquée dans le commentaire de la proposition 1, et par laquelle les rosminiens pensent échapper au reproche (l’ontologisme. Le divin, disent-ils, que notre intelligence saisit, est un divin, non au sens figuré, mais au sens propre ; ce sens propre toutefois « n’est pas propre absolument, pleinement et ne fait pas de ce divin quelque chose de parfaitement identique à Dieu », non in senso proprio assolutamenle, ossia in senso pieno cosi da essere perfelto sinonimo con Dio. Opusc. Aile quaranta… Il ne s’agirait, suivant la distinction fondamentale de la philosophie rosminienne, que de l'être idéal divin, identique sans doute objectivement avec son être réel, puisque Dieu est indivisiblement l'être réel-idéal, mais divisible de cet être réel par abstraction mentale. Non si puà dire con esattezza, écrit expressément Rosmini, che noi veggiamo Dio — l’essenza divina — nella vila présente ; perciocchè Dio non è solo l' essere idéale, ma indislinguibilimenle reale-ideale. Il rinnuovamento delta filosofia, c. xlii.

Remarquons — et ceci complique singulièrement la difficulté, et ajoute à l’obscurité de la doctrine rosminienne — que l’abstraction mentale qui sépare l'être idéal divin et l'être idéal-réel. Dieu, est le fait de l’intelligence divine elle-même divisant pour ainsi dire