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HUSMINJ. ECRITS


cation de la Constitution et des Cinq plaies provoqua une condamnation de l’Index (6 juin 1849). Rosmini n’eut connaissance de cette condamnation que le 16 août suivant et se soumit aussitôt et très humblement.

Mais déjà, depuis le 19 juin, il avait quitté Gaète où il avait accompagné le pape en exil, laissant à Pie IX, avant de partir, un mémoire justificatif dans lequel il dénonçait les intrigues, à son endroit, du cardinal Antonelli. Rosmini se retira à Naples où il publia ses Opérette spiriliiale. Fatigué par la police des Bourbons, attristé par les attaques incessantes dont il était l’objet sur le terrain doctrinal, il se retira à Strcsa, où il acheva sa vie dans l’accomplissement silencieux de ses fonctions sacerdotales et dans la méditation, soutenu par l’amitié de Manzoni qui l’assista à ses derniers moments (1855).

Profondément pieux, d’une nature noble et généreuse, Rosmini avait eu, avant de mourir, la satisfaction d’apprendre que ses œuvres, dénoncées dans leur ensemble à l’Index, avaient été renvoyées sans encourir de censures. Le dimittantur de la Sacrée Congrégation est du 3 juillet 1854. Voir le texte dans Notice biographique d’Antoine Rosmini, La Rochelle, 192(1, p. 65. Si les idées de Rosmini furent discutables, sa personne et sa vie privée sont dignes de tous éloges.

2° l'.ôle politique. — Nous avons vu que Rosmini avait été chargé par le gouvernement sarde, en 1848, d’une mission politique près de Pie IX. Le Piémont, qui avait précédemment fait avorter les projets de ligue italienne présentés par le Saint-Siège, venait à résipiscence après le désastre de Custozza. Il s’agissait de négocier la création, entre les États de l'Église, la Toscane et le Piémont, d’une confédération dont le pape aurait, à perpétuité, la présidence. Le pouvoir central serait confié à une diète permanente, composée de trois représentants de chacun des contractants et siégeant à Rome. La diète seule serait qualifiée pour déclarer la guerre, conclure la paix, fixer les contingents de troupes nécessaires à la défense nationale et au maintien de l’ordre intérieur, édicter un règlement douanier, entretenir la concorde entre les confédérés et imposer sa médiation en cas de controverses, uniformiser les systèmes de monnaies, poids et mesures, ainsi que la législation politique, civile et pénale, et la procédure. Voir le texte du projet dans Farini, Lo Stato romano, t. ii, Florence, 1850, p. 336-338 ; cf. G. Mollat, La question romaine, Paris, 1932, p. 236. Mais Charles-Albert aurait voulu d’abord amener Pie IX à participer à la guerre contre l’Autriche, soit avec ses propres soldats, soit avec des volontaires recrutés avec son agrément. De toute évidence, Rome ne pouvait envisager d’abord que le projet de confédération. Cf. ItaloRaulich, Storia del risorgimento politico d’italia, t. iv, Bologne, 1925, p. 303 sq. Rossi rejeta d’ailleurs ce projet de ligue offensive et défensive, périlleuse pour la papauté, et lui opposa un projet de ligue politique de princes constitutionnels, indépendants les uns des autres, qui discuteraient à Rome, sous la présidence du pape et par l’intermédiaire de mandataires, leurs intérêts réciproques. Cf. Farini, op. cit., p. 342-343 ; G. Mollat, op. cit., p. 237. De guerre il n'était pas question, Rossi considérant le Piémont comme incapable de vaincre l’Autriche.

La mission politique de Rosmini fut ainsi brusquement terminée. Le ministère Pinclli, succédant à Casati-Gioberti, cessa d’ailleurs de parler de concordat (in de confédération et il substitua à Rosmini, démissionnaire, le conseiller De Ferrari. Sur tous ces détails, voir, de Rosmini lui-même, Commenf an o delta missionc a Roma di Antonio RosminiSerbatt, t. i, p. 53-55 ; Farini, op. cit., p. 339-341 et, dans les Miscellanea publiés à Milan, ÎN'.IT. l’cr Antonio Rosmini net primo cenlenario dclla sua nascitù, part. II a, p. 213 sq.,

l'étude de G. Grabinski, La missionc de' Antonio Rosmini a Roma nri/li anni 1848 a 1849.

L’activité politique de Rosmini ne se manifesta plus qu’en deux autres circonstances. Ayant suivi Pie IX à Gaète, Rosmini insistait pour que le pape se retirai dans ses propres États, à Bénévent, où régnait la tranquillité. Prolonger le séjour à Gaète semblait à Rosmini une compromission avec un prince (le roi de Naples) qui avait partie liée avec l’Autriche et qui détestait les patriotes italiens. Mais, avant le départ pour Gaète, Rosmini avait appuyé la démarche du marquis de Pareto, demandant à Pie IX d’abroger tous les privilèges ecclésiastiques et toutes les coutumes contraires à la législation sarde de 1848, consacrant l'égalité de tous devant la loi. Cf. Mollat, op. cit., p. 283-281.

Écrits.

L'œuvre de Rosmini est considérable.

Un assez grand nombre d’ouvrages — auxquels appartiennent bon nombre des propositions condamnées en 1887 — ne furent publiés qu’après sa mort.

Voici la liste complète des ouvrages de Rosmini, par ordre chronologique, telle que l’a établie F. Palhoriès. La philosophie de Rosmini, Paris, 1908, p. 389-392 :

1. Œuvres publices du vivant de Rosmini. — Saggio sulla félicita, Rovereto, 1822, réuni plus tard aux Opusculi filosofici, Milan, 1927-1928 ; Nuovo saggio sull' origine délie idée, 4 vol., Rome, 1830 (c’est, on l’a dit. l’ouvrage important de Rosmini. Il est divisé en huit sections : principes à suivre en ces recherches ; difficultés qu’on éprouve à expliquer l’origine des idées ; théories fausses par défaut ; théories fausses par excès ; théories sur l’origine des idées ; des critères de la cuti tude ; des forces du raisonnement à priori ; sur la première division des sciences) ; Principii délia scienza morale, Milan, 1831 ; // rinnovamento délia filoscfia in Ilalia, proposto dal conte Terenzio Mamiani ed esaminuto da A. Rosmini-Serbati, Milan, 1836 (complément du Nuovo saggio ; Rosmini y traite encore de l’origine des idées et de la valeur de la connaissance ; travail de polémique contre l’ouvrage publié à Paris, 1830, par Mamiani, sous le titre : Rinnovamento délia filosofici antica in Italia) ; Storia comparativae critica de' sistemi intorno al principio dclla morale, Milan, 1837 ; La sommaria ragione per la quale stanno o rovinano le umane socictù, Milan, 1837 ; Antropologia, in servigio délia scienza morale, Milan, 1838 (étude de l’homme animal et raisonnable dans ses rapports avec la loi morale : définition de l’homme : l’animalité, les facultés passives et actives ; la spiritualité de l’homme ; l’homme comme sujet moral ; la liberté, le mérite) ; La socielù ed il suo fine, Milan, 1839 ; Tratlato dclla coscienza murale. Milan, 1839 (trois livres : I. I. De la moralité qui précède la conscience ; 1. II. De la moralité qui suit la conscience ; 1. III. Règles pour diriger la conscience) ; Filosofia del dirilto, Milan, 1841-1845, deux volumes dont le premier est consacré au droit individuel et le second au droit social. Divers opuscules : Riposta al flnto Eusebio cristiano, Milan, 1841 ; Le nozioni di peccatoe di colpa illustrate. Milan, 1841, 1842 ; II razionalismo che tenta insinuarsi nelle scuole teologiche, Prato, 1843 (la publication n’en fut faite qu’en 1882) ; Sistema filosofico, Montepulciano, 1846 ; Teodicea, Milan, 1845 (apologie de la conduite de la providence à l'égard des hommes, surtout par rapport a la question du mal. L’ensemble du plan divin nous échappe et le mal ne s’oppose pas à la sainteté de Dieu. Il vient de l’homme, et l’homme peut le taire servir a son bien. Enfin le mal est la conséquence de la loi « le la moindre action, legge del minimo mezzo, qui manifeste la bonté de Dieu à l'égard de ses créatures) ; Vincenzo Giobcrti ed il panteismo (douze leçons sur le panthéisme de Giobcrti. les six dernières publiées en 1816, dans le Filo cattelico, Florence), Lucques, 1853 ;