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ROSCELIN ROSELLI (ANTOINE DE)

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Picavet ne veut d’ailleurs pas qu’on grandisse outre mesure la personnalité de Roscelin. Il ne veut pas qu’on en fasse « un héros et un martyr », ni même qu’on fasse de son nominalisme une première édition de celui de Guillaume d’Occam. En fait, Roscelin a vieilli considéré et considérable. Il n’est pas possible de se ranger à un autre avis que les contemporains de sa vieillesse et d’accepter par exemple le jugement péjoratif de Picavet : « Il est pour la postérité un de ceux dont elle conserve le nom, que la légende peut grandir aux dépens de ses successeurs, mais que l’histoire ne comparera jamais à Jean Scot ou à Gerbert, à saint Anselme ou à Jean de Salisbury. » Au contraire Roscelin soutient ces comparaisons. "Victor Cousin avait été mieux inspiré en louant la valeur philosophique de Roscelin : « Il a laissé, écrivait-il, à la philosophie moderne ces deux grands principes : 1. il ne faut jamais réaliser des abstractions ; 2. la puissance de l’esprit humain est en grande partie dans le langage. Il est le précurseur de l’école empirique. Sans doute cette école est bien faible encore, mais elle commence au Moyen Age avec Roscelin pour ne plus finir. »

J. de La Mainferme, Brevis confulatio epistolæ a Roscelino hærelico in beatum Roberlum de Colorissello nequiter con fictif : sub nomine Goffridi, abbatis Vindosmensis, Saumur, 1682 ; .I.-M. Chladenius, Disseriaiio historico-theologi a de vita et hceresi Iioscelini, lirlangen, 1756 ; F. Saulnier, Roscelin, sa vie et ses doctrines, étude biographique et historique, Paris, 1855 ; Des derniers documents sur Roscelin, dans Bull. soc. (icad. deBrest, t. iii, 1865, p. 227-236 ; V. Cousin, Fragments philosop tiques pour servir à l’histoire de la philosophie, t. ii, Philosophie du Moyen Age, 1865, p. 86-100 ; Pétri Abelardi Opéra, t. ii, Paris, 1867, p. 792-803 ; B. Hauréau, Histoire de la philos, scolastique, t. i, Paris, 1872, p. 243-265 ; F. Picavet, Roscelin, philosophe et théologien, d’après la légende et d’après l’histoire. Rapport annuel, 18 96, de l’École des hautes études, section des sciences religieuses, Paris ; E. Kaiser, Pierre Abélard, critique, Fribourg, 1901, p. 211-236 ; B.-F. Adloch, Roscelin und S. Anselm, dans Philos. Jahrbuch, t. xx, 1907 A. Reiners, Der Nominalismus in der Friihscholastik, dans Beilriige zur Gesch. der Phil. des Mitlelallers, t. viii, fasc. 5, Munster, 1910 ; C.-J. Hefele, Hist. des conciles, édit. J. Lcclercq, t. v, 1° part., 1912, p. 365-367.

M. -M. Gorce.

    1. ROSE Jean-Baptiste##


ROSE Jean-Baptiste. — Né en 1714 à Quingey, petite ville de Franche-Comté, il fut un esprit très curieux, qui s’occupa de théologie, d’histoire, de minéralogie, de mathématiques et fut en relation avec beaucoup de savants. Il ne quitta jamais sa province et fut élu membre de l’académie de Besançon en 1778. Il ne vit, dans la Révolution de 1789, qu’une réforme des abus de l’ancien régime et il accepta la Constitution civile du clergé, mais avec beaucoup de modération. Il mourut à Quingey, le 12 août 1805.

Comme ouvrages religieux, Rose a publié un Traité élémentaire de morale, Besançon, 1767, 2 vol. in-12 ; dans cet ouvrage, qui avait été couronné, en 1766, par l’académie de Dijon, l’auteur montre que seule la religion peut fournir une base solide pour la morale. Cet écrit fut complété, sur les instances de Poucet de La Rivière, ancien évêque de Troyes, par la Morale évangélique, comparée à celle îles séries et des philosophies, Besançon, 1772, 2 vol. in-12 ; V Esprit des Pères, comparé aux plus célèbres écrivains sur les matières les plus intéressantes de la philosophie et de la religion, Besançon, 1790, 3 vol. in-12 ; une réédition parut en 1823, avec une notice sur Rose, qui avait été rédigée par Grappin ; lié flexions sur ce qu’on doit penser sur la Constitution civile du clergé de France, Besançon, 1791, in-8°.

Michaud, Biogr. univ., t. xxxvi, p. 473-474 ; Hoefer, Soin), biogr. gén., t. xi.n, col. 640 ; Éloge de Rose, par Grappin, prononcé à l’académie de Besançon, en 1810 ; Hurler, Nomenclator, 3° éd., t. V ii, col. 577

J. Carreyre.

    1. ROSELL Joseph##


ROSELL Joseph. — Théologien espagnol, né à Barcelone et décédé en 1665 à la chartreuse de Montealegre, située dans les environs de cette ville, où il avait passé la majeure partie de sa vie. Morozzo le dit très versé dans la théologie spéculative et dans la morale. Cet éloge ne peut être accepté qu’avec réserve, car le seul ouvrage imprimé de cet écrivain est à l’Index. Seulement, à la décharge de l’auteur, on peut tenir compte de la remarque faite par l’Index publié par l’inquisition d’Espagne, que son livre a été justement condamné parce que lui, ou son éditeur, au c. xv, § 13-15, inséra des extraits du Commentaire sur le c. vin de saint Matthieu d’un certain Laurent Aponte. En effet, le décret de la S. C. de l’Index du 27 mai 1687 qui prohiba l’ouvrage de dom Bosell défendit en même temps le livre de L. Aponte. D’ailleurs, cette prohibition n’empêcha pas la réimpression de l’ouvrage en Allemagne, et peut-être ailleurs. Cf. Indice ultimo de los libros prohibidos y mandados expurgar para todos los reynos y senorios del catolicorey de las Espanas, Madrid, 1790, in-4°, p. 235 b. Voici le titre de l’ouvrage de dom J. Rosell : Traclatus sive praxis deponendi conscienliam in dubiis et scrupulis circa casus morales occurrenlibus, omnibus non lantum confessariis et pœnitenlibus, verum eliam quibuslibel personis scrupulosis opprime perutilis, Lyon, 1660, in-8°, 1769 ; Bruxelles, 1661, in-16 ; Cracovie, 1662, in-12 ; Cologne, 1663, 1697, 1709, 1742, in-12.

Nicolaus Antonio, Bibl. hisp. nova, t. i, Madrid, 1783. p. 817 ; Morozzo, Theal. chronol. s. ord. cart., p. 148 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 120 ; Valenti, San Bruno y la orden de los carlujos, Valence, 1899, p. 109.

S. Autore.

    1. ROSELLI (Antoine de)##


ROSELLI (Antoine de), juriste italien, xve siècle. — Natif d’Arezzo, il acheva ses études de droit à Bologne, où l’on relève sa trace en 1406 et où il prit le doctorat en 1407. Après avoir professé à Sienne, il est appelé à Rome par le pape Martin V (1417-1431), qui estime grandement son savoir. Avocat consistorial, il plaide en quelques-unes des grandes causes politiques soumises à la Curie. Eugène IV (1431-1447) lui confie diverses missions, auprès de l’empereur Sigismond, auprès du roi de France Charles VII, dont il faut retirer l’appui au concile de Bâle. Pour prix de ses services, Roselli comptait recevoir le chapeau de cardinal, que le pape lui avait, paraît-il, fait espérer avant sa mission en France. Le pape ne voulut pas cependant passer outre au fait que le juriste avait été marié deux fois ; le chapeau ne lui fut pas donné. Roselli quitta la cour pontificale et se rendit à Padoue où on lui offrit une chaire de droit (1438) ; il continua à y professer jusqu’à sa mort (16 décembre 1466).

Roselli a laissé une œuvre juridique considérable, qui n’intéresse que partiellement le théologien ; mentionnons seulement : Traclatus de legilimatione, son premier ouvrage, cf. Hain, Rcperlorium, n. 13 975, 13976, reproduit dans les Traclatus juris, éd. de Lyon, 1549, t. vi, fol. 264 ; Traclatus de usuris, cf. Hain, n. 13981 sq. aussi dans les Traclatus juris, t. xvi, fol. 80 r° ; Traclatus de jejuniis, Hain. n. 13 978-13 980 ; Traclatus de indulgentiis, dans les Traclatus juris, t. xvi, fol. 168 v". Mais l’ouvrage le plus célèbre de Roselli est son traité De monarchia, sive traclatus de potestate imperaloris cl papee et an apud papam sit potestas utriusque gladil ri de malcria conciliorum. Il n’y a pas lieu de distinguer, comme divers bibliographes l’ont fait, un Traclatus de monarchia et un Traclatus de conciliis. Ce dernier titre est donné dans plusieurs mss., cf. Schulte, t. ii, p. 305, n. 7, au traité qui est appelé ailleurs De monarchia. Imprimé à Venise en 1 183 et en 1487, cf. Hain. n. 13 971 sq., ce volumineux traité se trouvera commodément dans M. Goldast, Monarchia sancti romani imperii, t. ii, p. 252-556. Dédié au doge de Venise.