Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/737

Cette page n’a pas encore été corrigée

288 :

    1. HUMAINS (ÉPITRE MX)##


HUMAINS (ÉPITRE MX). DOCTRINES, L’HOMME

2388

vm, 3. La chair personnifiée, c’est la nature humaine héritée d’Adam après sa faute, avec ses inclinations mauvaises. Être « dans la chair » marque donc, dans l'Épître aux Romains, la situation de l’homme avant la justification, viii, 1-16. Dans d’autres épîtres, « dans la chair » a parfois le sens de « en cette vie mortelle » ; cf. Phil., i, 22-24, ou « dans le corps ». Col., i, 24 ; ii, 1.

A la chair s’oppose l’esprit, 7Tvs<"5|i.a. lIveùtAOC, d’une façon générale, ne désigne point une faculté intellectuelle, comme vouç ; c’est la partie supérieure de l’homme, en tant qu’elle peut recevoir de l’Esprit de Dieu, un principe de vie surnaturelle, En dehors des passages où TzizZ[irx. désigne l’Esprit de Dieu ou du Christ (voir ci-dessus, col. 2883), c’est surtout l’esprit de l’homme élevé par l’action de l’Esprit-Saint et doté d’un principe de vie surnaturelle. Cette doctrine de l’esprit, principe de la spiritualité paulinienne, est développée dans le c. viii, 1-16.

En employant les termes que nous venons d'énumérer, l’Apôtre ne se propose nullement de définir la nature constitutive de l’homme ; il veut seulement exposer sa condition morale et sa destinée.

2. Condition morale et destinée de l’homme. — Dans l’ordre actuel des choses, Adam, par sa faute, a introduit dans le monde le péché, cause de lamort. Or, comme la mort est universelle, le péché doit l'être aussi. Tous meurent, même ceux qui n’ont point commis de transgression personnelle : tous ont donc péché d’une certaine façon, du fait d’Adam et en Adam, v, 12-14. « Par la faute d’un seul il s’en est suivi pour tous les hommes une condamnation », v, 18 ; « par la désobéissance d’un seul homme tous ont été constitués pécheurs ». v, 19. Les Pères ont varié dans leur argumentation sur les ꝟ. 12-14, comme dans la lecture du ꝟ. 14 : plusieurs, après Origène, cf. l’Ambrosiaster, in h. L, omettent la négation ; ce qui donne le sens : « la mort a régné sur ceux qui ont péché à la ressemblance de la transgression d’Adam. » Mais ils ont tous reconnu la portée universelle de la faute d’Adam entraînant la déchéance morale et la condamnation de tous ses descendants. Voir ici art. Péché originel, t. x, col. 317 sq., 334 sq. ; J. Freundorfer, Erbsilnde und Erblod beim Apnstel Paulus, Munster-en-V., 1927, p. 105 sq. On trouvera dans ce dernier ouvrage une étude sur le péché originel dans le judaïsme.

Le péché personnifié ou puissance du péché, entré dans le monde par la faute d’Adam, a eu comme auxiliaires la Loi et la chair, vii, 1-25. Les développements du c. vu visent principalement à montrer l’impuissance de l’homme, sa détresse quand il n’a point la vie de l’Esprit, avant la justification. La Loi a montré l’obligation sans donner la force de l’accomplir. Bonne en elle-même, elle est sans force à cause de la chair ; elle a multiplié les transgressions. Il y a en effet dans l’homme une lutte entre « l’homme intérieur » ou la raison qui prend plaisir à la Loi de Dieu et le péché qui domine en lui par la concupiscence. Par la raison, l’homme sert la loi de Dieu, mais par la chair il est esclave de la loi et du péché. Seul l’Esprit de vie affranchit l’homme de la loi du péché et de la chair, grâce a l'œuvre du Christ.

A regarder l’ensemble de l’humanité, de fait, tous les hommes, païens ou juifs ont péché, ont besoin de « justice » et sont privés de « la gloire de I)ieu ». iii, 23. Les développements i. 18-m, 20 montrent en deux tableaux, celui des païens et celui des juifs, la culpabilité universelle. Le monde entier est sous le coup de la colère divine : les païens, pour cire lombes dans l’idolâtrie malgré la connaissance naturelle qu’ils avaient de la divinité et de l’obligation morale : les juifs pour avoir violé la 1 >i de Dieu. Dans ce tableau de la culpabilité universelle, l’Apôtre ne met point le péché en relation avec la faute d’Adam, il montre seulement h'

besoin universel de justice. Mais il est clair que tout ce débordement d’iniemité a pour cause première la faute du premier homme qui a introduit « le péché » dans le monde. Tous sont sujets « à la condamnation », v, 18 ; « tous sont privés de la gloire de Dieu », iii, 23, ces deux formules traduisent une même situation qui a pour origine la faute du premier homme.

Toutefois la cause immédiate de cette déchéance chez les païens est une faute d’intelligence ; c’est la méconnaissance de la nature de Dieu et des obligations qui en découlent. D’ailleurs le tableau i, 18-31 est le procès de l’idolâtrie fait par un juif et un chrétien. Il est analogue à Sap., xiv, 12-31, où sont décrits les funestes effets de l’idolâtrie : la ressemblance est surtout frappante entre Hom., i, 29-31 et Sap., xiv, 25-26. Chez les juifs la cause de la déchéance est la méconnaissance de la loi de Dieu, lumière de l’intelligence et règle de la conduite.

3. Fins dernières.

Dans l'état actuel, la mort est le fruit du péché, vi, 16, 21, 23 ; vii, 5, 10, 13, 24 ; viii, 6 ; cf. i, 32. Elle a été introduite dans le monde par la faute du premier homme, v, 12, 14, 17, 21. Sans cette faute l’homme eût donc été immortel. Ce privilège lui est rendu par la mort et la résurrection du Christ. Dans sa doctrine sur la vie de l’Esprit, l’Apôtre ne fait que développer l’antithèse de l'œuvre d’Adam et de celle du Christ : la mort est vaincue avec la Loi et la chair. L’homme sous la loi de l’Esprit de vie est assuré de la résurrection et de l’immortalité futures, vi, 9 ; viii, 2. La résurrection du Christ en est la garantie : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous ». viii, 11. La destinée ultime de l’homme est « la glorification », c’est-à-dire la participation à la gloire du Christ ressuscité, viii, 29-30 ; cf. Phil., iii, 21 ; I Cor., xv, 49 ; Col., i, 15, 18.

La parousie se rapproche, sans être imminente, xin, 11-12 ; car il faut auparavant que la « totalité des nations, t6 irXr)pM}x<x tûv èôvwv » soit entrée dans le christianisme et que la masse des juifs se convertisse, xi, 15, 25-26. Sera-ce bientôt ou dans un avenir lointain ? L’Apôtre ne le dit point. Il tire seulement de cette incertitude une exhortation à la vie chrétienne.

Dieu jugera le monde avec justice, iii, 5-6 ; cꝟ. 19. Il rendra à chacun selon ses œuvres, bonnes ou mauvaises. Ce sera le « jour de la colère » : à ceux qui persévèrent dans le bien il accordera « la vie éternelle, l’honneur et l’immortalité ; à ceux qui se seront complus dans l’iniquité, « la colère et l’indignation », c’est-à-dire un juste châtiment, ii, 5-8. Les païens seront jugés d’après la loi de leur conscience, de leur raison, qui leur fait discerner le bien du mal. Les juifs seront jugés d’après la loi que Dieu leur a donnée. ii, 13, 15, 16.

Le salut, la glorification sont assurés aux justes ; c’est là une espérance qui ne trompe point, v, 1, 5 ; l’amour de Dieu et du Christ en est la garantie. En effet, alors que les hommes étaient pécheurs, Jésus-Christ est mort pour eux, par un effet de l’amour divin. Maintenant qu’ils sont justifiés, à plus forte raison serontils sauvés de la colère ». v, 8-10. Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, vm, 1 ; cꝟ. 28-30. « Qui accuserait les élus de Dieu ? (/est Dieu qui les justifie ! Qui les condamnerait ? Le Christ est mort, ou plutôt il est ressuscité ; il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. Qui nous sépaita de l’amour du Christ ? » viii, 33-35. Ainsi, le Christ, qui prend part au jugement avec Dieu, loin de condamner les élus, intercède pour eux : rien ne pourra les arracher à son amour. L’on ne saurait trop souligner que ce tableau du jugement, à la fois grandiose et consolant, est complètement dégagé des traits d’apoca-