Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/721

Cette page n’a pas encore été corrigée

ROMAINS (É PITRE Al X). AUTHENTICITÉ

2856

tions de saint.Justin et de Clément d’Alexandrie. Cf. Nestte-Dobschiitz, op. cit., p. 12-13 ; 20-21. En tout cas, le texte de Mareion, tel que Harnack l’a restitué, offre des caractères généraux contraires à ceux du texte occidental. Mareion coupe, retranche, abrège, modifie pour des raisons doctrinales ou même sans raison apparente, tandis ((ne la caractéristique du texte occidental est plutôt la plénitude, la prolixité, parfois la surcharge. Lietzmann, Rômer, 3e éd., 1928, p. 14, est d’avis que Mareion a fait sa rédaction des épîtres pauliniennes en travaillant sur un texte occidental déjà établi. Chapman estime qu’il dépend du texte occidental dans la plupart des cas. Revue bénédictine, 1012, p. 244 sq. Le P. Lagrange nie que Mareion ait eu quelque influence sur les leçons particulières du texte D. Il estime qu’il a opéré ses transformations sur le texte le plus ancien, c’est-à-dire B, mais qu’il a pu avoir dans la suite quelque influence sur la reproduction des manuscrits. Lagrange, Critique textuelle, t. ii, p. 51 1 sq.

L’on voit combien la question est complexe. Il faut plutôt traiter les leçons comme des cas d’espèce. En ce qui concerne le texte de l'Épître aux Romains on voit une leçon marcionite dans i, 16 (sans 7rpâ>TOv), leçon passée dans G et B. Cf. Tertullien, Adv. Marc, v. 13, éd. Kroymann, p. 619 ; Harnack, Mareion, éd. 1924, p. 102* sq. Mareion, spécialement, coupait les citations et les formules de citations, comme Rom., i, 17 ; xii, 19. Il écrivait, x, 3, àYvooûvTeç yàp tôv 6sôv, au lieu de tyjv toû Geoû St, xai, oaûv7)v, ce qui se conçoit facilement ; Tertullien lit également : Deum ignorantes, Adv. Marc, v, 14, p. G24. Or ces leçons, dont la dernière surtout est très caractéristique, n’appartiennent pas au texte occidental. Par contre tcov zù<x.YyskiC, opivwv elp7jv7)v, x, 15, pour compléter la citation d’Isaïe, est une leçon du texte occidental, passée dans la Vulgate, contre le texte égyptien. Von Soden y a vu une leçon marcionite, op. cit., p. 2030, mais ce n’est qu’une interpolation sous l’influence des Septante. Cf. Lietzmann, Rômer, p. 101 ; Lagrange, Épître aux Romains, Introduction, p. i.xxi-lxxii. En général bien des leçons regardées comme marcionites peuvent s’expliquer autrement et Mareion ne semble pas avoir eu sur le texte occidental l’influence prépondérante que certains lui ont attribuée.

En ce qui concerne l’influence de Mareion sur le texte latin des épîtres, Lietzmann avait d’abord soutenu que la première traduction latine de saint Paul avait pris naissance dans les « cercles » marcionites. Dans la troisième édition de son commentaire, il a reconnu que cette hypothèse n’avait en sa faveur aucun argument solide et se heurtait plutôt à de sérieuses difficultés. Rômer, 3e éd., 1028, p. 14-15. Sans doute. Tertullien, en réfutant Mareion, a pu adopter certaines de ses leçons. Mais de fait, le texte de saint Cyprien, le plus ancien que nous connaissions pour les épîtres et qui ne s’accorde pas avec les leçons marcionites, n’a pas dû être fait par réaction contre une version marcionite. La vieille version latine devait exister de très bonne heure, car on en avait besoin, surtouten Afrique, avant que l’on ait traduit et réfuté Mareion. Si la vieille version latine était née et avait été adoptée a Rome dans le but de réfuter le marcionisme, il semble que l’on devrait en retarder outre mesure la propagation dans l'Église latine. Sur l’ancienne version latine et Mareion, voir E. Dietal, Aur Textgeschichte des lateinischen Paulus, dans Zeitschr. /tir die X. T. Wissensclta/t, t. xx, 1021, p. 07 sq. ; II. von Soden, Der lateinische Paulustext bei Mareion and Tertultinn, Festgabe fur Adoir Julicher, Tubingue, 1927, p. 220-281.

On a attribué une origine marcionite à la doxologie, xvi, 25-27. Selon Harnack, elle aurait pris naissance dans les « cercles marcionites » et. aurai ! été transformée dans la suite par les i catholiques. Op. cit.,

p. 110*-111*. Cette hypothèse ne paraît guère fondée. Origène affirme au contraire que la doxologie a été enlevée par Mareion : penitus abstulit. P. G., t. xiv. col. 1290. Voir plus loin, col. 2863. Cf. Lagrange, Critique textuelle, t ii, p. 510 sq.

On a également attribué une origine marcionite aux prologues des épîtres de saint Paul transmis dans les anciens manuscrits de la Vulgate. De Rruyne, Prologues bibliques d’origine marcionite, dans Revue bénédictine. 1007, p. 1-16 ; P. Corssen, dans Zeitschr. fur die N. T. Wissenschaft, 1009, p. 36 sq., 07 sq. ; Harnack, Mareion, p. 128*. Cette thèse a été réfutée par W. Mundle. Die Hcrkunft der « marcionitischen » Prologe zu den paulinischen Bricjen. dans Zeitschr. fur die N. T. Wissenschaft, 1925, p. 56-77. Harnack a maintenu ses positions, ibid., 1925, p. 204-218. Le P. Lagrange, après avoir accepté la même thèse, Épître aux Romains, Introd., p. xxiv-xxv, éd. 1016, l’a abandonnée dans la suite. Revue biblique, 1926, p. 161-173. Cf. Revue bénédictine, 1927, p. 221. La question est liée à celle de l’Ambrosiaster avec lequel ces prologues ont une communauté d’idées. L’Ambrosiaster dépend-il des prologues ou inversement ? La seconde hypothèse paraît la plus vraisemblable à Mundle et Lagrange. En tout cas il ne semble pas démontré que l’Ambrosiaster et les prologues en question contiennent des doctrines ou même révèlent des tendances nettement marcionites. Dans la mention des « faux apôtres » qui ont enseigné la « Loi et les prophètes », de « la parole de vérité », de la « véritable foi évangélique », mention qui caractérise l’enseignement de saint Paul, d’après les « prologues, il ne faut voir que des termes pauliniens qui ont pu être suggérés par les épîtres. Les prologues donnés comme marcionites, ainsi que les idées de l’Ambrosiaster sur l’origine et la situation de l'Église de Rome, n’ont probablement d’autre origine que des conjectures exégétiques nées à la lecture de Paul. D’ailleurs ces prologues n’ont jamais été soupçonnés d’hérésie par les catholiques qui ont recopié la Vulgate.

II. Authenticité et intégrité.

1° L'Épître aux Romains dans l' Église chrétienne. — On trouve des ressemblances plus ou moins frappantes, dans la forme ou dans la pensée, entre la I a Pétri et l'Épître aux Romains. Voir la comparaison des textes dans Sanday et Headlam, A commentary on theEpislle to the Romans, p. 7 sq. Ces rapprochements ne sont pas tous concluants ; mais plusieurs passages offrent des analogies qui ne peuvent être accidentelles. A noter spécialement la citation d’Isaïe, xxviii, 16 (cf. viii, 14), dans I Petr., n, 6, 8. Les mêmes textes sont également combinés clans Rom., ix, 33. On pourrait, il est vrai, imaginer comme source commune une anthologie de textes prophétiques groupés par analogie de sujets ; mais c’est là, semble-t-il. une hypothèse assez fragile. Noter également la ressemblance de pensée entre Rom., xii, 1 et I Petr., ii, 5 : la notion de culte et de sacrifice spirituel. A mentionner également les recommandations de Rom., xiii, 1-7, qui se retrouvent dans I Petr., Il, 13-17, sous une autre forme. L'épître de Pierre suppose une situation politique différente de celle de l'Épître aux Romains ; elle apparaît comme secondaire et utilise probablement des textes de l’Apôtre.

Il est difficile d'établir les rapports entre l'épître « le .Jacques et l'Épître aux Romains. Les rapprochements donnés dans Sanday, d’après Mayor, ne sont guère concluants. Il s’agit plutôt d’un contraste de doctrines que d’une dépendance littéraire. Voir Jacques (Épître de), t. VIII, col. 263.

Selon Sanday, p. 133. la doxologie, Rom., xvi, 2527. offrirai ! un type de doxologie largement répandu dans la suite. On en retrouverait l’influence spécialement dans les doxologies de Jud., 2 I 25, et Hcb., XIII, 20-21.