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ROMAINS (ÉPITRE AUX). TÉMOINS DU TEXTE


l’avons déjà noté, distribue les épîtres pauliniennes en deux groupes. En tête du premier groupe, il place la première aux Corinthiens, et à la fin de ce groupe, c’està-dire au neuvième rang, l'Épître aux Romains. Tertullien assigne la même place à ces deux épîtres, bien qu’il ne suive pas le même ordre pour les autres. Cf. Adv. Marc, iv, 5, P. L., t. n (1844), col. 366. Il en est de même pour saint Cyprien. Cf. Th. Zahn, Geschichte des N. T. Kanons, t. ii, p. 59 sq. et 344-354.

Marcion suit un ordre tout différent. Il donne d’abord le groupe des quatre grandes épîtres dans l’ordre suivant : Gal., Iet II Cor., Rom. ; puis le groupe des autres épîtres sauf les pastorales : I et II Thess., Laodic. (Ephes.), Col., Philip., Philem. A-t-il voulu, pour chaque groupe, suivre l’ordre chronologique ? C’estpossible ; mais il a pu également placer l'Épître aux Galates la première parce qu’elle était la plus hostile aux judaïsants. En tout cas l’on ne saurait le regarder comme un témoin de l’ordre traditionnel le plus ancien des épîtres.

Ce n’est qu'à partir du ine siècle que l'Épître aux Romains est mise en tête de la liste. Cf. Zahn, Rômerbrief, p. 1 sq. Elle l’est déjà dans P", papyrus Chester Beatty. Saint Athanase, dans sa Lettre pascale, en date de 367, P. G., t. xxv, col. 1437, dit que les épîtres sont inscrites dans l’ordre suivant : « En premier lieu l'Épître aux Romains… ». Il n’affirme d’ailleurs point, comme on le lui fait dire, que cette épître a été écrite la première. Il reproduit simplement une liste où sont inscrites les épîtres ttj T<iJ ; ei ypaç6|j.svai

OÛTOÇ.

La liste du Codex Claromontanus (Dp), liste plus ancienne que le ms. et probablement du ive siècle, place également l'Épître aux Romains la première ; cet ordre a prévalu dans les listes postérieures.

Les listes primitives attestées par le Canon de Muratori, Tertullien, Cyprien, Origène plaçant I Cor. en tête des épîtres, ont fait croire à Zahn que la première collection avait été faite à Corinthe. Le fait serait confirmé par la lettre de saint Clément, xlvii, 2, vers l’an 96, cf. Zahn, Geschichte des N. T. Kanons, t. i, p. 835 ; Harnack a partagé cette opinion en s’appuyant sur I Cor., i, 2. Die Briefsammlung des Apostels Paulus, p. 8 sq.

Les témoins du texte.

Les témoins du texte de

l'Épître aux Romains se répartissent en trois groupes représentant chacun un type de texte.

1. Le premier groupe comprend ceux qui appartiennent aux types appelés neutre et alexandrin dans le système de Westcott-Hort ; d’abord les plus anciens onciaux, qui paraissent le plus exempts de retouches, d’additions, de corrections harmonisantes. Il comprend également les versions coptes ou égyptiennes et les écrits des Pères de l'Église d’Alexandrie. Von Soden regarde tous ces témoins comme fournissant un texte revisé sous l’influence d’Hésychius entre le iiie et le ive siècle. Cette hypothèse, qui n’est pas suffisamment établie, déprécie la valeur des plus anciens témoins, c’est-à-dire des onciaux du ive et du ve siècle. Lietzmann, dans son introduction à la critique textuelle des épîtres de Paul, groupe tous ces témoins sous le titre de « texte égyptien ». An die Kômer ; Einjùhrung in die Textgeschichte der Paulusbriefe, p. 6 sq. ; von Soden l’appelle type H ; Lagrange, type B. Cf. Lagrangc, Critique textuelle, t. ii, p. 466 sq.

A ce groupe appartiennent les onciaux suivants : N ou S [01 ; 8 2], Sinaïticus, du ive siècle. Il contient toute la Bible. — B [03 ; 8 1 ], Vaticanus, du rv< siècle. H contient toute la Bible. Pour les épîtres de saint Paul il offre des retouches dans le sens du texte dit occidental et semble parfois moins sûr que N. Toutefois il ne faut pas exagérer l’influence du texte occidental sur ce ms., au point de le regarder comme une recension

du type D. Cf. Lagrange, Critique textuelle, t. ii, p. 466 sq. — A [02 ; 8 4], Alexandrinus, du ve siècle. Il contient toute la Bible. Les corrections ou variantes singulières qu’il offre l’ont fait regarder comme représentant un type de texte alexandrin. En réalité, tout en appartenant pour le fond au groupe B ou H (groupe égyptien), il se rattache, par la tenue littéraire, au type syrien ou antiochien. — C [04 ; 8 3] Codex Ephrœmi rescriptus, palimpseste du Ve siècle. Il contient toute la Bible, mais offre des lacunes : pour l'Épître aux Romains, ii, 5-m, 21 ; ix, 6-x, 15 ; xi, 31-xiii, 10.

Parmi les cursifs signalons surtout 33 [8 48] = 17 parmi les pauliniens. Minuscule du ixe ou du xe siècle. Voir "Westcott-Hort, The New Testament in the original greek, Introduction, § 211.

Parmi les papyrus d’Oxyrhynque, quelques-uns nous ont conservé des fragments de l’epître : P 10 Oxyr., ii, 209] de l’an 316 environ, contient Rom., i. 1-7. Ce n’est pas un fragment de ms. ; les uns y voient un exercice d'écriture, d’autres une amulette. Il est dans la ligne du Vaticanus. Cf. Nestle-Dobschùtz, Einfulirung in das griechische Neue Testament, 1923, p. 144 ; Deissmann, Liehl vom Osten, 4e éd., p. 203 sq.

— P'- 6 Oxgr., xi, 1354], du vie ou du viie siècle, contient Rom., i, 1-16. Texte en assez mauvais état. — P 2 ' [Oxyr., xi, 1355], du IIIe siècle, contient Rom., viii, 12-22, 24-27, 33-39 ; ix, 1-3, 5-9 ; en très mauvais état. Il s’accorde avec le Vaticanus. — P 32 [Hunt, 1911], du vie ou du vii c siècle, contient un fragment de Rom., xii.

— P 40 [Heid’ilberg, 45]. du ve ou du vi 8 siècle, contient Rom., i, 24-27. — Ces papyrus, spécialement P 10 et P 27 témoignent de la haute antiquité du texte représenté par le Vaticanus.

P" ou papyrus Chestei Beatty est un codex des épîtres de Paul datant du commencement du iiie siècle. Il a été récemment publié par F. -G. Kenyon, The Chester Beatty biblical papijri, fasc. 3, Pauline Epistles and Révélation, Londres, 1934.

Il se compose de dix feuilles ne contenant que des fragments de certaines épîtres. Pour l'Épître aux Romains, il contient Rom., v, 17-vi, 3, 5-14 ; viii, 15-25, 27-35 ; ix, 22-32 ; x, 1-11, 12-xi, 2, 3-12, 13-22, 24-33. Une autre partie du manuscrit, trente feuilles, a été publiée par H. A. Sanders, A Third-Century papyrus oj the Epistles of Paul, University of Michigan, 1935, et reproduit par Kenyon dans un supplément au fasc. 3 mentionné ci-dessus, Londres, 1936. Le codex comprend ainsi les cinq sixièmes des épîtres pauliniennes. Cette seconde partie contient Rom., xi, 35 à la tin. L'Épître aux Hébreux, i-ix, 26, y est placée immédiatement après Rom. Le papyrus place la doxologie, xvi, 25-27, entre les ꝟ. 32 et 33 du c. xv.Il détache ainsi le c. xvi, 1-23 comme une entité distincte, mais il marque en même temps l’unité du c. xv avec le reste de l’epître. Il s’accorde le plus souvent avec B puis avec A et X. Il marque une tendance à rondre le texte plus coulant par de légères modifications ou des omissions. Ce texte appartient donc nettement au groupe « égyptien » bien qu’on y rencontre déjà la tendance à rendre le texte plus clair et plus coulant, tendance qui caractérisera plus tard le texte antiochien ou Koiné. Il s’accorde aussi assez souvent avec D, mais il reste étranger à bon nombre de corruptions de DG. Il donne l’impression que ces corruptions sont allées en s’augmentant, du papyrus jusqu'à D. En somme ce ms., contemporain d’Origène, est en faveur de l’antiquité et de la valeur du texte égyptien dont le principal représentant est B. Sanders n’est pas éloigné d’y voir le texte neutre de Westcott-Hort. Voir Lagrange, Critique textuelle, t. II. p. 473 sq. et 652 sq.

Au même groupe appartiennent les versions coptes. 1. Version sahidique, dans le dialecte de la haute Egypte, vraisemblablement du iiie siècle ; édition cri-