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ROIS (LIVRES III ET IV DES). VALEUR HISTORIQUE


leur point de vue particulier. Dans le premier cas. le plus probable et le plus généralement admis, le Chroniqueur, par son recours fréquent aux Livres des Rois montre en quelle estime il tenait leur témoignage ; dans le second, la concordance des récits de pari et d’autre prouve la fidélité des deux auteurs à reproduire leurs sources d’information.

Les livres prophétiques du temps de la royauté, par leurs allusions aux événements relatés aux Livres des Rois, en confirment l’exactitude. Le problème littéraire des rapports entre Isaïc. xxxvi xxxix et IVRcg., xyiii, 13-xx, 19 est très complexe et a reçu différentes solutions ; la plus satisfaisante suppose que le rédacteur de l’histoire de Juda a puisé les éléments de son récit dans une composition d’origine prophétique, biographie d’Isaïe ou vision du prophète Isaie, qui n’a pas nécessairement pour auteur le prophète lui-même, tandis que le texte du recueil prophétique dépendrait fie celui des Livres des Rois. Cf. art. Isaie, t. viii, col. 36-. 38. La présence dans un tel recueil d’un passage important des Livres des Rois ne peut que confirmer l’autorité qu’il tient déjà de son origine probable. Une observation analogue peut être faite au sujet du c. lu du Livre de Jérémie et de IV Rcg., xxiv-xxv, 30. Cf. Condamin, Le Livre de Jérémie, 1920, p. 361-363.

L’auteur du Livre de l’Ecclésiastique, dans son éloge des principaux personnages ayant vécu de la période salomonienne à la captivité, sait où trouver les renseignements autorisés sur les ancêtres glorieux d’Israël ; les nombreux points de contact avec les Livres des Rois révèlent assez clairement la source de ses informations. Eccli., xlvii, 12-xlix, 7.

Notre-Seigneur et les apôtres ont emprunté des citations et fait des allusions assez nombreuses aux Livres des Rois, montrant ainsi l’estime dans laquelle ils les tenaient et l’autorité qu’ils leur reconnaissaient. NotreSeigueur parle de la richesse des vêtements de Salomon et de son incomparable sagesse qui lui avait valu la visite de la reine de Saba, Matth., vi, 29 ; xii, 42, et III Rcg., x, 25 ; x. 1-10 ; à ses compatriotes incrédules, il rappelle ce qui arriva du temps d'Élie et d’Elisée, eux aussi méconnus dans leur propre pays et allant porter ailleurs ics bienfaits de leur puissance miraculeuse. Luc. iv, 25-27, et III Reg., xvii, 1-16 ; IV Reg., v, 1-19. L’histoire des deux prophètes d’Israël fournit également à l’auteur de l'épître aux Hébreux, xi, 35, des exemples de la puissance de la foi pour la résurrection des morts ; l’efficacité de l’intervention d’Elie pour obtenir la sécheresse ou la pluie est rappelée dans l'épître de saint Jacques, v, 17. Dans son discours, le diacre Etienne évoque le souvenir de David voulant construire une demeure à Jahvé. Act., vii, 16-48, et III Reg., vi, 1-38.

Documents extrabibliques.

La valeur historique des Livres desRois se trouve enfin confirmée par

toute une série de documents étrangers à la Bible que les découvertes archéologiques en Assyrie, en Egypte, en Palestine même présentent avec une particulière abondance pour vérifier, préciser, compléter l’histoire des royaumes d’Israël et de Juda.

1. Égyptiens.

Les pharaons avaient été depuis de Inn^s siècles et à maintes reprises les maîtres de Canaan, tantôt d’une manière effective, tantôt d’une manière purement nominale. (Cf. les Ici tics d’El-Amarna.) Avec Salomon les rapports d'État à État commencent réellement ; le roi d’Israël eut avec l’Egypte non seulement des relations commerciales comme il en avait avec Tyr, mais aussi des relations politiques ; il devint l’allié d’un pharaon, probablement Siamon (970 950), dont il épousa la tille et dont il recul en cadeau de noces, la ville de Gézer, un des derniers refuges cananéens. III Reg., III, 1-ix. 16. Contre la réalité historique d’un tel mariage on ; l objecté qu les

rois d’Egypte ne donnaient pas leurs filles en mariage à des princes étrangers ; la preuve, c’est le refus d’Amenophis III (1111-1380) à Kadashman-Harbé, roi de Babylone, de lui accorder la mai i de sa fille. Cf. Knudzton, Die El-Amarna Tcifeln, n. 4, p. 73. Sans doute ; mais depuis ce refus plus de quatre siècles s'étaient écoulés et entre temps la situation politique de l’Egypte s'étail profondément modifiée, aussi l’alliance avec le souverain d’un État dont la puissance allait grandissant depuis David n'était pas alors à dédaigner. Inutile donc de supposer que la reine d’Israël aurait été choisie parmi les filles d’une des femmes de premier rang du pharaon et non de la première de ses épouses ; le faste de la réception de la nouvelle reine suppose la très liante noblesse de son origine. Cf. Dcsnoyers, Histoire du peupl" hébreu, t. iii, p. 58, n. 1.

Les visées de l’Egypte sur la Palestine n’attendirent mêm pas la mort de Salomon pour se manifester à nouveau. Un Éphraïmite du nom de Jéroboam s’apprêtait, sur l’instigation du prophète Ahias de Silo, à affranchir les tribus d’Israël du joug de Salomon qui pesait lourdement sur elles, lorsque, son intrigue découverte, il alla chercher un refuge en Egypte. Le roi l’accueillit comme il avait fait précédemment pour Adad, l'Édomite. III Reg., xi, 17, 40. A la mort de Salomon, le transfuge reparut pour fomenter la révolte contre Roboam, fils et successeur de Salomon. Le résultat en fut la séparation des tribus en deux royaumes ; Jéroboam devint roi d’Israël avec Samaric pour capitale. III Reg., xii. En cet événement si désastreux pour Israël apparaît nettement la main de l’Egypte, s’assurant ainsi par la division des Hébreux une domination plus facile. Bientôt, en effet, dès la cinquième année du règne de Roboam, Sésac envahit la Palestine, pille Jérusalem et emporte les trésors de Salomon. III Reg., xiv, 25-26. De retour dans ses États, il fit graver sur l’une des murailles de Karnak le nom des villes qu’il avait conquises ; on y voit celui de plusieurs cités de Juda, Aduram, Gabaon, Aïala et aussi d’obscures bourgades, mantionnées dans le but d’allonger la liste des trophées ; y figurent également le nom de plusieurs villes d’Israël, Ta’annak.Bethoron, Magaddo, que Roboam avait sans doute prises au roi il' Israël, auquel le roi d’Egypte les avait rendues. Cf. Champollion, Monuments de l’Egypte, 1835, pi. 281-285 ; Lepsius, Denkmâler, pl. 252-253 ; art. Sésac, dans Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 1(>80-168 1.

Plusieurs pharaons dans la suite, surtout dans leurs luttes contre les Assyriens, entreront en contact avec les habitants des royaumes d’Israël ou de Juda, tantôt pour les molester, tantôt pour s’en faire des alliés, selon les nécessités du moment ; les noms de certains d’entre eux sont cités dans les Livres des Rois, ceux de Sua (Sabaka), IV Reg., xvii, I. de Tharaca (Taharqa), IV Reg., xix, 9. de Néchao (Nécho II), IV Reg., xxiii, 29 ; niais jusqu'à présent ni les monuments ni les textes égyptiens n’ont apporté quelque complément d’information à ce sujet. L’existence d’une colonie juive, dans l'île d'Éléphantine à la frontière méridionale de l’Egypte, dont l'établissement remonte peutêtre a la seconde moitié du VIIe siècle, intéresse surtout la période d’Esdras et de Néhémie, mais n’est probablement pas sans rapport avec les déportations comme telles qui eurent lieu sous Néchao II, IV Reg., xxiii, 3 1, ou les exodes qui suivirent la ruine de Jérusalem et le meurtre de Godolias. IV Reg., xxv, 25.

2. Assyro-Babyloniens.

Plus abondants et plus précis les documents assyro-babyloniens confirment et complètent a maintes reprises les données des deux derniers Livres des Pois.

Des trois royaumes qui, au ixe siècle, se partageaient la côte méditerranéenne. Syrie, Israël, Juda, le premier était en train d’opérer à son profil cette concentration