Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/698

Cette page n’a pas encore été corrigée
2809
2810
ROIS (LIVRES III ET IV DES). BUT


A la mort d’Ochozias, Athalie, fille d’Achab, croyant avoir fait périr tous les membres de la famille royale, s’est emparée du pouvoir qu’elle garde six années. Mais Joas, échappé au massacre et secrètement élevé dans le temple, est proclamé roi à la faveur d’un soulèvement et Athalie massacrée. G. xi. Sous le nouveau règne, le premier de ceux de Juda qui ne soit point relaté d’une façon sommaire. eut lieu la restauration du temple et le rachat, au prix de l’or qui se trouvait dans la maison de Jahvé, de la paix avec Hazaël qui menaçait Jérusalem. C. xii

Une invasion syrienne menace gravement le pays sous le règne de Joachaz, roi d’Israël ; son successeur, Joas, parvient à secouer le joug syrien en reprenant à Benhadad, le fils de Hazaël, les villes perdues, selon la promesse que lui en avait faite le prophète Elisée peu de temps avant sa mort. C. xiii. En lutte également avec Amasias, le roi de Juda, il parvint à pénétrer dans Jérusalem, dont il emporta les trésors, aussi bien ceux du temple que ceux de la maison du roi. Amasias périt assassiné, son fils Azarias lui succéda. C. xiv, 1-22.

Le règne glorieux de Jéroboam II en Israël, dont il rétablit les anciennes limites, est brièvement raconté. C. xiv, 23-29. Après une courte mention du règne d’Azarias en Juda, xv, 1-7, vient la série des derniers rois d’Israël, Zacharie, Sellum, Manahem, Phacée, sous lesquels la ruine du royaume, déchiré par des luttes intestines, se précipite pour s’achever sous les coups des Assyriens. Téglatphalasar s’empare d’une partie du territoire, xv, 8-38, puis, appelé par Achaz, roi de Juda, contre Israël et la Syrie, prend la ville de Damas. C’est là que le roi de Juda, venu à la rencontre du roi d’Assyrie, fait construire un autel semblable à celui qu’il avait vu dans la capitale syrienne et, de retour à Jérusalem, y offre des sacrifices. Le successeur de Téglatphalasar, Salmanasar, après avoir assujetti Osée, le dernier roi d’Israël, et lui avoir imposé le tribut, s’empare de sa capitale, Samarie, et emmène son peuple captif en Assyrie. C. xv, 39-xvii, 6. C’est la fin du royaume d’Israël, dont les trop nombreuses infidélités à Jahvé ont causé le juste châtiment. C. x vii, 7-23. A la place des déportés s’en vinrent des colons assyriens qui, tout en gardant le culte de leurs divinités, honoraient aussi Jahvé, dont un prêtre captif était venu leur apprendre la loi. C. xvii, 24-41.

3° Troisième partie : Histoire du royaume de Juda (IV Reg., xviii, 1-xxv, 30). — Le règne d'Ézéchias, restaurateur de la religion de Jahvé, est longuement raconté, du moins en trois de ses épisodes les plus importants : l’expédition de Sennachérib contre Juda, marquée par l’intervention du prophète Isaïe et la destruction de l’armée assyrienne sous les murs de Jérusalem ; la maladie d'Ézéchias et sa guérison ; l’ambassade de Mérodach-Baladan, occasion pour Isaïe de l’annonce de la captivité de Babylone. C. xviii-xx. De ces mêmes événements le livre d’Isaïe nous fournit un récit parallèle, avec de nombreuses variantes. Is., xxxvi-xxxix.

Avec Manassé, au long règne de cinquante-cinq ans, et Amon, son successeur, les cultes idolâtriques retrouvent faveur et préparent le châtiment. C. xxi. Le pieux roi Josias en retarde l'échéance par la réforme religieuse qu’il entreprend à la suite de la découverte du Livre de la Loi dans le Temple. C. xxii-xxiii, 27. A la mort tragique de Josias, Joachaz, son fils, lui succède pour peu de temps ; après trois mois de règne, en effet, il est emmené captif en Egypte. C. xxiii, 28-35. Durant les règnes des rois impies Joakim et Joachin, la puissance babylonienne pèse de plus en plus lourdement sur Juda ; Sédécias, son dernier roi, se révolte contre Nabuchodonosor, à qui pourtant il devait son trône. Jérusalem, après un long siège, est prise et détruite, le temple incendié et de nombreux Juifs em.ne nés captifs en Babylonie. C. xxiii, 36-xxv, 21. Le livre se termine par la relation de deux faits survenus, l’un aussitôt après la ruine de Juda : le meurtre du gouverneur Godolias, préposé au pays par le vainqueur ; l’autre longtemps après : la libération du roi Joachin. C. xxv, 22-30. Le c. lu du livre de Jérémie présente, bien qu’avec de nombreuses divergences, un texte parallèle à celui du dernier chapitre du Livre des Rois.

III. But.

De cette analyse se dégage, entre autres traits caractéristiques et en tout premier lieu, le but didactique et religieux du livre. La relation des événements, encadrée dans des formules stéréotypées au commencement et à la fin des différents règnes en Juda et en Israël, est tout entière ordonnée vers ce but primordial : montrer dans la fidélité à Jahvé et plus particulièrement à la loi de L’unité du sanctuaire la condition non seulement de la prospérité et du bonheur d’Israël, mais encore de son existence même. Si les préoccupations didactiques et religieuses ne sont absentes d’aucun des livres de la Bible, nulle part n’apparaît plus nettement le souci de dégager la leçon des événements ; ni les deux premiers Livres des Rois, ni même le Livre des Juges, oùpourtant ce souci s’allinne dans l’exposé de principes placé en tête du corps de l’ouvrage et dans les formules de la fin de chaque judicature, n’ont à ce degré fait œuvre de moraliste. C’est ce but jamais perdu de vue qui rend compte du choix des matériaux, de l’ampleur ou de la brièveté des informations retenues pour les différents règnes, de la nature du jugement porté sur les personnes et sur les événements, du choix même de certaines formules.

L’historien de quatre siècles de l’histoire d’Israël, fertiles en événements de la plushaute importance pour la vie politique et nationale, ne pouvait évidemment passer entièrement sous silence certains faits d’ordre politique qui expliquent d’ailleurs bien souvent l’attitude religieuse des rois, mais il s’en tient à ce qui est indispensable à son but, omettant bien des épisodes que le rédacteur des Paralipomènes, aux préoccupations non moins didactiques, mentionne pourtant, passant rapidement sur d’autres sur lesquels ce même rédacteur s’attarde plus longuement ; il insistera au contraire sur certains détails, certaines périodes qui vont plus directement à son but. C’est ainsi que les éléments d’information retenus sont parfois très nombreux, bien que jamais complets, tandis que par ailleurs ils sont très réduits. Sans doute tous les rois d’Israël et de Juda, quelle que soit la durée de leur règne, sont cités et jugés, mais l’histoire de six d’entre eux seulement est l’objet de plus amples développements, parce qu’elle est d’une importance plus grande au point de vue religieux ; tel est le cas du règne de Salomon, III Reg., ixi, constructeur du temple ; celui d'Ézéchias et de Josias, promoteurs de réformes religieuses, IV Reg., xviii-xx et xxii-xxiii, de Jéroboam I er, d’Achab et de Joram, fauteurs de pratiques ou même de cultes idolâtriques, III Reg., xii, 25-xiv, 20 ; xvi, 29-xxii, 40 ; IV Reg., iii, 1-ix, 20.

Dans le même sens, on peut constater la place relativement considérable donnée aux récits concernant les prophètes, au temps surtout de la lutte décisive entre le Dieu d’Israël et les dieux phéniciens, et le relief donné aux portraits de prophètes comme Élie et Elisée.

Chaque roi est jugé d’après son attitude vis-à-vis de la Loi et tout spécialement de la loi deutéronomique de l’unité du sanctuaire ; selon qu’il aura combattu ou favorisé le culte des hauts-lieux il sera loué ou blâmé. Les principes, en elïet, dont l’auteur du livre voudrait pouvoir constater la stricte application dans le gouvernement du peuple sont ceux que voulait déjà faire prévaloir le Deutéronome, lorsqu’il demandait aux Hébreux de servir de tout leur cœur le seul vrai Dieu,