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    1. ROIS (LIVRES I ET II DES)##


ROIS (LIVRES I ET II DES). ANALYSE

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les Livres des Rois ou les quatre Livres des Rois a prévalu dans l'Église catholique. Saint Jérôme l’employait déjà. Ibid.

Malgré ce groupement sous un même titre, les quatre Livres des Rois forment en réalité deux ouvrages historiques bien distincts, dont l'étude respective montrera les caractères nettement différents. Ceux-ci apparaissent non seulement dans le style et le vocabulaire, mais encore dans la manière de comprendre l’histoire ; c’est ainsi que le souci des données chronologiques et le renvoi aux sources d’information sont aussi fréquents dans les deux derniers livres qu’ils le sont peu dans les deux premiers ; c’est ainsi encore que l’historien des rois de Juda et d’Israël est sans cesse préoccupé de l’observation de la Loi et que son jugement sur les différents rois est commandé par leur fidélité plus ou moins grande à cette Loi et surtout par leur attitude à l'égard des hauts-lieux, tandis que de telles préoccupations sont absentes des deux premiers livres. Et' cependant l’auteur des deux derniers semble bien, par la façon dont il commence son récit, vouloir se rattacher à l’ouvrage précédent, à tel point que plus d’un témoin de la version grecque attribue le début du IIIe livre jusqu’au f. Il du c. n au IIe livre, pour ne commencer le III qu’au c. ii, ꝟ. 12. Deux parties donc dans cet article : 1° Les deux premiers Livres des Rois ou les Livres de Samuel et 2° Les troisième et quatrième Livres des Rois.

I. LES DEUX PREMIERS LIVRES DES ROIS OU

les livres de samuel. — I. Titre. II. Contenu (col. 277(5). III. Origine (col. 2780). IV. Valeur historique (col. 2788). V. Doctrines (col. 2791). VI. Texte (col. 2803).

I. Titre.

Originairement les deux premiers Livres des Rois, qui en réalité n’an forment qu’un seul ainsi que l’attestent leur histoire et leur composition, portaient un titre affirmant cette unité. Origène dira à leur sujet : Bacn.Xsiwv 7TpcÔT/), Ssûxepa, Ttap' a’jTOÏç sv, 2a[i.ou7]X ô 0soxXy)toç. Eusèbe, Hist. eccl., t. VI, c. xxv, P. G., t. xx, col. 581. Même affirmation de saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 35, P. G., t. xxxiii, col. 500. D’après un manuscrit grec, une note, à la fin du premier Livre de Samuel, fait observer qu’Aquila ne divise pas le livre en deux parties, mais, à la manière des Hébreux, fait des deux un seul. Cf. Field, Origenis Hexaplurum…, part. I, p. 513. Saint Jérôme, dans le Prologus galeaius, désigne le troisième livre du groupe des Prophètes selon la division de la Rible hébraïque du nom de Samuel, que nous appelons, ajoute-t-il, premier et deuxième des Rois. P. L., t. xxviir, col. 553. Dans son éuumération des livres sacrés, le Talmud mentionne, après les Juges et avant les Rois, Samuel, considérant chacun d’eux comme un seul ouvrage, Baba Jlnllirn, 1 1 a. Dans les éditions de l’hébreu massorétique enfin, la somme des versets des Livres de Samuel n’est donnée qu'à la fin du second et le verset du milieu du livre est placé au ꝟ. 2 1 du c. xxviii du premier livre.

La division en deux livres n’en est pas moins fort ancienne, elle remonte aux traducteurs grecs ou à des copistes de la version grecque. C'était un usage, nous le savons par les auteurs classiques, d'écrire sur des rouleaux de dimensions déterminées les œuvres grecques ou latines ; c’est pour se conformer à cet usage que certains livres de la Rible d'étendue assez considérable furent divisés en deux pour leur transcription ; ainsi en ful-il pour les livres de Samuel, des Rois et des Paralipomènes. Cette division passa des bibles grecques dans les bibles latines et finalement dans 1rs bibles hébraïques elles mêmes, ou elle apparaît pour la première lois eu 1 I IX dans un manuscrit ; la Rible de Rombcrg, imprimée a Venise en 1517-1518, emprunta à la Yulgale sa division en deux livres, qui depuis lois fut conservée dans toutes les éditions du lexte masso

rétique. Cf. Ginsburg, Introduction to the massoreticocritical édition o/ the hebreiv Bible, 1875, p. 580 sq. La division a été faite de façon heureuse, le récit de la mort de Saiil marquant bien la fin du premier livre.

Quant aux noms eux-mêmes de Livres de Samuel ou de deux premiers Livres des Rois, il est certain que le titre adopté par les Septante et la Vulgate répond mieux au contenu d’un ouvrage où il est question successivement de Saùl et de David. Celui qu’avaient adopté les Juifs peut toutefois se justifier, « Samuel étant au premier plan dans toute la partie initiale de l’ouvrage et ayant exercé une influence prépondérante sur les événements du règne de Saiil et sur les débuts de la carrière de David. Il semble improbable que le judaïsme ait voulu, à l’origine de cette dénomination, attribuer à Samuel la composition du livre auquel on donnait son nom : le fait que sa mort est rapportée déjà dans I Sain., xxv, 1, paraît s’y opposer d’une façon définitive. Toutefois cette considération n’a pas empêché le rabbinisme postérieur de passer outre et de proclamer Samuel l’auteur d’un ouvrage dont la moitié pour le moins relate des événements survenus après sa mort. » L. Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, 2e édit., 1914, t. i, p. 253-254.

II. Contenu.

Sujet.

Les Livres de Samuel

font partie de cet ensemble de l’histoire d’Israël qui commence avec la conquête de Canaan et se termine avec l’exil. Suite du Livre des Juges, auquel ils se rattachent par la menace du danger philistin commencée sous Samson et continuée sous Héli, ils embrassent une période de temps sensiblement moins étendue puisqu’elle va seulement de la naissance de Samuel à la fin du règne de David, ne dépassant pas un siècle par conséquent. Les événements de cette période, l’une des plus importantesde l’histoire d’Israël en raison de l’institution du gouvernement monarchique, se groupent tout naturellement autour des trois personnages de premier plan du livre, Samuel, Saiil et David ; d’où l’on peut diviser les Livres de Samuel en trois parties : 1° Histoire de Samuel. 2° Règne de Saiil. 3° Règne de David.

Analyse.

1. Histoire de Samuel (I Reg., i-xii).

— Dans une introduction comprenant les sept premiers chapitres, nous apprenons la naissance de Samuel, sa consécration au service de Jahvédans le sanctuaire de Silo, dont le grand prêtre Héli avait la charge, et sa vocation. A cause des nombreuses prévarications des fils de ce dernier dans le service des sacrifices, le jeune Samuel, sur l’ordre de Jahvé, prédit la mort des prévaricateurs. C. i-m. Une guerre avec les Philistins, dont l’issue est malheureuse pour Israël, en est l’occasion ; Ophni et Phinéès, les deux fils d’Héli, périssent dans le combat, tandis que l’arche de l’alliance de Jahvé, transportée au milieu du camp des Hébreux, tombe aux mains des Philistins et que le grand prêtre lui-même à la nouvelle du désastre succombe. C. iv. (..pendant la main de Jahvé s’est appesantie sur les Philistins à cause de l’arche, aussi la renvoient-ils en Israël à Carialliiarim, c. v-vi, et Samuel, devenu juge en Israël, vengera son peuple d’une domination qui pesait sur lui depuis les jours déjà lointains de Samson. C. vu.

Les chapitres suivants, viii-xii, décrivent les circonstances préparatoires à l'établissement de la monarchie. Samuel devenu vieux établit ses fils comme juges à Bersabée ; ils ne suivirent pas malheureusement les traces de leur père, aussi les anciens du peuple inrent-ils lui demander de leur donner un roi pour les juger. Pareille démarche n'était pas faite pour plaire à Samuel qui essaya, mais eu vain, de les faire renoncer à leur dessein en leur montrant tous les inconvénients qui ne manquerait pas d’en résulter. Sur l’ordre de Dieu, le prophète accède à leur désir, c. viii, et, recon-