Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/643

Cette page n’a pas encore été corrigée
2699
2700
RICHER (EDMOND]


meut. D’abord partisan de la Ligue, il devint le défenseur des droits d’Henri IV et zélé gallican. En 1595, il était recteur du Collège du cardinal Lemoine, où il rétablit l’ordre c la discipline. Censeur de Sorbonne, il fut nommé syndic le 2 janvier 1602 ; à ce titre, il défendit les libertés de l'Église gallicane et les droits de l’université contre les empiétements des ordres religieux et particulièrement des jésuites. Les thèses gallicanes de Richer furent condamnées sous l’influence du cardinal du Perron : le syndic dut donner sa démission, en 11.12. Richer travailla très activement à sa défense et refusa de se rétracter, malgré les attaques d’André Duval. L’intervention du cardinal Richelieu l’amena à signer, le 7 décembre 1029, un acte qui ressemble à une rétractation. Richer mourut le 29 novembre 1631.

Les ouvrages de Richer abordent des sujets très divers ; on ne citera ici que les écrits qui se rapportent plus ou moins directement à la théologie. Parmi les écrits plutôt littéraires, il faut citer les Nolæ ad Tcrlulliani librum De pallio, Paris, 1600 et 1635, in-8°, avec une traduction et des notes de Marsile Ficin, et le De oplinw Academiæ statu, Paris, 1603, in-8°, dédié à Achille de Harlay et dirigé contre Georges Critton, professeur au Collège royal ; celui-ci, désigné sous le pseudonyme de Palémon, répliqua par le Paranomus auquel Richer répondit par son Apologia pro scnatus-consulto advenus scholæ Lexoveæ Paranonmm ad senatum auguslissimum, Paris, 1603, in-8°. Dans tous ces écrits, il était question des règlements de l’université, alors que Richer était censeur.

Richer édita les Œuvres de Gerson, dans lesquelles il manifeste ses opinions personnelles touchant les droits de l'Église gallicane : Joannis Gersonii, doct. et canon. Paris., opéra mullo quam anlea auctiora et casti (/adora in parles quatuor dislributa. Accessit vita Gersonii ex cjus operibus fideliler collecta, emn indice rcriun et oerborum et aliquol opusculis Pétri de Alliaco cardinalis, Jacobi Almaini et Joannis Majoris, docloruin Parisiensium, super Ecclesiæ et concilii auctoritale, pro Gersonii et placitorum scholæ Parisiensis propugnatione, Paris, 1606, in-fol. Le but poursuivi par Richer était de défendre les thèses de Gerson contre les interprétations que venait d’en donner Bellarmin et de montrer que la doctrine de Gerson était la doctrine même de l'école de Paris. Afin de répondre d’une manière plus complète à Bellarmin, Richer composa dès cette époque un écrit qui ne fut publié qu’en 1676 : Apologia pro Joanne Gersonio, pro suprema Ecclesiie et concilii generalis auctoritale et independentia regiæ potestatis ab alio quam a solo Deo. Adversus scholæ Parisiensis et ejusdem Doctoris christianissinii obtreclatores, Leyde, 1676, in-4°. L’ouvrage fut imprimé en Italie dès 1607, mais d’une manière très incorrecte, aussi Richer se proposa de le faire imprimer lui-même ; niais la publication du livre de Rellarmin, en 1611, contre Barclay, engagea Richer a reprendre son travail et les polémiques soulevées par un écrit de Richer, qui n'était qu’un fragment del’Apologie de Gerson, engagèrent Richer à retarder la publication de son travail. Celui-ci ne fut publié qu’en 1676 avec une réimpression de la Vie de Gerson. Il en fut de même de l'écrit intitulé : Analysis tractatus Gersonii de vita spiriluali anima.

L’Apologie de Gerson, contient les principes essentiels que Richer a développés dans le célèbre livre intitulé De ecclesiaslica et politica potestate libellus, Paris, 16Il et Francfort, 1613 et 1621, in-4° el in 12 ; il y eut diverses éditions ; i Cologne, puis à Amsterdam. Ce petit écrit a provoqué de lies violentes discussions au sein de la Sorbonne et dans l'Église de France et causa de nombreux déboires ; i son auteur qui se vil enlever les fonctions de syndic. L’ouvrage de Richer fut aussitôt attaqué par de nombreux écrits : La monarchie de i tiglise, contre les erreurs d’un certain livre intitulé De

la puissance ecclésiastique et politique, Lyon, 1612, in-12, par Pierre Pelletier, nouveau converti, ami et commensal du cardinal du Perron ; Deux avis, l’un sur le. livre de M. Edmond Richer, docteur en théologie de la faculté de Paris, intitulé « De la puissance ecclésiastique et politique » ; l’autresurun livre dont l’auteur ne se nomme point, qui est intitulé « Commentaire de l’autorité de quelque concile que ce soit sur le pape : de. la réponse synodale donnée à Bâle », par Théophraste Pouju, sieur de Beaulieu, conseiller et aumônier ordinaire du roi, Paris, 1613, in-4° ; Libelli de ecclesiaslica et politica potestate elenchus, pro suprema romani Ponlificis in Ecclesiam auctoritale par André Duval, Paris, 1612, in-8° ; c’est la meilleure critique ; Lettre envoyée à M. Edmond Richer, docteur de la f acuité de théologie de Paris, et naguère syndic d’icelle, par un sien ami, qui charitablement lui montre les erreurs de son livre « De ecclesiaslica et politica potestate » el le convie de les effacer, non lantum alramento, sed eliam lachrymis, comme il a promis à MM. de la Cour du Parlement, le mercredi, premier jour de fécrier 1612, el à la faculté, tant à l’assemblée tenue au collège de Sorbonne, le premier jour de juin suicanl qu’en plusieurs autres congrégations de ladite faculté, Paris, 1614, in-12, par Joachim Forgemont, docteur de Sorbonne ; Nolæ sligmalicæ ad magistrum triginta paginarum, Paris, 1614, in-12, de Jacques Sirmond : Advis d’un docteur de Paris, sur un livre intitulé « De la puissance ecclésiastique et politique », par le docteur Claude Durand, Paris, 1622, in-12. Richer fut également blâmé parla Sorbonne, le 3 février 1612 et défendu par le Parlement ; la Cour, à la demande du nonce Ubaldini et sur le rapport du cardinal du Perron, autorisa la censure du livre de Richer, qui fut condamné par l’assemblée des évoques de la province de Sens, le 19 mars 1612 et par l’assemblée provinciale d’Aix, le 24 mai 1612. L’Index condamna l'écrit par un arrêt du 10 mai 1613. Richer fit appel comme d’abus au Parlement de la censure de Sens, avril 1613, mais cet appel fut rejeté ; d’autre part, Richer refusa de se démettre de la charge de syndic de la faculté et il fut déposé, en septembre 1612 ; il publia un écrit intitulé Demonslralio libelli de ecclesiaslica et politica potestate, Parisiis primum édita anno Util, in quo prædiclus libellus rejertur inleger, majus culislitteris excuditur et demonslratur, Paris, 1622, in-12 et Amsterdam, 1683, in-4° ; cet ouvrage est surtout dirigé contre l'écrit de Duval, intitulé Elenchus. Richer rétracta son livre d’une manière assez équivoque, le 30 juin 1622. et une seconde fois, le 7 décembre 1629 ; l’abbé Puyol conclut que cette rétractation ne fut point sincère, car Richer conserva les manuscrits, dans lesquels il avait exprimé l’expression de ses sentiments intimes.

Pour éviter de nouvelles polémiques et de nouvelles condamnations, Richer ne publia plus aucun écrit sur cette question, si on excepte les Décréta sacræ facullalis iheologiæ Parisiensis, de potestate ecclesiaslica et prinialu romani Ponlificis contra seciarios hujus sœculi, Paris. 1611, in-4° ; mais il composa divers écrits qui furent publiés après sa mort par des amis impénitents ou des gallicans zélés. Ce sont : Edmundi Richerii docloris theologici Parisiensis libellus de. ecclesiaslica et politica potestate. Necnon ejusdem libelli per eumdem Richcrium demonslralio, in-12, Paris, 1660 ; Vindiciæ doclrinæ majorum scholæ Parisiensis seu constans el perpétua scholæ Parisiensis doctrina de auctoritale el infallibililate Eeclesiæ in rebus fidei et morum, contra defensores monarchiæ universalis et absolulæ Curiæ romaine, Cologne, 1683, in-12 : cet écrit en quatre livres contient les décrets de la faculté de théologie de Paris I ouchant la hiérarchie et la puissance de Rome (1. I) et les trois autres livres contiennent de nombreux documents empruntés à divers auteurs et une apologie de Richer contre ses calomniateurs ; Edmundi Richer ii… defensio libelli de ecclesiaslica et politica potestate in