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RICHELIEU TUCIIER EDMOND’2698

docteur de Sorbonne, Paris, 1623, in-8°. Cet ouvrage dédié au roi, répondait à l’écrit des quatre ministres, intitulé : La défense de la confession des Églises réformées de France, en réponse à un sermon prononcé devant le roi par le P. Amoux. Le pasteur David Rlondel répondit à l’écrit de Richelieu, dans la Modeste déclaration de la sincérité et vérité des Églises réformées de France contre les invectives de l’évêque de Luçon et autres docteurs catholiques romains, Sedan, 1619, in-8°.

Comme exposé doctrinal, Richelieu a écrit l’Instruction du chrétien, Paris, 1618, 1621, 1626, 1642, in-8° ; traduit en basque, 1626 ; en latin, 1626 ; en arabe, 1640. C’est un abrégé de la doctrine chrétienne, composé pour le peuple et destiné à être lu chaque dimanche, au prône des messes, pour servir de texte aux instructions des curés ; des conseils pratiques, très sages, accompagnent chaque instruction. Cet écrit eut plus de trente éditions françaises et un grand nombre d’évêques l’adoptèrent pour leur diocèse ; il fut traduit dans presque toutes les langues de l’Europe. On l’appelait le Catéchisme de Luçon. Le Traité de la perfection du chrétien, commencé en 1636 et terminé en 1630, laissé en manuscrit par Richelieu, est une suite de V Instruction du chrétien ; il fut publié en 1646, Paris, in-4°, et traduit en latin en 1651 ; il a été reproduit par Migne, Dictionnaire d’ascélisme, t. ii, p. 1017-1190. C’est un manuel de piété qui indique les divers degrés par lesquels l’âme, après s’être détachée des passions, dans la voie purgative, arrive à l’union parfaite avec Dieu. Parmi les moyens d’atteindre la perfection, Richelieu, dans Y Avant-propos, indique « le fréquent usage des sacrements de pénitence et d’eucharistie » et ainsi il se sépare complètement des thèses jansénistes d’Arnauld. Il revient sur ce même sujet dans le cours de l’ouvrage, c. ix-xxii ; au c. xliii, il conseille « l’action à tous les chrétiens, qui en sont capables, et la contemplation seulement à ceux qui y sont particulièrement appelés ». Dans la correspondance de Richelieu, on trouve des lettres de direction et des lettres de consolation, qui montrent le ministre sous un jour peu connu et complètent le Traité de la perfection du chrétien.

Enfin Richelieu avait composé un Traité qui contient la méthode la plus facile et la plus assurée pour convertir ceux qui se sont séparés de l’Église, Paris, 1651, in-fol., et Paris, 1657, in-4°. Certains ont attribué cet écrit à l’abbé de Rourzéis. Il faut ajouter les inédits qui se trouvent à la Bibliothèque nationale, ms. fr. 22 960 (extraits, pour la plupart théologiques, faits par Le Masle, secrétaire de Richelieu) et n. 25 666 (sermons).

Dreux du Ravier, Dictionnaire historique et critique du Poitou, t. m (1754), p. 355-412 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. viii, 1759. p. 405-407, art. Plessis ; Sainte-Beuve, Port-Royal, t. i, p. 306-335 ; Mgr Perraud, Le cardinal de Richelieu, évéque, théologien et protecteur des lettres, in-8°, Paris, 1882 ; G. Hanotaux, Histoire du cardinal de Richelieu, 1. 1, La jeunesse de Richelieu, Paris, 1893 ;  !.. Dussieux, Le cardinal de Richelieu, étude biographique, Paris, 1886, in-8° ; Gustave Fagniez, Le P. Joseph et Richelieu, t. ii, Paris, 1894, in-8°, p. 1-79 ; Lacroix, Richelieu à Luçon, sa jeunesse et son épiscopat, Paris, 181)0, in-12, p. 258-288 ; L. Valentin, Cardinalis Richelius.seriptorecclesiusticus, Toulouse, 1900, in-X° ; Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. iv, 1906, p. 25-51 ; dom Paul Denis, Le cardinal de Richelieu et la réforme des monastères bénédictins, Paris, 1913, in-8° ; Mgr Grente, Rayons de France, Paris, 1935, in-12, p. 138-160 : Richelieu, homme d’Église.

J. Carreyre.

    1. RICHEOME Louis##


RICHEOME Louis, né à Digne en 1544, entra dans la Compagnie de Jésus en 1565, à l’époque où Maldonat était à la fois maître des novices et professeur au collège de Clermont. Muni de la formation d’un tel maître, il fut pendant cinq ans préfet des études littéraires et supérieur du pensionnat à l’université de Pont-à-Mousson. En 1581, il devint recteur du collège

des Godrans, qui s’ouvrait à Dijon. Dès lors il ne cessa de remplir les plus hautes charges de son ordre, alors très actif en France malgré la persécution. Tour à tour recteur, provincial et assistant, il fut très mêlé à la vie religieuse de son temps. Il eut l’idée de porter la cause de la Compagnie devant le roi Henri IV lui-même, par ses préfaces, ses dédicaces ou ses livres, et gagna son procès. Le parlement de Paris eut beau condamner et saisir deux de ses imprimés, la seconde fois, le roi leva l’interdit. Les jésuites lui sont donc redevables, autant qu’au P. Coton, de la bienveillance royale qui, dès 1603, leur permit de travailler avec un succès croissant. D’une activité prodigieuse, Richeôme trouva, malgré ses emplois, le temps de prêcher et d’écrire une quantité d’ouvrages abondants : une vingtaine de livres et autant de libelles. Il occupa ses dernières années à mettre au jour ses écrits spirituels et à préparer l’édition complète de ses œuvres principales, qui ne parut d’ailleurs qu’en 1628. Il mourut à Bordeaux en 1625.

Son œuvre est en partie apologétique et polémique contre les protestants, ainsi : Trois discours pour la religion catholique, les miracles, les saints, les images, Rordeaux, 1597, in-12 ; La sainte messe déclarée et défendue, Bordeaux, 1600, in-8° ; Défense des pèlerinages, Paris, 1604, in-8° ; L’idolâtrie huguenote, Lyon, 1608, in-8° ; Le Panthéon huguenot, Paris, 1609, in-8° ; L’immortalité de l’âme déclarée…. Paris, 1621, in-8° ; et en partie ascétique : L’adieu de l’âme dévole…. Tournon, 1 590, in-8° ; Tableaux sacrés des figures mystiques, Paris, 1601, in-8° ; La sacrée Vierge au pied de la croix, Arras, 1603, in-12 ; Le pèlerin de Lorelte, Bordeaux, 1604, in-8° ; La peinture spirituelle ou l’art d’aimer Dieu, Lyon, 1611, in-8° ; L’Académie d’honneur dressée par le Fils de Dieu, Lyon, 1614, in-8° ; Le jugement général, Paris, 1620, in-8° ; La guerre spirituelle, dans les Œuvres, t. ii, p. 835-1024. Certains de ces travaux connurent une dizaine d’éditions françaises et furent traduits en latin, en flamand, en italien et en anglais. Les principaux se trouvent réunis dans les Œuvres de Richeôme, éditées chez Cramoisy, Paris, 1628, 2 vol. in-fol.

Apologiste solide et documenté, polémiste alerte, prompt à la riposte, parfois mordant et truculent jusqu’à la trivialité, le plus souvent spirituel et courtois plus qu’on ne l’était généralement à cette époque, Richeôme fut pour les protestants, et en particulier pour Pasquier et pour Duplessis-Mornay, un sérieux adversaire dont ils reconnaissaient la valeur. Auteur spirituel, il enseigne et dirige comme en se jouant, et sa spiritualité, humaine, optimiste, abandonnée, annonce saint François de Sales. Il fut très lu et très goûté. « Son influence, écrit H.Bremond, qui lui consacre cinquante pages de son Histoire du sentiment religieux, est d’autant plus significative qu’elle représente plus exactement une des maîtresses forces du catholicisme à cette époque » (t. i, p. 63). On pourrait tirer de son œuvre un excellent volume de morceaux choisis qui donneraient l’idée de sa science très sûre, de sa piété ingénieuse, confiante et enthousiaste, et aussi de cette éloquence qui lui valut chez les siens le titre un peu flatteur de Cicéron français.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VI, col. 18151831 ; J.-.M. Prat, Recherches historiques et critiques sur la Compagnie de Jésus en France du tem/}s du 1’. Colon, 5 vol., passim ; H. Fouqueray, Histoire de la Compagnie de Jésus en France, t. i, ii, ni, passim ; H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. I, p. 18-07.

H. Beylard.

RICHER Edmond (1559-1631), naquit à Chesley, village situé près de Chaours, au diocèse de Langres, le 15 septembre 1599. Il était domestique au Collège du cardinal Lemoine, lorsqu’il commença ses études avec beaucoup de succès. Bientôt il enseigna la philosophie, puis la théologie ; il fut docteur, en 1592 probable-