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    1. RICHARD DE SAI NTVICT OR##


RICHARD DE SAI NTVICT OR. ŒUVRES

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II. Écrits.

Classification. — Les écrits de Richard étaient très recherchés déjà de son vivant. La notice de Jean de Toulouse nous apprend qu’un prieur de l’ordre de Cîteaux, nommé Guillaume, lui avait emprunté plusieurs de ses opuscules et que Jean, le sousprieur de Clairvaux, lui avait demandé de composer pour lui une prière au Saint-Esprit. Nous verrons encore que plusieurs des ouvrages de Richard ont été composés à la demande de ses amis. Les éditeurs de Richard ont classé ses écrits en trois groupes : le premier contient les écrits exégétiques ; le deuxième, les écrits théologiques ; le troisième, les mélanges. Kulesza a contesté l’exactitude et la terminologie de cette classification. Il propose de ranger les écrits de notre Victorin en trois groupes : le premier contenant « les ouvrages qui se rapportent à la vie intérieure », donc qui traitent d’ascétique et de mystique ; dans le second, il fait entrer « les écrits proprement théologiques », les opuscules plus ou moins exégétiques étant réservés pour le troisième. Tous ces écrits sont cités ici d’après l’édition reproduite dans P. L., t. cxcvi.

Premier groupe.

Seize écrits constituent le premier

groupe de la classification de Kulesza.

1. De præparatione animi ad contemplationem, liber dictus Benjamin minor (col. 1-G3) ; cet ouvrage est un traité de morale mystique : il y est expliqué comment l’âme doit se préparer à la contemplation par la répression des passions et l’acquisition des vertus. Le soustitre de Benjamin minor, sous lequel ce livre est souvent cité provient de ce qu’il débute par le texte du ps. lxvii, 28.

2. Le De gratia conteinplalionis, seu Benjamin major (col. C3-192) est un traité de la contemplation. C’est l’écrit de Richard qui a été le plus étudié et le plus cité jusqu’à aujourd’hui. L’auteur l’a intitulé Benjamin major parce que, selon le ꝟ. 28 du ps. lxvii cité plus haut, Benjamin est présenté par lui comme le fils de la contemplation, et parce qu’il est notablement plus long que le Benjamin minor, qui traite de la préparation à la contemplation.

3. Les Allegorise tabernaculi fœderis (col. 192-202) donnent un résumé du traité de la contemplation sous la forme d’une description allégorique de l’arche d’alliance.

4. Le Tractatus de gradibus caritalis (col. 1195-1207) a été composé par Richard à la prière d’un religieux de ses amis nommé Séverin. Il décrit en quatre chapitres les quatre qualités de l’amour contemplatif.

5. Le Tractatus de quatuor gradibus violentée carilatis (col. 1207-1224) décrit la prière contemplative. Kulesza en loue la profondeur et met en relief le tour vraiment poétique de la description.

6. In Canlica canlicorum explicatio (col. 405-524).

7. Myslicee adnolationes in psalinos (col. 265-402).

8. Expositio canlici Habacuc (col. 401-405) ; ces trois écrits exposent différents points de doctrine et de pratique mystique en prenant des textes scripturaires comme points de départ.

9. De exlerminalione mali et promolione boni (col. 1073-1116). Cet opuscule est un traité de morale mystique. Il expose comment on doit purifier son âme et indique les vertus nécessaires pour la persévérance dans le bien. Il insiste sur l’utilité de la contemplation pour la sanctification. Mais ce traité est revendiqué pour Richard de Saint-Laurent (ci-dessus, col. 2675).

10. De conditione interioris hominis (col. 1229-1365). Comme le titre l’indique, cet ouvrage est un traité de vie intérieure, basée sur l’explication tropologique du songe de Nabuchodonosor, relaté par le prophète Daniel. Dans un passage intéressant, l’auteur regrette que trop souvent les hommes d’étude, quand ils sont parvenus à une situation éminente, perdent tout goût pour les travaux solitaires de l’esprit, col. 1237.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

11. Le De missione Spiritus Sancti (col. 1018-1031) est un sermon pour le jour de la Pentecôte, sur le texte Spiritus Domini replevit orbem lerrarum, Sap., i, S.

12. Le De comparalione Christi ad florem et Marise ad virgam (col. 1031) est un très bref opuscule d’à peine une colonne, qui ne fait que répéter ce qui se dit communément sur ce sujet depuis saint Jérôme.

13. De sacrificio David prophetee (col. 1031-1042). Cet opuscule contient des considérations d’ordre ascétique et mystique proposées par l’auteur à l’occasion du sacrifice de David, dont parle le ps. lxx et qu’il compare à celui d’Abraham.

14. De difjerenlia sacrificii Abrahee a sacrificio bealee Mariée virginis (col. 1043-1058). Ce traité donne des réflexions mystiques et ascétiques, en comparant le sacrifice d’Abraham à celui que Marie olïrit le jour de sa purification.

15. Le Tractatus de medilandis plagis quee circa mundi finem evenient (col. 201-212), n’est, comme le titre l’indique, qu’une méditation sur les tribulations qui doivent précéder la fin du monde.

16. De gemino paschate (col. 1059-1074) se compose de deux sermons, l’un pour le dimanche des Rameaux, l’autre pour la fête de Pâques.

2° Deuxième groupe. — Le deuxième groupe, qui est celui des écrits proprement théologiques comprend, selon la classification de Kulesza, dix traités.

1. Le De Trinilate (col. 887-992) donne, en six livres, la démonstration spéculative de l’unité de la nature divine et de la trinité des personnes. Ce traité est le seul des écrits importants de Richard qui soit d’ordre exclusivement spéculatif. Il est aussi le seul des écrits théologiques qui soit vraiment original, et qui fasse connaître la doctrine théologique particulière à son auteur. Vincent de Beauvais voyait en lui le plus important des ouvrages de Richard. Cf. Spéculum historiée, t. XXVIII, C. i.viii. Aussi en donnerons-nous plus loin une analyse détaillée.

2. Le De tribus appropriatis personis in Trinitate (col. 992-994) explique très brièvement pour quelles raisons, dans la Trinité l’unité et la puissance sont attribuées au Père, l’égalité et la sagesse au Fils, la concorde entre les deux premières personnes et la bonté au Saint-Esprit. Cet opuscule est adressé à un certain Bernard, qui avait consulté Richard sur cette matière. Il nous semble fort douteux que ce personnage soit le célèbre abbé de Clairvaux. Vincent de Beauvais semble ranger cet opuscule comme septième livre dans le traité De Trinilate.

3. Le Liber de Verbo incarnalo (col. 995-1010) est dédié à un certain Bernard, qui ne paraît pas devoir être identifié avec l’abbé de Clairvaux. Richard y expose que seule une personne qui est en même temps Dieu et homme est capable de donner à Dieu la satisfaction qu’il est en droit d’exiger pour le péché, et que cette personne ne saurait être que la seconde de la sainte Trinité, le Fils de Dieu. Bien que Richard se flatte d’avoir démontré a que la claire raison prouve que la cause de l’homme exigeait spécialement la personne du Fils pour son expiation », col. 1004, le traité De Verbo incarnalo ne saurait être rangé parmi les écrits purement spéculatifs, son auteur ayant lié son argumentation à l’exégèse du verset d’Isaïe : Custos quid de nocte ? (xxi, 11) et l’ayant fâcheusement encombré de réflexions parénétiques. Du reste, l’idée de la nécessité de l’incarnation n’est pas particulière au prieur de Saint-Victor.

4. Le très bref opuscule intitulé Quomodo Spiritus Sanctus est amor Palris et Filii (col. 1011) explique en quel sens le Père aime le Fils par le Saint-Esprit et le Fils aime le Père par le même Esprit.

5. De supcrexcellenli baplismo Christi (col. 10111016). Cet opuscule, dédié à un parent de l’auteur, con T. — XIII. — 85.